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Du 10 au 28 janvier 2012
L'anatomie du chienL'Anatomie du chien
Texte Pier-Luc Lasalle
Mise en scène Charles Dauphinais
Avec Sébastien Dodge, Sharon Ibgui, Agathe Lanctôt, Emmanuel Reichenbach, Simon Rousseau

Une soirée entre amis est bouleversée par l’arrivée d’un invité, venu accompagné d’un chien. Alors que certains se réjouissent de la présence inattendue de cet animal, d’autres sont choqués d’être confrontés à une bête aux allures plutôt particulières… Autour du chien s’articule une dynamique étonnante où les perceptions de chacun seront remises en doute. Que refuse-t-on de voir? Jusqu’où doit-on être tolérants? Personne ne sortira indemne de cette soirée qui s’annonçait pourtant sans histoire…


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Assistance à la mise en scène et régie Audrey Lamontagne
Décors Loïc Lacroix Hoy
Éclairages Mathieu Marcil

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 10 au 14 janvier 2012
Régulier : 26$
Carte premières : 13$

une création Théâtre Sans Domicile Fixe,
en résidence à la salle Jean-Claude-Germain


Salle Jean-Claude Germain du Théâtre d'Aujourd'hui
3900, rue Saint-Denis
Billetterie : 514-282-3900

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 Critique
Critique
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par Daphné Bathalon


Crédit photo : Laurence Dauphinais

Toute l’histoire débute par une simple invitation à partager un bon repas entre amis. Intérieur bourgeois, tapis en vraie laine dont on prend soin comme de la prunelle de ses yeux. Deux couples peu fonctionnels, un homme en peine d’amour et sa chienne : des amis d’apparence, que l’on reçoit par obligation. Personne n’a vraiment envie d’être là ni de se montrer amical ou attentif aux problèmes d’autrui.

Création du Théâtre sans domicile fixe, maintenant en résidence pour deux ans au Théâtre d’Aujourd’hui, L’anatomie du chien propose quelques idées intéressantes : la scénographie simple de Loïc Lacroix Hoy sert efficacement le texte de Pier-Luc Lasalle en offrant quatre espaces de jeu distincts : le salon, la salle à manger, la cuisine et le seuil de la porte. À la mise en scène, Charles Dauphinais a su se servir de tous les espaces pour isoler les personnages et les mettre en lumière lors de leurs moments de réflexion ou de doute. Les quatre interprètes s’en tirent plutôt bien, quoique par instant le personnage d’Anne-Sophie (Agathe Lanctôt) verse dans la caricature de la femme castratrice. Sharon Ibgui, pour sa part, s’empare de l’attention du public sitôt entrée en scène. Sa Julie, une fille déprimée, excessive et quelquefois totalement décalée, se tortille et se répand tour à tour, suscitant les rires des spectateurs, pas toujours aux moments opportuns.

De fait, quelques éléments achoppent dans cette production. Il s’agit parfois de détails, comme ce tapis si précieux qu’on dit contourner au quotidien pour en éviter l’usure, mais qu’on foule au pied sans trop de gêne pendant toute la pièce. Cependant, il s’agit surtout d’un problème d’intensité de jeu et de mise en scène. Ce drame psychologique, qui porte sur la rupture amoureuse, ses tenants et aboutissants, manque singulièrement de tonus. On ne ressent pas les relations complexes entre les personnages et on ne comprend pas les liens d’amitié et les raisons qui les poussent à passer une soirée ensemble. Les relations à l’intérieur des couples et entre amis semblent tendues, voire carrément malsaines. Il manque, pour qu’on y croie, une tension palpable sur scène, une inquiétude qui suinterait des échanges entre les protagonistes, en contradiction flagrante avec le petit intérieur propret que l’on a sous les yeux.

Et puis il y a la question du chien, bien sûr, un chien dont on doute de la véritable nature – est-ce vraiment un chien ou plutôt l’ex-copine? –, une incertitude troublante qui devrait être au cœur de la pièce, peser comme une chape de plomb sur les personnages et influencer leur façon d’interagir. Il manque cette intensité dans les échanges, cette angoisse sous-jacente et la menace d’un renversement de pouvoir entre les personnages, renversement que l’on voit trop brièvement en début de pièce lorsque le désir de l’homme lui fait gagner en autorité, et trop peu à la fin. À plusieurs reprises pendant la représentation, l’éclairage change, une musique se fait entendre et l’accent est mis sur un personnage en particulier tandis que les autres ralentissent, s’immobilisent. Le choix d’intercaler les scènes de ces séquences hors du temps est intéressant, mais leur multiplication en affaiblit la portée.

La proposition du Théâtre SDF ne parvient pas totalement à tirer les ficelles de ce drame ni à transmettre au public l’angoisse qu’une telle histoire devrait faire ressentir. Il y a cependant de bons éléments qui nous réconcilient avec la production et permettent de passer un agréable moment à observer les mécaniques du pouvoir entre individus et le peu de sensibilité dont ils font souvent preuve.
14-01-2012