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Du 12 au 30 avril 2016, supplémentaire 30 avril 20h
Mme G
Texte Maxime Beauregard-Martin
Mise en scène Maryse Lapierre
Avec Maxime Beauregard-Martin, Patrick Ouellet, Nicolas Gendron, Marie-Ginette Guay, Annabelle Pelletier-Legros et Mary-Lee Picknell

« La cigarette, c’est mon problème numéro un. Pas capable de m’en défaire. Depuis l’âge de treize ans que je fume. C’est déjà venu à quatre cinq paquets par jour. Là, c’est rendu à trois. Je diminue. Ça doit être la codéïne qui tient mes poumons deboutte. »

Y a pas de trafic sur René-Lévesque. C’est une petite soirée au Dagobert. Tout Québec est en pyj. Tout le monde, à part un gars – un Y instruit à l’école privée – qui brave moins quarante pour aller écouter une octogénaire tenancière d’un after-hour clandestin lui raconter sa vie. Pis ce gars-là, c’est moi.

Dans la chambre exiguë d’un demi-sous-sol, les souvenirs d’une existence à contre-courant jaillissent comme on regarde les montagnes à partir de la Haute-Ville : dans le désordre. Elle parle, il écoute. De cet équilibre naît un sentiment étrange. Quelque chose comme l’affection fulgurante et éphémère d’une rencontre de voyage.

Entre ces allers-retours dans le temps, qui nous font revivre l’âge d’or d’un bar de passage de la rue Cartier, s’ouvrent des fenêtres dévoilant avec humour le processus de création d’un théâtre documentaire. Mme G., c’est une histoire épique recopiée dans un cahier Canada, dont les meilleurs bouts sont écrits dans la marge.


Section vidéo


Concepteurs Gabrielle Arsenault et Maude Groleau

Une production On a tué la une!


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
ou lepointdevente.com
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Critique

Crédit photo : Cath Langlois Photographe

Thérèse Drago est un nom bien connu dans la ville de Québec. La dame aujourd’hui âgée de 88 ans a été tenancière du légendaire bordel La grande Hermine, situé sur la rue Cartier pendant près de 30 ans et a ensuite opéré un bar clandestin pendant 15 ans dans son appartement demi-sous-sol du quartier Montcalm. Maxime Beauregard-Martin, montréalais d’origine,  a été intrigué par cette histoire et par ce personnage plus grand que nature. Après une discussion de près de trois heures avec la dame pour un article d’Urbania, il décide d’en faire une pièce de théâtre.

On suit Beauregard-Martin dans son entreprise de rencontrer Mme Gisèle et de réaliser des entrevues avec elle afin de documenter sa pièce. Malheureusement, après quelques entretiens qui se sont plutôt bien déroulés, le téléphone de chez Madame Gisèle cesse de répondre à l’appel et le jeune auteur se voit tout à coup privé de son unique source d’inspiration et de documentation. Que fera-t-il pour terminer sa pièce dont les dates de représentations sont déjà planifiées? Arrivera-t-il à convaincre Mme Gisèle de le rencontrer une dernière fois? Sans nouvelle d’elle, il décide alors de pousser ses recherches plus loin et d’aller à la rencontre des gens qui ont côtoyé Mme Gisèle pendant qu’elle opérait encore son établissement illégal.


Crédit photo : Cath Langlois Photographe

À mi-chemin entre la réalité et la fiction, l’histoire de Mme G. nous présente donc le personnage de Madame Gisèle, inspiré librement de la vraie Mme Thérèse et rebaptisé pour la cause. Marie-Ginette Guay est tout simplement fantastique dans ce rôle qu’elle incarne avec une justesse qui fait mouche dès les premières lignes de la pièce. Maxime Beauregard-Martin a su repérer les mots justes qui, dans un savant mélange de réalité et de fiction, donnent vie et couleur au personnage en évitant la mauvaise caricature.

La mise en scène de Maryse Lapierre est vivante et rythmée. Le décor de la pièce représente à la fois la Grande Hermine et l’appartement de Madame Gisèle. Au centre, un piano sur lequel jouera, entre autres, le comédien  Patrick Ouellet lors de la représentation. Remplaçant de dernière minute du comédien Israël Gamache, Ouellet s’en tire réellement bien et démontre son grand talent de pianiste et d’acteur. Mary-Lee Picknell, quant à elle, vole une fois de plus la vedette dans ses multiples rôles. Elle offre un jeu sans faille, solide et énergique.

Mme G. est un bel et vibrant hommage à la femme libre qu’était Thérèse Drago. L’histoire ne dit juste pas si elle verra la pièce ni ce qu’elle en aurait pensé, mais tout porte à croire qu’elle en serait ravie et touchée. Mme G. est un franc succès,  une pièce drôle et touchante menée par une distribution de feu qui clôt la présente saison du théâtre Premier Acte. Une saison qui se termine sur une belle note.

16-04-2016