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Du 12 au 30 mars 2013
Le Bras canadien et autres vanités
Texte Jean-Philippe Lehoux
Mise en scène Fabien Cloutier
Avec Marjorie Audet, Emmanuel Bédard, Hubert Bolduc, Joëlle Bourdon, Jean-Michel Girouard et Valérie Laroche

Le Bras canadien et autres vanités vous invite à débarquer sur la planète d’un Petit Prince désabusé qui se heurte à une bande de touristes en manque de magie. Cette comédie épique, poétique et baroque est un appel joyeux et ludique nous invitant à réfléchir à notre propre condition.

Est-ce que tout ce qui peut être fait doit être fait? Si nous pouvions toucher aux dieux, le ferions-nous? Sans doute que oui...

Atlas le Titan qui échappe la Terre, une chanteuse jazz qui fait le tour du monde les yeux fermés, la dompteuse d’un lion huppé qui rêve d’un vieux baobab, voilà quelques-uns des personnages qui composent cette joyeuse parade théâtrale, bordélique, mais pleine de sens et d’émotions. Comme un cirque où tous ont droit à leur tour de piste, Le Bras canadien et autres vanités est une invitation au voyage et aussi à la réflexion devant un monde où les mystères disparaissent sous le joug de notre inconscience et de notre moder-nité. Si le désir de l’homme d’atteindre le cœur de l’univers est admirable, les conséquences qu’entraîne ce désir sont parfois irréversibles. 


Scénographie : Dominique Giguère 
Éclairages : Patrick Campagna 
Environnement sonore : Yves Dubois

Étant donné la scénographie particulière de ce spectacle, aucun retardataire ne pourra être admis.

Une production Des miettes dans la caboche


Premier Acte
870, de Salaberry
Billetterie : Réseau Billetech 418-694-9656

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Gabriel Talbot Lachance

Tout le monde a déjà lu ou, du moins, entendu parler du Petit Prince. Le bras canadien et autres vanités propose une vision trash du personnage de Saint-Exupéry. On voit donc un Petit Prince alcoolique et désabusé accueillir une horde de touristes en manque de magie. Bien que l’idée de base et la proposition soient intéressantes, le produit final n’est pas à la hauteur de ce qu’on pouvait en entendre.

Pour son millionième touriste, le Petit Prince décide de raconter une histoire fort spéciale et de faire participer, involontairement, les touristes débarqués sur sa planète. Ils deviennent alors les marionnettes de ce théâtre de l’absurde et de la déchéance où dompteuse de lions, chanteuse jazz, papillon et Atlas le titan se côtoient.

Le texte de Jean-Philippe Lehoux est loin d’être dénué de sens et de quelques touches d’humour noir. Les diverses références populaires, religieuses et mythologiques, ainsi que la dénonciation de notre société blasée, prosaïque et matérialiste sont dignes d’intérêt. Par contre, les histoires sont trop nombreuses et vont dans tous les sens. On finit par ne plus suivre le mince fil conducteur. La mise en scène se perd dans cet univers déjà très lourd et aurait mérité d’être épurée pour mieux captiver.

Le point fort de la production est sans aucun doute le décor. Oscillant entre l’atmosphère du premier Texas chainsaw massacre et la salle de torture sadomasochiste, le spectateur ne peut qu’avoir un léger malaise en entrant dans la salle. Avant même l’entrée de ceux-ci, on leur demande d’enfiler des petites pantoufles bleues en plastique par-dessus leurs chaussures. Le spectateur pénètre dans la salle directement par l’arrière de la scène et doit passer à côté du Petit Prince ivre mort. Lorsque le spectacle commence, les lumières ne se ferment pas immédiatement, laissant une proximité entre le public et le personnage. Elles se ferment lors de l’arrivée des touristes semblant tout droit sortis du Québec kitch des années 1980-1990.

Le bât blesse au moment où, un par un, les touristes deviennent les marionnettes de l’histoire. Les costumes à tendance sadomasochiste et les nombreuses scènes explicites et vulgaires ne servent pas l’histoire dans son ensemble et semblent un peu déplacés.

Le jeu des acteurs est cependant très juste et on ne peut que féliciter Hubert Bolduc (le Petit Prince) pour sa constance et sa rigueur. On croit à sa proposition du célèbre personnage perverti, mal dans sa peau et abject. Joëlle Bourdon (la chanteuse Jazz) nous livre également une solide performance et tient sont rôle lubrique jusqu’au bout sans honte ou gêne.

Dans l’ensemble, l’ardeur des comédiens et la proposition originale peuvent séduire, mais au bout du compte, on n’intègre pas totalement leur univers.

15-03-2013