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Les amoureux
Du 6 novembre au 4 décembre 2019
Dates publiques : du 7 au 30 novembre 2019, du jeudi au samedi
(représentations de 20h, samedi 16h)

Fabrizio, bourgeois naïf et ridicule, ruiné par sa passion pour la peinture, vit avec ses deux nièces, Flamminia, jeune veuve non éplorée, et Eugenia, fiancée à Fulgenzio. Ces deux jeunes amoureux, que pourtant rien ne sépare, multiplient les éclats, font valser ruptures et réconciliations. Famille, amis, tous y vont de leurs conseils ou de leur analyse, mais se retrouvent toujours spectateurs impuissants face à leurs différends de plus en plus dramatiques. Seul le serviteur de la maison, Succianespole, ne leur prête aucune attention. Mais a-t-il seulement le temps de s’en préoccuper ? Fabrizio, mégalomane, l’oblige à préparer un banquet en l’honneur de son nouvel ami, le ténébreux comte Roberto. Qui lui a un oeil sur Eugenia. Rien, non rien pour apaiser la relation des jeunes fiancés.

Soupçons, jalousie, précarité financière sont les armes de cette comédie où le ridicule ne dissout jamais la plombée des vrais sentiments.

Catherine Vidal (Le grand cahier, Le miel est plus doux que le sang, L’idiot) dissèque, sous la traduction précise de Huguette Hatem, ces Amoureux du périlleux Carlo Goldoni (1707-1793), dans une maison où l’on savoure en secret les disputes.


De Carlo Goldoni
Traduction Huguette Hatem
Mise en scène Catherine Vidal
Avec Simon Beaulé-Bulman, Éric Bernier, Isabeau Blanche, Sofia Blondin, Catherine Chabot, Vincent Côté, Maxime Genois, Gabriel Lemire, Anglesh Major et Olivia Palacci


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène et régie Alexandra Sutto
Dramaturg Marie-Ève Lussier
Scénographie Geneviève Lizotte
Costumes Elen Ewing
Éclairages Alexandre Pilon-Guay
Conception sonore Francis Rossignol
Coiffures et maquillages Justine Denoncourt
Accessoires Étienne René-Contant

Durée à venir

Rencontre avec les artistes après la représentation - 16 novembre

 

Régulier

*60 ans et +

*30 ans et -

**MHM

44,00 $

32,00 $

​30,00 $

29,00 $

​36,00 $

32,00 $

30,00 $

26,00 $

* Pièce d'identité requise
** Pour les résidents de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve. Preuve de résidence requise.

Forfait Premier Regard

Ce forfait 2 pour 1, au tarif exceptionnel de 36 $ pour deux billets d’un même spectacle présenté en soirée à la Salle Fred-Barry, est disponible du mercredi au samedi de la première semaine de représentations.
Une économie de 50 % sur le prix régulier à la carte.

Billets ni transférables ni remboursables. Le Scriptarium 2019 exclu.

NOUVEAU - SORTIE ADULTE-ADO À LA SALLE FRED-BARRY
Pour une sortie en famille, certaines soirées sont réservées au même tarif que le forfait Premier Regard, soit 36 $ pour 2 billets.
Le poids des fourmis 29 et 30 novembre, 6 et 7 décembre.
Guide d’éducation sexuelle pour le nouveau millénaire 28 et 29 février, 6 et 7 mars.
Le Scriptarium 2020 30 avril, 1er mai, 7 et 8 mai.

Une production Théâtre Denise-Pelletier


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Critique disponible
            
Critique

Depuis sa mise en scène remarquée du Grand Cahier, d’après le roman initiatique d’Agota Kristof, Catherine Vidal a surtout plongé dans des univers sombres, cruels et sans issus. Celle-ci s’est illustrée avec, entre autres, Des couteaux dans les poules de David Harrower, Avant la retraite de Thomas Bernhard et une adaptation de L’Idiot de Fiodor Dostoïevski. Pour sa deuxième présence au Théâtre Denise-Pelletier, elle s’attaque à l’un des modernisateurs de la comédie italienne : Carlo Goldoni (1707-1793). Malgré des choix plus discutables, sa relecture des Amoureux compte bien des atouts pour séduire son public cible.








Crédit photos : Gunther Gamper

L’actuel directeur artistique du TPD Claude Poissant veut poursuivre la mission de ses prédécesseurs, tout en cherchant à dépoussiérer les classiques. Dans l’escalier menant à la salle, nous voyons des photographies de précédentes productions du répertoire goldonien présentées au même endroit (dont une Locandiera avec Andrée Lachapelle dans le rôle principal et un Il Campiello monté par Serge Denoncourt). La vie de l’auteur italien a même connu une transposition scénique peu concluante en 2014 avec Commedia de Pierre-Yves Lemieux.      

