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Du 11 février au 1er mars 2014
Détour de chantDétour de chant
Bricolage des textes Geneviève Tremblay, d'après Réjean Ducharme
Mise en scène : Jean-Sébastien Ouellette
Avec Joëlle Bond, Paul Patrick Charbonneau, Véronika Makdissi-Warren, Patrick Ouellet, Claudiane Ruelland, Nicola-Frank Vachon et Stéphane Caron

Je m’en fous ;
J’ai trop mal, trop fait mal,
Trop traîné partout
Trop de problèmes qui s’arrangent
Tout de suite avec
Trop de bière.
Je ne vais pas me ronger
Je vais me paqueter la fraise
Et me ficher la paix.

Un musicien qui accumule les déchets et les petits boulots. Un couple fraternel qui aspire au néant en buvant de la bière devant la télé. Une femme mûre comme un fruit, amoureuse de l’Amour. Un paumé au coeur tendre qui marierait toutes les femmes si elles voulaient. Deux jeunes en triporteur qui essaient de ne pas vieillir. Tous pataugent avec complaisance dans leurs malheurs, grands ou petits. Ils sont tendres, désespérés, résignés et ils ont le fatalisme joyeux !

Spectacle de théâtre musical bâti autour de l’univers de l’auteur québécois Réjean Ducharme, Détour de chant est un chassé-croisé de personnages qui se racontent au fil d’un parcours intime où le public se déplace d’une station à l’autre à la manière d’un chemin de croix.

Après sa création au festival Québec en toutes lettres 2011 et un passage à L’Escale du livre de Bordeaux, Détour de chant a remporté le prix Coup de coeur Télé-Québec au Festival de théâtre de L’Assomption en 2012.


Section vidéo


Musique et arrangements : Patrick Ouellet
Direction technique, éclairages et régie : Katia Talbot
Assistance à la technique et à la scénographie : Charlotte Legault
Scénographie : Geneviève Tremblay

Billets: 24 $ (courant), 18 $ (étudiant) et 14 $ (groupe) + frais de service

Une production Campe


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Gabriel Talbot Lachance

Chaleureux est probablement le meilleur qualificatif de Détour de chant, la plus récente création présentée au théâtre Premier Acte.

Un musicien qui accumule les déchets et les petits boulots. Un couple qui aspire au néant en buvant de la bière devant la télé. Une amoureuse de l’Amour. Un paumé au grand cœur qui voudrait marier toutes les femmes qu’il croise. Deux jeunes sans le sou qui ne veulent pas vieillir.  Pourtant, deux liens les unissent : le peu d’argent et une certaine désillusion face à la vie.

Les thèmes peuvent sembler lourds au premier abord : désillusions, pauvreté, amour déchu, mélancolie. Pourtant, le une heure et dix minutes que dure la pièce nous touche droit au cœur ; la pièce nous amène dans un monde à la fois près et loin de nous. L’amalgame de neufs romans de Réjean Ducharme, dont L’avalée des avalés et L’hiver de force, est un véritable plaisir à entendre. Les dialogues et les chansons créés par ce mélange nous livrent une poésie québécoise accessible et réinventée. Les comédiens jouent avec une belle aisance ; les chansons ne sont pas toujours livrées avec justesse, mais cela semble être un choix délibéré. Les personnages ne sont pas des chanteurs, ce sont des gens de la rue qui chantent leurs émotions à plein poumon.

Un point négatif subsiste : le langage québécois y est ici trop soutenu. Aucune élision n’est faite dans les phrases que les comédiens disent, chaque mot est prononcé tel quel. Cela donne un caractère trop littéraire aux dialogues des personnages censés être des gens peu fortunés écumant les bars et les ruelles.

Le décor est, quant à lui, bien adapté au style. Puisque le spectateur n’a pas de siège attitré et qu’il est libre de déambuler où bon lui semble tout au long de la pièce, les différents coussins, tabourets et bancs disposés à plusieurs endroits permettent de voir l’histoire sous plusieurs angles. Le visuel est fait à partir de matières recyclées. L’équipe de la compagnie de création Campe a voulu s’inspirer des Trophoux de Roch Plante, pseudonyme sous lequel Ducharme expose ses œuvres visuelles. Les livres jonchant le sol, rappelant un tapis de neige, les rideaux de matières recyclés et les coussins faits à partir de vieux morceaux de vêtements sont autant d’éléments qui permettent au metteur en scène Jean-Sébastien Ouellette de jouer avec différents effets de lumière et de sons.

Détour de chant nous laisse avec un sentiment de liberté et de légèreté une fois terminé. Une belle pièce à voir en ce glacial mois de février et de la Saint-Valentin.

13-02-2014