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Du 18 septembre au 6 octobre 2007

L'Ouest solitaire

Texte : Martin McDonaugh
Traduction : Fanny Britt
Mise en scène : Marie-Hélène Gendreau
Interprète : Vincent Champoux, Jean-Michel Déry, Jean-René Moisan et Edith Patenaude

En janvier dernier, le Théâtre Embryonnaire présentait, avec succès, sa première production : L'Ouest solitaire. Les artisans de cette pièce et Premier Acte la reprennent en ouverture de saison.

C'est l'occasion de découvrir ou de revisiter l'univers corrosif et l'humour noir de Martin McDonagh (aussi auteur de La reine de beauté de Leenane) dans une traduction de Fanny Britt.

Quatre personnages se confrontent dans une campagne éloignée de l'ouest irlandais. Ils se heurtent à la peur de la solitude, à la perte de la foi en l'avenir et au mal d'amour…
Cette histoire, qui pourrait tout aussi bien se dérouler dans n'importe quel foyer québécois, met en scène deux frères; Coleman et Valene Connor, isolés dans leur relation de haine féroce. Seuls le Père Welsh, jeune prêtre idéaliste, et Girleen, jolie contrebandière, osent s'en approcher. Un lourd secret hante ce huis clos.

L'Ouest solitaire, un texte qui n'emprunte aucun détour et qui renvoie inévitablement à une réalité dure et crue.

Un moment théâtral qui laisse sa marque

Assistance mise en scène : Caroline Martin
Scénographie et éclairage : Marie-Renée Bourget-Harvey
Musique :Philip Larouche

Une production du Théâtre Embryonnaire

Premier Acte
870, rue Salaberry
Billetech : 418-643-8131 - 418-691-7211

 

 

par Magali Paquin

Et vlan dans les tripes. Premier Acte entame sa saison théâtrale avec une pièce choc, d’une intensité dramatique rarement aussi soutenue et réussie. Après avoir donné un aperçu de son potentiel à la salle Avenue Tango en janvier 2007, le Théâtre Embryonnaire présente de nouveau sa première production, «L’Ouest Solitaire» de l’auteur d’origine irlandaise Martin McDonagh.

Dernière partie d’une trilogie («La Reine de beauté de Leenane», «Un crâne à Connemara») se déroulant à Leenane, petite ville de l’Ouest irlandais, la pièce cogne aussi fort que les coups que les protagonistes s’assènent mutuellement. Entre les frères Coleman (Jean-Michel Déry) et Valene (Jean-René Moisan), s’est implantée au fil des ans une relation faite de haine et de ressentiment. L’interprétation des deux acteurs rend avec une écrasante véracité la détresse sociale et psychologique dans laquelle se barricadent les personnage, au point où certains pourraient se sentir dépassés par ce huis clos où fusent continuellement les coups et les insultes. Mais malheureux serait le spectateur qui se priverait de cet univers brûlant de souffrances intérieures où toute une gamme d’émotions dévorent cœur et chair.

C’est que l’animosité n’est pas seule au rendez-vous. Alors que les deux frères se complaisent dans leur inimitié réciproque, le Père Welsh (Vincent Champoux) s’évertue gauchement à faire germer de bons sentiments chez les habitants de sa ville, où dominent l’odeur de mort et les secrets dissimulés. Puis il y a Girleen (Édith Patenaude), cette jeune contrebandière qui cache sa grande sensibilité sous un masque de sarcasmes. Entre le prêtre alcoolique doutant de Dieu et la jeune fille à l’humour railleur, naît le temps d’une scène une tendre complicité qui contraste avec les hostilités fraternelles. 

La metteure en scène Marie-Hélène Gendreau met en valeur, avec une justesse saisissante, la double personnalité de cette pièce qui s’impose à la fois comme comédie noire et comme drame humain. La traduction française, pour laquelle Fanny Britt  était en nomination au Gala des Masques 2007, est également digne de mention. Sacres et jurons québécois s’insèrent parfaitement dans l’univers irlandais tracé dans la pièce: que ce soit à Leenane ou ailleurs, drames et détresse grugent certains quotidiens.

En disposant le décor au centre de la salle et le public à proximité de part et d’autre, ce dernier se voit littéralement absorbé par l’intensité de la pièce. Bordée d’un chemin poussiéreux, la vieille maison en bois que s’approprie Valene, ses figurines de la Vierge et son nouveau four sont partie prenante du conflit qui l’oppose à son frère. Loin de les réunir, la récente mort de leur père dans des circonstances troublantes n’a fait qu’accentuer leur animosité. L’intrigue se délie alors que sont exposés les travers et les secrets de chacun des personnages, dans une vision grandement désillusionnée du genre humain. Assurément, «L’Ouest Solitaire» est une réussite, aussi intensément dure cette pièce soit-elle.

27-09-2007