Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Blackbird
Du 12 au 23 février 2019, mardi au samedi 20h,
sauf le samedi 23 février : 15h

C’est arrivé il y a quinze ans.

Ils ne se sont pas revus depuis. Il a fait six ans de prison, a changé d’identité, a reconstruit sa vie. Elle est restée confinée au quartier où ça s’est passé. Jusqu’à ce qu’elle tombe par hasard sur sa photo dans un dépliant. Un cliché qui la replonge dans les méandres de l’histoire nébuleuse et irrésolue qu’ils ont vécue.

Il y a quinze ans, Una et Ray se sont aimés.

Mais entre une jeune fille de 12 ans et un homme d’une quarantaine d’années, peut-on parler d’amour ?

Pour élucider cet épisode qui a fait voler son existence en éclats, Una va à la rencontre de Ray. Elle le surprend à son lieu de travail, un entrepôt, où prend place un huis clos qui résonne comme quinze années de silence, d’incompréhension, de doute. 

Je pensais que ce serait plus difficile de te regarder. De parler.
J’ai failli repartir.
Mais non. C’est facile.
Et je t’aurais reconnu n’importe où. Même dos à toi.
J’ai vu tes yeux avant même que je dise mon nom.
Je t’ai vu.

Le doute. Nous le portons tous. Collectivement, nous questionnons plus que jamais les limites de la légitimité sexuelle. Avec ce premier spectacle à la langue acérée et chirurgicale, L’Apex effectue une prise de parole nécessaire sur un sujet actuel et brûlant.

Pour les acteurs comme pour les spectateurs, Blackbird est un marathon couru comme un sprint. C’est essoufflant. Remuant. Vivant.


Texte David Harrower
Traduction Zabou Breitman, Léa Drucker
Mise en scène Olivier Lépine
Avec Gabrielle Ferron, Réjean Vallée


Crédits supplémentaires et autres informations

Assistance à la mise en scène Lauren Hartley
Conception Marianne Lebel, Olivier Lépine, David Mendoza Hélaine

Durée : environ 1h25

La pièce Blackbird de David Harrower (traduction de Zabou Breitman et Léa Drucker) est publiée et représentée par l’Arche, éditeur et agence théâtrale. www.arche-editeur.com

TARIFS

Prix du billet à l'unité - frais de service inclus

Prix courant : 28 $ 
30 ans et moins : 21 $  
60 ans et plus : 24 $  

Groupe (12 personnes et plus) :

18 $

Une production L'Apex


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

Le théâtre Premier Acte convie le public à une expérience théâtrale à ne pas manquer ces temps-ci avec la pièce Blackbird de David Harrower. Mené de main de maître par le duo de comédiens Réjean Vallée et Gabrielle Ferron, Blackbird s’avère un huis clos d’une grande intensité dramatique. Le succès de la pièce repose sur la performance solide des deux comédiens et la mise en scène précise du talentueux Olivier Lépine.




Crédit photos : Cath Langlois Photographe

Réjean Vallée prouve une fois de plus toute l’étendue de son talent, en se livrant corps et âme dans le personnage de Ray, un homme qui s’est épris, il y a plusieurs années, d’une jeune voisine de 12 ans alors que lui-même en avait 40. Un rôle tout en nuance pour Vallée qui démontre sa capacité à se renouveler et à surprendre à chaque fois qu’on a pu le voir sur scène au cours des dernières années. Une grande introspection a dû être requise afin d’amener ce rôle à terme. Le fait est que le personnage de Ray n’est ni bon ni mauvais — du moins dans ce que la pièce nous fait comprendre— et Vallée réussit à trouver la mince ligne morale sur laquelle jouer pour amener le spectateur à avoir, d’un côté, de la sympathie pour lui et, de l’autre, de la hargne.

Le succès de la pièce repose sur la performance solide des deux comédiens et la mise en scène précise du talentueux Olivier Lépine.

Gabrielle Ferron, une actrice qu’on souhaite voir plus souvent sur scène au cours des prochaines années, interprète Una, cette toute jeune voisine devenue adulte. La chimie entre les deux partenaires de jeu est palpable. Ferron défend avec intelligence et maturité son personnage, chose étonnante – et tout à son honneur – vu l’intensité et la complexité des scènes à jouer pour une aussi jeune comédienne sortie du Conservatoire d’art dramatique de Québec en 2016 et qui se retrouve face à un comédien établi à Québec. Elle parvient à trouver le ton juste entre la vulnérabilité et la force de son personnage de manière à nous faire douter de ses réelles intentions. Veut-elle séduire Ray ou tout simplement se venger ? Gabrielle Ferron réussit à nous faire douter, étant à la fois naïve et sournoise.

Il aurait été facile de tomber dans l’hystérie ou dans la caricature, mais rien de cela n’arrive. Le ton on ne peut plus juste des comédiens contribue au réalisme de la pièce et à la compréhension du texte. On joue ici l’intensité avec retenue et cela fonctionne admirablement bien. Cette ultime rencontre entre Una et celui qui avait abusé d’elle quand elle était petite et qui avait disparu en empruntant une nouvelle identité s’avère un grand moment de théâtre où la morale humaine se terre dans ses derniers retranchements.

Comme dans la chanson Blackbird des Beatles, Una avait attendu probablement toute sa vie cette ultime confrontation avec ce qui fut à la fois son bourreau et son premier amour, celui qui avait fait jusque-là de sa vie un enfer, pour enfin retrouver sa liberté d’être.

Blackbird singing in the dead of night
Take these sunken eyes and learn to see
All your life
You were only waiting for this moment to be free

On ne ressort pas de Blackbird indemne. La charge émotive complexe présente dans la pièce nous tient en haleine du début à la fin, et ce, sans répondre totalement à tout ce que l’on aurait aimé comprendre, savoir. Les questions restées sans réponses continueront de hanter le public à la sortie du théâtre ; c’est souvent dans ces petits détails qu’on reconnait les œuvres qui nous marqueront à jamais.

18-02-2019


 
Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : 418-694-9656
ou lepointdevente.com
Youtube Facebook Twitter Instagram