Écrit en 1759, le texte ne constitue pas l’un des plus connues du dramaturge (soit La Locandiera), tout en ne possédant pas la même virtuosité stylistique qu’Arlequin, valet des deux maîtres. Durant une heure et quarante-cinq minutes, la pièce se concentre principalement sur la passion entre Eugenia (Catherine Chabot) et son fiancé Fulgenzio (Maxime Genois). Tout semble au beau fixe, mais les tourtereaux multiplient coups d’éclat et esclandres. L’oncle de la première, Fabrizio (Éric Bernier), bourgeois extraverti ruiné par sa passion pour la peinture, exige la préparation d’un banquet en l’honneur de son ami qui a le béguin pour sa nièce, le raffiné comte Roberto (Gabriel Lemire). Autour d’elle et d’eux gravitent des créatures aussi farfelues les unes que les autres.  

Avec ces Amoureux, l’incursion de Catherine Vidal dans le genre comique laisse présager d’autres aventures alléchantes.

Celles et ceux qui ont vu la précédente réalisation de la metteure en scène à Denise-Pelletier, Le Miel est plus doux que le sang de Simone Chartrand et Philippe Soledevila, reconnaîtront son désir de décloisonner les conventions et le réalisme historique (comme en témoignait son brillant Idiot au TNM). Ici, les références au 18e siècle sont mêlées d’autres plus contemporaines, autant dans les choix musicaux, les costumes que la langue des interprètes (dont les voix projettent, à une ou deux exceptions). Nous retrouvons un traitement visuel des plus éclatants comme dans sa lecture du Cœur en hiver d’Étienne Lepage (l’une de ses meilleures, pour le jeune public). Si Serge Denoncourt avait exploré le monde de Goldoni avec beaucoup de truculence dans Il Campiello et Carl Béchard en exposait toute l’exubérance dans des cadres plus traditionnels (L’Imprésario de Smyrne), Vidal ne craint pas de prendre des libertés avec la matière dramatique.

Alors que le rideau se lève, le serviteur Succianespole (Vincent Côté) surgit avec un micro dans les mains (décision artistique qui laisse songeur). Une œuvre bien exécutée de Jean-Sébastien Bach se transforme rapidement en une ambiance sonore électro-lounge actuelle. Le couple en vedette trône au centre du plateau comme dans un film romantique du milieu du 20e siècle. La scénographie imposante de Geneviève Lizotte illustre bien ces superpositions insolites par sa structure grise dans laquelle est découpé un immense cœur, cœur qui se retrouve au centre de l’aire de jeu où les protagonistes se cajoleront, se lanceront des piques et se chamailleront allègrement. Les somptueux éclairages d’Alexandre Pilon-Guay se déclinent en diverses couleurs, accentuant ainsi les contrastes de cette production où l’affection sincère n’empêche pas des épanchements volontairement caricaturaux. Certains dialogues rappellent même des répliques de personnages d’adolescents dans des séries comme Watatatow. Nous retrouvons parmi les costumes d’Elen Ewing une multitude d’influences, allant de la Lisette d’Olivia Palacci (vêtue d'un coton ouaté rose) à Fabrizio dont la tenue chic s’intégrerait sans difficulté à la cour de Louis XIV  

Lors de la représentation scolaire de mercredi dernier, l’auditoire composé principalement de milléniaux a beaucoup manifesté son enthousiasme. Les moments de folie ne manquent pas en effet, comme les bagarres ou les mouvements chorégraphiques spectaculaires (on se croirait presque, à un moment précis, devant une séquence de l’émission Révolution sur les ondes de TVA). Même l’inimitable Fabrizio se déhanche sur du Lady Gaga! Si cette surenchère éveille les sens et garde captif son auditoire, elle tombe parfois dans la facilité à cause de l’accumulation de ses effets distrayants. Après autant de saturation, la dernière demi-heure parait plus longue.

L’interprétation apporte beaucoup de vigueur à cette proposition théâtrale. L’héroïne incarnée par Catherine Chabot se démarque par son caractère intrépide et son sens de la répartie. Celle-ci ne craint pas de s’affirmer et de ridiculiser les approches gauches de ses prétendants. Simon Beaulé-Bulman, Anglesh Major (une découverte prometteuse) et Olivia Palacci insufflent une intensité, une sensibilité tangible à leurs prestations. Quelques-uns de leurs partenaires frôlent à l’occasion la caricature, mais ces excès ne portent pas ombrage à l’ensemble.

Avec ces Amoureux, l’incursion de Catherine Vidal dans le genre comique laisse présager d’autres aventures alléchantes.

14-11-2019

Théâtre Denise-Pelletier
4353, rue Sainte-Catherine Est
Billetterie : 514-253-8974

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