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Du 19 au 30 novembre 2013
La boîteLa boîte
Texte collectif
Mise en scène Jacques Lessard 
Avec Jean-Denis Beaudoin, Nicola Boulanger, Ariane Côté-Lavoie, Nicolas Drolet, Paul Fruteau De Laclos, Charlie Jutras, Amélie Laprise, Guillaume Pelletier, Annabelle Pelletier-Legros, Guillaume Pepin et Catherine Simard

« Puisque, comme tout le monde, je suis effrayée à l’idée de développer des relations interpersonnelles avec ma famille et mes amis, je consomme des boîtes qui me permettent de me maintenir dans un paradis artificiel rassurant à l’écart des ravages d’une éventuelle et douloureuse prise de conscience sociale. »

Le peuple est sous l’emprise de la plus puissante des entreprises : La Boîte, elle-même dirigée par son PDG mégalomane, Bobby Watson, assisté de sa famille. L’entreprise maintient la population dans une douce et rassurante léthargie à l’aide de boîtes. Tout semble aller pour le mieux pour les Watson, mais voilà que se pose le problème de la succession de Bobby. Pour y remédier, Bobby Watson enlève une jeune femme de la population : Brebis Bérubé. De ce choix découlera une série d’événements qui changera leur monde à jamais.

Créée par les finissants du Conservatoire d’art dramatique de Québec à partir de l’univers d’Eugène Ionesco, La Boîte comporte assez de dérision, de situations et de personnages saugrenus, de jeux de mots et d’absurdité pour embrasser ses origines. Cet univers est le fruit halluciné d’imaginaires dopés aux Bobby Watson. Croquez-le tel quel : juteux d’humains exacerbés et de folie ludique. Un spectacle qui taquine, malheureusement, de très près le monde dans lequel nous vivons !

Chercher à comprendre Brebis Bérubé et ses compatriotes, c’est commencer à désobéir.

Bonne désobéissance !


Scènographie : Marianne Ferland-Dutil
Costumes : Mona Éliceiry
Éclairages et accessoires : Geneviève Bournival
Conception sonore : Daniel Deslauriers

Une production le collectif Chapeau après un incendie


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : Cathy Lessard

Présenté pour la première fois l'an dernier au Conservatoire de Québec et de Montréal avec pour titre Le boiteux destin de Brebis Bérubé, la pièce La boîte est à l'origine d'un projet scolaire, une création collective visant à revisiter le monde d'Eugène Ionseco. Heureux du succès rencontré lors des représentations de la première mouture, les finissants fraîchement diplômés du Conservatoire de Québec ainsi que Jacques Lessard ont décidé de s'associer sous la bannière du Collectif du Chapeau incendié afin de représenter cette production déjantée au Théâtre Premier Acte.

La Boîte est une entreprise qui vend des boîtes qui contrôlent l'esprit humain. Elles permettent d'oublier les peines, les colères et les frustrations, puis rendent les gens heureux et dociles en leur enlevant toute forme de jugement. Bobby Watson (clin d'oeil à La Cantatrice chauve) est à la tête de cette entreprise avec sa femme Bobby Watson et son fils, aussi nommé Bobby Watson. À la suite d'un problème à propos de leur succession, les Bobby Watson choisissent Brebis Bélanger, la fille de Brebis Bélanger, comme nouvelle héritière. Ce choix aura des répercussions plus dramatiques que prévu et on se retrouvera très vite dans un tourbillon de situations plus loufoques les unes que les autres.

La mise en scène de Jacques Lessard - sa dernière en tant que professeur du Conservatoire - est rythmée et explosive tout en demeurant dans la retenue ; on utilise beaucoup de procédés propres à l'univers de Ionesco sans toutefois en abuser. La trame sonore ponctue le jeu des acteurs tout au long du spectacle donnant un effet cartoon intéressant qui met l'accent sur l'absurdité de certaines scènes. Le décor terne et dépouillé laisse présager une pièce aux nuances de gris, alors que les personnages sont très colorés, ce qui donne au tout un contraste très habile. Le jeu des acteurs aurait cependant pu oeuvrer quelquefois davantage dans la subtilité, cherchant un peu trop souvent à provoquer le rire sans que ce soit nécessaire - la pièce étant déjà très drôle par elle-même. Le texte est rempli de jeux de mots imaginatifs et on doit souligner le travail mis dans le scénario qui, bien qu'ayant été écrit collectivement, évite l'hétérogénéité qui caractérise souvent les créations collectives. Bien qu'on ait, à quelques occasions, l'impression d'assister à un match d'improvisation, tellement certaines blagues sont télégraphiées, on arrive à faire beaucoup rire et La Boîte s'avère être une production des plus étonnamment comique.

Bienvenue dans un monde où tous les livreurs s'appellent Alain et un monde où on surnomme Dieu, Kevin. Une pièce imprégnée de l'imaginaire d'Eugène Ionesco, mais qui reflète tout de même une réalité de son temps. On ne peut faire autrement que de sortir de ce spectacle drôlement fou avec le sourire, un spectacle créé par de jeunes artistes de la relève très prometteurs.

21-11-2013