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Du 19 mars au 14 avril 2013
DanceDance Me to the End on/off Love
Danse/Dance
Directed By Palle Grandhøj
Starring Palle Granhøj, Dorte Petersen, Anne Eisensee, Robert Karlsson, Thierry Boisdon, Kim Schulz, Kristian Skov, Niels Boelsmand, Palle Klok, Mads Pinholt

A spellbinding performance steeped in the seductive and evocative music of songwriting legend Leonard Cohen. An international sensation! Combining theatre, dance, visual arts and live music, this ground-breaking work explores the architecture of the body and abandons itself to the irresistible sensuality, longing and melancholy that define the lyrics and music of Dance Me to the End of Love and other songs by Leonard Cohen. Created by the world renowned Granhøj Dans company in Aarhus, Denmark, the production has been lauded by international critics for its brilliant imagination and broad appeal. Founded by Artistic Director and Choreographer Palle Granhøj, the thirteen member company has toured extensively around the world.

Music and Lyrics Leonard Cohen

A creation by Palle Grandhøj, in close cooperation with the performers and visual designer Per Victor
Coproducer: Kupio International Dance Festival, Findland


Centaur Theatre
453, St-François-Xavier
Box office : 514-845-9810

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 Critique
Critique

par Véronique Voyer

Dance me to the end on/off love, spectacle hommage à Leonard Cohen, est d’abord une ode à l’amour, car le sentiment transperce presque toutes les chansons du Montréalais. Puis, c’est aussi un immense jeu qui tourne autour des mots. En anglais, Dance me to the end on/off love offre une perspective organique et théâtrale d’un chef œuvre musical qui s’est glissé dans les oreilles danoises des membres de la troupe Granhøj Dans.

L’éclairage de ce spectacle nous réconforte comme le feu d’un foyer l’hiver. Il y a des chandelles sur scène, mais ces quelques bougies n’auraient pas suffi, les projecteurs renforçant l’effet de manière admirable. L’éclairage donne ainsi le ton ; c’est un spectacle aussi chaleureux que le timbre vocal de Cohen, sans oublier l’humour et l’audace qui pimentent les chansons.

L’ombre et la lumière interagissent sur scène sur le plan scénographique. Entre deux noirs, on suit l’action en suivant les lieux lumineux, d’un bout à l’autre de la scène, comme les fans de tennis devant un match, mais beaucoup plus lentement.

Puis la lumière s’éteint pour l’une des chansons les plus célèbres de Cohen : Hallelujah. Dans le noir absolu, on a l’impression d’être derrière nos propres paupières alors que la chanson est jouée live.Les harmonies vocales dévoilent les nombreux artistes qui chantent sur scène et les musiciens qui vont et viennent dans un crescendo, jusqu’à ce que l’impact de l’unisson soit assourdissant. Ce tour de force nait dans un moment de confiance absolu, car le tout se déroule, je le rappelle, dans le noir. Personnellement, j’avoue candidement que j’ai peur du noir… Et là, aucune crainte ne m’a assaillie, miracle.

L’action se déplace aussi à travers la lumière d’un rétroprojecteur qui affiche les paroles d’une chanson sur un écran. Un danseur rature les mots chantés par deux drôles de dames. Ainsi, la poésie de Cohen se transforme en blague sous l’habile crayon du danseur principal qui change un mot ici et là pendant que la phrase perd tout son sens pour en offrir un autre, plutôt ironique. À préciser que ce danseur ne fait pas qu’écrire, il interprète merveilleusement bien la musique avec son corps. Entre jazz et claquettes, cette grande feuille qui abrite les mots de la chanson se transforme en tapis sous ses pieds et il la plie avec ses orteils, en dansant; il faut le voir pour le croire.

Le décor est simple, mais les éléments choisis sont exploités au maximum. Ainsi, une dizaine de crânes va et vient au fil des chansons. Posés bout à bout de manière précipitée, les crânes se transforment en corde raide où une chanteuse déambule, tranquillement, un pied à la fois, les bras chargés alors qu’elle chante une chanson de Cohen. Évidemment, les fans finis de l’artiste seront éblouis par la richesse des détails et des clins d’œil offerts à l’œuvre de Leonard Cohen, ce qui n’empêche pas les néophytes d’apprécier l’ensemble et d’y reconnaitre une perle ici et là.

Les crânes sont aussi utilisés de manière sculpturale ; ils forment une pyramide en étant empilés par un danseur qui utilise le corps d’une chanteuse comme fondement. La tête de la chanteuse fait office de crâne dans cette sculpture vivante, tout comme celle du danseur, puis tout s’effondre lorsque la chanson se termine.

L’usage de l’anglais et même de l’espagnol est exploré comme canevas de cette œuvre tout comme le dos nu d’une chanteuse où les mots et les dessins se rencontrent sur une trame musicale. Cette nudité revient de façon ponctuelle tout au long du spectacle sans que le sexe ou les seins soient dévoilés, le jeu de lumière et la mise en scène offrant à voir juste assez de peau pour ne pas tomber dans le vulgaire.

Autre tableau, qui peut se lire comme une critique de la femme-objet : un homme nu tente de retenir une femme tout habillée. Cette danse se transforme en combat où l’intensité d’une chanson est encore une fois renforcée par le geste. Dance me to the end of love s’offre sur un trio de danseurs qui répète le refrain d’une chorégraphie en canon, comme des enfants qui chantent Frère Jacques avec une phrase de délai entre chacun d’eux, dans un drôle de chaos. Ce spectacle est un drôle de chaos, un chaos réconfortant.

Danse/théâtre/musique/art visuel… Dance me to the end on/off love est une œuvre avant-gardiste qui donne le goût de déménager au Danemark pour voir toutes les productions de la troupe.

24-03-2013