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Du 5 au 9 février 2013
Le Voyage de Tchékhov à Sakhaline
Texte Denyse Noreau 
Mise en scène Théâtre Ad Lux 
Avec Élyse Garon, Nina Lauren et Geneviève Thibault

Anton Tchékhov a 30 ans. Tuber-cu-leux, il quitte Moscou pour se rendre à 6 310 kilomètres de là, sur l’île de Sakhaline. Lorsqu’on lui demande pourquoi il s’impose de telles difficultés, l’auteur russe, qui est aussi médecin, répond: «Je souffre de mania Sakhalina.» 

Tchékhov disait de Sakhaline: «C’est un lieu d’intolérables souf-frances comme seul l’homme peut en supporter.» Trois mois durant, en train, en bateau, en charrette, et même à pied, il traversa l’immense Russie afin d’aller recenser les 10 000 bagnards de Sakhaline. 

Qu’y avait-il dans la tête de l’écrivain lorsqu’il parcourut toute cette distance? De futurs personnages? D’anciennes amantes? La crainte de la mort? Son rêve de l’Orient? 

Cette biographie imaginaire, tirée de la correspondance et du théâtre de Tchékhov, est mise en scène dans un univers où la technologie se marie à la poésie des marionnettes traditionnelles.


Section vidéo
une vidéo disponible


Maître marionnettiste Puma Freytag 
Animation du castelet électronique Keven Dubois 

Une production Théâtre Ad Lux en collaboration avec le LANTISS


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie

Voyage au pays imaginaire


Crédit photo : Premier Acte

Le Voyage de Tchekhov à Sakhaline, mise en scène par le Théâtre Ad Lux, ne manque ni d’ingéniosité, ni d’imagination. Mettre en scène le mythique Tchekhov sous forme de marionnettes, raconter le voyage qu’il a fait pour se rendre à l’île de Sakhaline et toutes les épreuves, les individus et les paysages qu’il a rencontrés au cours de son périple à travers la Russie est une excellente idée à la base. Bien qu’il s’agisse d’une œuvre fictive, on pourrait facilement croire à la véracité du récit.  

Visuellement, la pièce est une œuvre d’art. De chaque côté de la scène, des rideaux vaporeux transmettent des projections afin de transporter les spectateurs d’un environnement à  un autre. Le castelet électronique et le plateau électronique central, permettant de faire varier les paysages, passant de montagnes aux mouvements de l’eau avec l’aide de formes géométriques, sont de belles trouvailles qui donnent une plus value énorme à la pièce. La musique douce et mélancolique ajoute du rythme ; sans cela, on serait face à une œuvre morne et beaucoup moins intéressante.

Les manipulatrices (Geneviève Thibault, Nina Lauren et Elyse Garon, dirigées par Puma Freytag) font preuve de dextérité et de douceur. Les marionnettes, bien que petites, prennent vie et bougent sans heurts entre les mains expertes. On ne perd rien de leurs mouvements. Le jeu verbal est également intéressant. Les interprètes des différents personnages, soit les manipulatrices, jouent avec les bonnes nuances et une assez grande variété de registres vocaux pour capter l’attention du spectateur. La voix de Tchekhov (Keven Dubois), bien qu’elle semble un peu monocorde, se révèle assez juste. Le personnage étant malade, cela s’accorde bien à son état d’esprit.

Par contre, le texte tombe parfois un peu à plat et s’étend en longueurs. L’esprit tchékhovien est bien respecté par la mélancolie, les déchirements amoureux, les correspondances et les personnages parfois forts différents qui se rencontrent entre eux, mais, malgré la poésie des mots et des personnages, on n’embarque jamais totalement dans l’histoire. La pièce est d’une durée de 1 h 10, mais cela semble passer trop lentement. Le texte et la mise en scène profiteraient d’une cadence un peu plus rythmée. La pièce, dans son ensemble, est difficilement accessible à un large public. Les amateurs de Tchekhov ou de théâtre de marionnettes aimeront sans aucun doute les références aux lettres qu’il a écrites lors de son voyage, à ses pièces et à ses nouvelles, mais les néophytes se sentiront certainement perdus à travers ces marionnettes, cette technologie et cet univers oscillant entre fiction et réalité.

08-02-2013