La Guerre des tuquesAvec Marc Auger Gosselin, Guillaume Boisbriand, Joëlle Bourdon, Simon Lepage, Danielle LeSaux-Farmer, Jean-René Moisan, Maxime Perron, Lucien Ratio et Sophie Thibeault
En plein hiver, alors que l’humanité est dévorée par une crise économique et sociale, un groupe d’adultes décide de faire la guerre, sans vraiment de raison, comme ça… pour se désennuyer. Les clans s’organisent alors, sous le commandement de Luc et de Pierre. Les lois s’écrivent, un fort se construit et les batailles se succèdent, jusqu’à ce qu’un malheur les oblige à mettre fin à leur « passe-temps ».
Célèbre Conte pour tous ayant marqué l’imaginaire de plusieurs enfants (et de parents!), La Guerre des tuques, la pièce du TSZ ne s’adresse pas tout à fait au même public qu’autrefois. En effet, l’adaptation de l’auteur et metteur en scène Fabien Cloutier, bien que touchante et comique, se veut un peu plus décapante, ce qui en fait un « conte PAS pour tous ». La trame, qui est universelle, reste la même : deux bandes qui s’affrontent et un amour impossible entre deux membres de clans ennemis. Et cette fois, c’est la chienne Cléo – mythique personnage – qui nous raconte l’histoire… Neuf comédiens, équipés de micro, jouent à l’extérieur, dans la neige… et le froid. Les spectateurs, quant à eux, sont bien au chaud à l’intérieur et regarderont la pièce par une large fenestration.
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Assistance à la mise en scène : Geneviève Thibault
Décor : Christian Fontaine
Costume : Dominique Giguère
Éclairage : Bernard White
Musique : Stéphane Caron
Régulier 35$
Étudiants 20$
Amis du musée 28$
La pièce a été éditée à l’instant même à l’hiver 2013.
Une production Théâtre Sous Zéro
Musée des beaux-arts du Québec
Parc des Champs-de-Batailles
Renseignements : 418-643-2150 ou 1-866-220-2150
Dates antérieures (entre autres)
Du 7 février au 3 mars 2013
par David Lefebvre
Crédit photo : site TSZ
Attachez votre tuque, c’est la guerre! Dans un Québec futuriste (comme en fait foi le bulletin de nouvelles, en début de parcours, qui annonce le 89e Carnaval de Québec) aux prises, comme le monde entier, à une crise économique et sociale sans précédent, à des tsunamis en Gaspésie et à des intégristes qui règnent sur le royaume du Saguenay, de jeunes adultes décident de se déclarer la guerre. Toutes les raisons sont bonnes pour le faire : par ennui, par provocation, par plaisir, pour l’honneur. Fort, boules de neige, on met tout en œuvre pour protéger ou accaparer le fameux butin. Mais rien ne se passera comme prévu.
Le Théâtre Sous Zéro (Conte d'hiver, Agaguk), qui a pour mandat de créer des spectacles à l’extérieur, en hiver, présente pour une deuxième année au Musée national des beaux-arts du Québec l’adaptation libre du film culte La guerre des tuques, de Roger Cantin et de Danyèle Patenaude. L’écriture et la mise en scène (très physique) sont de Fabien Cloutier ; on reconnaît aisément sa signature dans le jeu des personnages, un peu décalé et grossi, mais sans atteindre la caricature, et la langue dure et crue, voire décapante, qui a fait sa renommée, dans, entre autres, Scotstown et Cranbourne. Ce conte, qui n'est vraiment plus pour tous, transpose autant l’émerveillement (« le fort sera plus haut que les arbres! ») que la cruauté vive et sans censure des enfants dans un monde d’adultes qui n’ont jamais réellement vieilli. On retrouve ainsi avec quelques frissons ces personnages qui nous ont marqués : Chabot (Marc Auger Gosselin), Ti-Jacques (Jean-René Moisan) et Luc « le bosse des bécosses » (Lucien Ratio) versus la nouvelle voisine cute Sophie (Danielle LeSaux-Farmer), François « les lunettes » (Joëlle Bourdon) et Pierre (Guillaume Boisbriand), maintenant père de famille. N’oublions pas le petit (maintenant grand) frère de François (Simon Lepage), atteint d’un handicap mental, mais d’une force herculéenne, et le pacifique Ti-Guy La Lune (Maxime Perron), à la voix caverneuse, devenu une sorte de shaman illuminé qui parle à la neige et aux objets. Coup de génie de Cloutier, le tout est narré par la chienne Cléo (Sophie Thibeault), qui aimerait tant que Pierre prenne plus soin d’elle, que la guerre n’ait pas lieu, et qui ultimement se sacrifiera – une vision réellement intéressante du personnage d’origine – pour que tout s’arrête.
Crédit photo : site TSZ
Si plusieurs citations du film se retrouvent avec délectation au cœur des dialogues des personnages, on ne peut s’empêcher de rire des pointes d’humour, des extrapolations (la scène de la neige sur l’épaule et de la mitaine trouée prend un tout autre sens, chez des adultes, et on ne s’en prive pas) et des différentes déclinaisons de la phrase culte « la guerre, la guerre… » sans qu’elle ne soit jamais dite intégralement. La musique de Stéphane Caron, flirtant parfois dans le domaine tarantinesque, alimente bien la trame narrative de la pièce. Le seul bémol provient du mur vitré qui sépare les acteurs, à l’extérieur, et les gens, assis dans l'auditorium du musée : les châssis noires et larges qui joignent les vitres entre elles viennent parfois cacher l’action ou le corps de certains acteurs qui s’adressent au public. Un endroit avec une réelle baie vitrée aurait été plus intéressant, mais ce n’est qu’un très léger détail qui ne mine pas la représentation.
Expérience ludique extrêmement divertissante, cette version de La guerre des tuques fait autant rire que réfléchir sur la violence inouïe de l’enfance et de l’adulte, sur ces plaisirs simples qui ont meublé les jours (ou les nuits) de notre jeunesse et qui se perdent avec le temps et sur le mal-être et la tristesse qui plombent la vie de certaines personnes, passé la vingtaine. Allez vous « réchauffer le nostalgique », comme le dit si bien Cléo ; si on se permet de rire un peu de cette tendance de la génération des 30-45 ans à s’émouvoir du passé, reste que parfois, ça fait un bien fou.
Petite note, la compagnie est en campagne de financement au http://haricot.ca/project/theatre-sous-zero pour leurs prochains projets.