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Du 3 au 7 novembre 2015
Et au pire, on se mariera
D'après le roman de Sophie Bienvenu aux Éditions La Mèche
Mise en scène et adaptation Nicolas Gendron
Avec Kim Despatis

Elle s’appelle Aïcha, elle a l’âge des premières amours et une soif de fin du monde. En quête d’elle-même, elle arpente sans fin le quartier Centre-Sud, à Montréal, jusqu’à ce qu’elle rencontre Baz, l’homme-de-sa-vie-un-peu-trop-vieux-pour-elle. 

Et soudainement, cette Aïcha prend le visage d’une voisine, d’une cousine, d’une écolière anonyme. Et soudainement, l’impuissance se mêle à la révolte, pendant que Scarface joue en sourdine à la télévision. Et soudainement, l’amour peut tout, jusqu’à la déraison.

Un monologue-dialogue prend forme, où la foule devient une mystérieuse interlocutrice, questionnant sans relâche les actes et les pensées d’Aïcha. L’adolescente a la force fragile, la moelle « épineuse » et la vérité mouvante. Une certitude, pourtant, irradie dans le dédale de son récit : elle n’a jamais été si sincère de toute sa jeune vie.


Assistance à la mise en scène Mélanie Primeau
Concepteurs Leticia Hamaoui, Joëlle Harbec et Joé Pelletier
Crédit photo Hugo B. Lefort

Une production ExLibris


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656
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Dates antérieures (entre autres)

Du 26 septembre au 11 octobre 2014, Théâtre Prospero

 
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Critique

critique publiée en 2014


Crédit photo : Joé Pelletier

C’est dans la salle intime du Théâtre Prospero que nous convie une jeune fille de 13 ans demeurant dans le quartier centre-sud de Montréal : Et au pire, on se mariera raconte l’histoire d’Aïcha, amoureuse d’un homme qui a deux fois son âge. Seule sur scène, elle nous offre un monologue avec toutes les nuances d’une situation qui n’est ni toute noire ni toute blanche.

La première création de la compagnie théâtrale ExLibris est tirée du roman de Sophie Bienvenue, paru en 2011. Le texte, écrit comme un monologue, se prête bien à la mission de la compagnie qui, comme son nom l’indique, a pour but de transposer sur scène des œuvres littéraires. Pour Et au pire, on se mariera, le texte a été légèrement adapté pour être plus fluide et plus réaliste.

Sur scène, le décor donne le ton, soit une salle d’interrogatoire aux couleurs ternes et aux murs salis. Puis, entourant les quelques mètres carrés de carrelages, le sol est recouvert de verre brisé. Un bureau, une chaise, une boite de mouchoirs, du papier, un crayon et Kim Despatis, en Aïcha, qui attend que son interrogatoire commence en se tortillant et en jouant avec sa langue.

Au début, la voix stridente de l’actrice est un peu assourdissante, en grande partie à cause de la petitesse de la salle. Mais l’intensité des émotions de l’adolescente justifie cette force de voix. Ce volume élevé tout au long de la pièce permet de donner une profondeur encore plus poignante aux scènes plus calmes. Malgré un sujet lourd comme celui de cet amour impossible, Kim Despatis sait faire paraître la joie et la naïveté du personnage d’Aïcha. Elle sait se rendre attachante et rigolote tout en nous emportant dans les montagnes russes des émotions d’une jeune fille de 13 ans, de la joie et l’amour jusqu’à la rage et au chagrin. Malgré ces émotions extrêmes, c’est une performance toute en douceur que nous offre l’actrice.

La mise en scène de Nicolas Gendron et de son assistante Mélanie Primeau se veut très dynamique. Malgré le peu d’espace, Aïcha grimpe sur sa chaise et sur la table, ses déplacements sont nombreux et démontrent l’énergie que la jeune fille contient. Ils nous aident aussi à ressentir le confinement d’Aïcha dans une salle d’interrogatoire.

Cette transposition théâtrale rend justice à l’œuvre de Sophie Bienvenue. Kim Despatis est une Aïcha remarquable qui nous fait vivre un arc-en-ciel d’émotions des plus sincères.

28-09-2014