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Du 15 avril au 4 mai 2014, les mardis 19h, mercredi au samedi 20h, dimanches 27 avril et 4 mai à 15 h
Alfred
Idée originale Alexia Bürger
Idée originale, texte et interprétation Emmanuel Schwartz

Alfred interroge ce qu’il advient si nous refusons de nous soumettre au cours normal de l’existence. Un acteur tarde à se soumettre à cette inévitable rencontre avec l’âme d’Alfred McMoore, qui ne sortait jamais de chez lui sans porter cinq manteaux les uns par-dessus les autres. McMoore entretenait aussi une curieuse obsession en laissant des messages troublants sur les répondeurs des gens de la ville d’Akron, en Ohio, tout en se rendant chaque semaine aux enterrements de gens qu’il ne connaissait pas pour pleurer leur mort à grandes larmes. Ce pleureur « professionnel » a inspiré notre artiste en résidence et son complice…


Section vidéo


Assistance à la mise en scène Alexandra Sutto
Scénographie Simon Guilbault
Costumes Linda Brunelle
Musique originale Nicolas Basque
Régie Jean Gaudreau

Rencontre avec l’équipe
à l’issue de la représentation du 23 avril

Une création du Théâtre d’Aujourd’hui


Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Crédit photo : Valérie Remise

Akron, Ohio. Un gardien de zoo venant tout juste de perdre son emploi décide délibérément d’ouvrir les cages de tous les animaux. Ceux-ci, maintenant libérés, se dirigent vers la ville et instaurent un climat de panique chez l’ensemble de la population.

Emmanuel Schwartz, à la fois auteur et interprète du spectacle, nous offre un récit où la sensibilité de l’homme est centrale. Il prend la peau d’une multitude de personnages qui, tour à tour, font la rencontre d’un animal en particulier qui changera leur façon de percevoir leur existence. L’artiste en résidence au Théâtre d’Aujourd’hui fait appel, pour la mise en scène, à Alexia Berger, qui a notamment assisté Olivier Choinière dans ses créations.

Ce solo est une occasion unique et exceptionnelle pour Schwartz de nous montrer l’ampleur de son talent. Chaque personnage est empreint d’une solitude et d’un malaise social, tel le résultat d’une Amérique décevant sa population. Même si certains personnages sont moins développés, intéressants ou pertinents, l’acteur livre une performance mémorable qui vaut à elle seule le détour. Son interprétation se mêle à une recherche de la bestialité dans le corps et permet au propos de la pièce, qui est plus grand que nature, de se déployer au maximum.

La pièce n’est pourtant pas sans défauts. Si le tout démarre à vitesse grand V, la conclusion est un peu plus boiteuse. Certains personnages posent des actes qui nous semblent soudainement contradictoires à leur comportement et certains raccourcis sont parfois pris, bien que la pièce soit affectée également de quelques longueurs. La scénographie, une structure montée et ornée de tissus, est mystérieuse et difficile à déchiffrer. Malgré une intelligence flagrante et une vision particulière de notre monde d’aujourd’hui, le texte, quant à lui, nous offre de grandes envolées plus poétiques par moments, ou encore certains extraits plus crus et expéditifs, mais souffre aussi d’inégalités, que ce soit au coeur du récit ou dans l’efficacité de la parole.

La solitude des hommes s’oppose ici à la grandeur de la nature, dans un récit ludique et légèrement spirituel. L’interprétation de Schwartz est impressionnante, mais il nous montre aussi son talent de créateur qui ne doit pas être sous-estimé.

29-04-2014