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À l'affiche
Du 25 février au 14 mars 2020, mardi au samedi 20h

Dans une salle de cinéma en piteux état, une des dernières à posséder encore un projecteur de films en 35 mm, trois jeunes employés souspayés s’affairent à nettoyer la place. Au milieu des allées jonchées de déchets et de popcorn, Sam, Avery et Rose apprennent à se connaître en échangeant un small-talk, de manière décousue et par à-coups : ils ont besoin de parler de leur amour des films pour arriver à parler d’eux-mêmes.

Dans un ton hyperréaliste, par un jeu de silences évocateurs, les personnages de cette comédie du quotidien vivent en temps réel leurs petites batailles et leurs pas-si-petits chagrins, qui deviennent plus poignants que les histoires romancées des films à l’affiche.

Au moment où le cinéma prend un virage numérique, la pièce investigue sur les conséquences de cette transition technologique. C’est un cri du coeur pour la valorisation de l’authenticité dans notre culture du déficit de l’attention où l’hyperrapide est maître.

Après plus d’une soixantaine de productions aux États-Unis et au Canada anglais, The Flick (À l’affiche) arrive pour la première fois sur nos planches, dans une traduction en français de chez nous. Parmi ses nombreuses distinctions, la pièce a été couronnée, en 2013, par le prix Obie en écriture dramatique et le prestigieux prix Pulitzer en théâtre en 2014.


Texte Annie Baker
Traduction et mise en scène Angélique Patterson
Avec Patrick-Émmanuel Abellard, Catherine Côté, Jean-Philippe Côté, Charles Fournier


Crédits supplémentaires et autres informations

Conseillère à la traduction Joëlle Bond
Assistance à la mise en scène Vincent Kearney-Deschênes
Mentorat Philippe Savard
Conception Mathieu C. Bernard, Maude Groleau, Vincent Kearney-Deschênes, Mélanie Robinson

Durée : à déterminer

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production Collectif rêver en couleurs


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Critique disponible
            
Critique

Récipiendaire du prix Pulitzer de l’œuvre théâtrale en 2014, À l’affiche (version française de The Flick) s’inscrit dans la continuité des œuvres précédentes de l’auteure américaine Annie Baker (qui n’a pas encore 40 ans en cette année 2020) en mettant en scène des êtres d’une banale normalité aux prises avec des problèmes du quotidien.






Crédit photos : David Mendoza Hélaine

Avery, jeune homme timide souffrant d’anxiété, mais surtout fanatique de cinéma, croit fermement qu’il ne s’est rien tourné de mieux aux États-Unis depuis Pulp Fiction sorti en 1994. Il se fait engager dans un petit cinéma de quartier en piteux état pour une raison bien précise : c’est que le lieu est l’un des derniers à projeter des films en 35 mm, une manne pour un cinéphile comme lui. Il sera l’apprenti de Sam, trentenaire paumé, sans réelle éducation collégiale ou universitaire, et de Rose, intense projectionniste endettée financièrement et émotionnellement.

À travers plusieurs saynètes se déroulant dans une salle de cinéma (qui pourrait être celle sur Cartier, à quelques pas de Premier Acte ; chapeau à Maude Groleau au décor hyperréaliste), cette comédie aborde les nombreuses difficultés que les humains peuvent éprouver lorsqu’ils tentent de connecter entre eux. Entre les échanges anodins et les signaux mal interprétés, un certain inconfort social se ressent. À l’affiche pose un regard sans jugement, presque tendre, sur trois individus diamétralement opposés qui vivent dans une certaine pénombre, nettoyant entre deux films épiques la salle des (très nombreux) déchets laissés par les spectateurs qui ne font que passer – parce que du popcorn, des sacs et autres objets inusités, ils en ramasseront une tonne durant la représentation! Trois personnes, donc, qui tentent de trouver un certain intérêt, une exaltation, aussi ténue soit-elle, à leur vie respective.
Expérience presque anti-théâtrale, À l’affiche crée une certaine fascination presque hypnotique, dont la durée, la dramaturgie et le jeu des comédiens favorisent une étrange intimité fêlée entre les protagonistes et les spectateurs.

Sans réelle courbe dramatique exceptionnelle, sans élément déclencheur aboutissant à une finale surprenante, À l’affiche demande de la patience, voire de s’accrocher pour réellement apprécier l’expérience. Depuis sa création en 2013, la pièce cause un certain émoi dû à sa durée, soit près de trois heures en plus d’un entracte. Mais cette longueur (voire langueur), qui pourrait en rebuter plus d’un, devient ici un réel outil scénaristique qui renforce ce sentiment de latence, de vacuité, de vide qui se ressent non seulement dans la vie des personnages, mais entre eux. Des silences et des moments flottants qui rappellent ceux du théâtre d’Harold Pinter, trop peu souvent monté à Québec.

La metteure en scène Angélique Patterson réussit, grâce à sa traduction très québécoise, à s’approprier le texte sans le dénaturer – l’action se déroule dans le très exotique état du Massachussetts. Si sa direction d’acteurs avait pu davantage profiter des nombreux ressorts comiques sous-jacents, elle navigue néanmoins plutôt bien entre le rire et le drame du quotidien. Les comédiens Patrick Émmaniel Abellard (Avery ; excellent), Catherine Côté (Rose ; surprenante) et Jean-Philippe Côté (Sam ; dans son élément), jouent avec naturel ; même si l’on ne connaîtra des personnes que bien peu de choses, ils réussissent tous à les rendre réellement attachants. Mentionnons aussi la présence furtive de Charles Fournier, en spectateur endormi ou futur employé, qui aide à remettre le bordel partout (de manière souvent comique) entre deux coups de balai.

Tout au long de la représentation, les nombreuses références cinématographiques, ainsi que les musiques de génériques de films qui viennent ponctuer les transitions, raviront les amateurs de cinéma. Ceux-ci seront aussi comblés par cette scène où le personnage d’Avery reprend superbement un bout de dialogue mythique (en anglais) de Samuel L Jackson, tiré de Pulp Fiction, qui s’imbrique parfaitement à la situation des personnages.

Expérience presque anti-théâtrale, À l’affiche crée une certaine fascination presque hypnotique, dont la durée, la dramaturgie et le jeu des comédiens favorisent une étrange intimité fêlée entre les protagonistes et les spectateurs.

29-02-2020



Premier Acte
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