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Entre autres
Du 30 avril au 11 mai 2019, mardi et mercredi 19h, jeudi et vendredi 20h, samedi 16h

Le collectif Nous sommes ici revient au Périscope en vous offrant une fois de plus un théâtre documentaire percutant avec Entre autres. Après Changing Room (2013), Le NoShow (2015) et Hôtel-Dieu (2018), la compagnie met cette fois-ci en lumière les citoyens de la ville de Québec pour questionner la dissonance des points de vue dans la société d’aujourd’hui, et surtout en saisir l’origine. Née du désir de trouver la part d’humanité qui nous rassemble, cette création nous invite à comprendre ceux auxquels on ne peut s’identifier.

D’abord créée lors d’un exercice pédagogique avec les finissant(e)s du Conservatoire d’art dramatique de Québec, l’auteur et metteur en scène Alexandre Fecteau donne une deuxième vie à cette production en souhaitant réapprofondir le potentiel artistique et citoyen de la démarche. Fraîchement diplômés, ces jeunes artistes dans la vingtaine, âge de fougue, de découvertes, de choix identitaires et d’appartenance, engageront un dialogue auprès de divers individus dans le but de déceler leurs véritables croyances, bien souvent cachées derrière des propos inconscients. Devant l’inconfortable réalité de ces convictions dérangeantes, comment expliquer ce qui motive de telles opinions?

C'est à l'automne 2017 qu'ont démarré les enquêtes autour de quatre thématiques polarisantes : les groupes anti-immigrations, les groupes antiféministes, le déni face aux changements climatiques et les traces latentes du catholicisme dans la société québécoise. Au fil des discussions, les préjugés s'estompent pour laisser place à l'humain, avec sa complexité et ses contradictions. Après deux ans d'entrevues, d'écriture et quatre laboratoires de création, Nous sommes ici et le Collectif Wolfe présentent la deuxième mouture d’Entre autres.


Texte et idée originale Alexandre Fecteau avec la collaboration des comédiens
Mise en scène et dramaturgie Alexandre Fecteau
Avec Laura Amar, Michel Bertrand, Marianne Bluteau, Étienne D’Anjou, Blanche Gionet-Lavigne, Vincent Legault, Vincent Massé-Gagné


Crédits supplémentaires et autres informations

Appui dramaturgique Michel Bertrand
Assistance à la mise en scène Stéphanie Hayes
Conception Émile Beauchemin, Mathieu C.Bernard, Marianne Lebel, François Leclerc
Direction artistique Alexandre Fecteau

Durée 3h

TARIFS
PRIX EN PRÉVENTE : 23 $ (jusqu'à la veille du jour de la première)
PRIX DÈS LA PREMIÈRE DU SPECTACLE: 36 $
Lors d'ajout de supplémentaire : billet à 36$ en tout temps
Les billets pour Foreman, spectacle présenté dans le Studio Marc-Doré, seront à 23 $* en tout temps, et ceux pour le déambulatoire La porte du non-retour à 12 $* en tout temps.

STUDIO MARC DORÉ : 23$ en tout temps

*Les taxes et les frais de services sont inclus dans nos tarifs

Une production Collectif Nous sommes ici et Collectif Wolfe


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Critique disponible
            
Critique

Coproduite par le Collectif Nous sommes ici (Le NoShow, Hôtel-Dieu) et le Collectif Wolfe, Entre autres, dernière pièce de la saison 2018-2019 du Théâtre Périscope, prend le beau risque de percer le « mystère Québec », un endroit où plusieurs éléments sociaux semblent à contre-courant du reste de la province. La production fut d’abord un exercice pédagogique des finissants du Conservatoire. Pressentant le potentiel du spectacle, Alexandre Fecteau a donc rassemblé 7 jeunes comédiens et comédiennes fraîchement diplômés pour creuser les sujets, questionner, s’investir et dialoguer avec leur entourage afin de mieux comprendre la société dans laquelle nous vivons. Le résultat, malgré un sentiment d’incomplétude - tout à fait légitime, puisqu'on parle de théâtre documentaire, donc en gestation -, fascine.








Crédit photos : Dimitri Lavoie

Entre autres aborde quatre thèmes principaux : les groupes anti-immigration, le féminisme, les traces latentes du catholicisme ainsi que les changements climatiques et le déni d'une partie de la population face à ceux-ci .

Le public est chaleureusement accueilli par les interprètes, puis prend place librement dans l’un des gradins qui clôturent la scène, un peu comme une arène. Au plafond : des dizaines, voire une centaine de ceintres blancs sont suspendus, ainsi que quelques morceaux de linge pour des changements de costume rapides. Peint en blanc, le sol deviendra une surface de projection habilement utilisée tout au long de la représentation. La foule fera la connaissance des interprètes par l’entremise d’introductions, aussi sympathiques que loufoques, au style très millénial, voire youtubesque. Ces présentations permettent de s’attacher rapidement à ces jeunes personnages tout en nous permettant d'avoir accès à leurs nombreuses contradictions.

Entre autres met en scène les Québécois.es dans toute leur complexité, leurs craintes et leur humanité.

En prenant comme point de départ l’attaque sur la Grande Mosquée de Québec, la pièce nous plonge rapidement au cœur des différentes interrogations de chacun. Si on les suit allègrement dans leur démarche, on aurait aimé mieux comprendre ou en savoir un peu plus sur le contexte de la création, artistiquement parlant : au-delà de leur conscience sociale, pourquoi choisir de faire du théâtre documentaire? Malgré cela, on ressent et on partage rapidement leurs intérêts, leurs craintes, leurs ambivalences face aux émotions qu’ils vivent au cours de leurs enquêtes respectives, qui finissent par s’entrecroiser : pourquoi je me reconnais un peu dans la Meute ? Suis-je climatosceptique sans le savoir ? Pourquoi n'ai-je pas aidé ce garçon, au centre commercial, qui demandait un jouet « genré » que sa mère lui refusait ? À quel point le catholicisme nous marque encore, même si une grande majorité de la population n’est plus pratiquante ?

Étienne D’Anjou, qui se dit ancien soldat, creuse le sujet le plus dangereux de la soirée, soit celui de l'immigration et des groupes radicaux, en participant à des manifestations, puis en rencontrant quelques intervenants, dont Dave Tregget, chef de Storm Alliance ou Maxime Fiset, ancien skinhead néonazi repenti. Sa démarche est possiblement la plus fascinante, par sa nature et son écho dans l’actualité. Il est alors décevant de ne pas la retrouver en deuxième partie du spectacle, laissant au passage un goût d’inachèvement.

Le sujet le plus fouillé est celui sur les changements climatiques, rondement mené par Blanche Gionet-Lavigne, qui se penche sur les climatosceptiques, les climatopessimistes et les environnementalistes. De Dominic Champagne à Serge Mongeau, de Marie-Eve Cotton à Josée Blanchette, Gionet-Lavigne démontre un réel processus d’enquête avec un nombre impressionnant de lectures, de rencontres (les visages apparaissent dessinés sur le sol, belle idée), jusqu’à participer en décembre 2018 à une émission de radio sur Ici Première pour causer de la « conscience écologique et de la culpabilité », durant laquelle elle avoue candidement ne pas trop savoir où se situer - un sentiment assurément partagé par plusieurs.

Se questionnant sur le féminisme, Vincent Legault transfèrera son enquête de l'intime à la scène. De ses recherches sur les Incel, le slutshaming, Marc Lépine, les pensions alimentaires par l’entremise de Louise Bilodeau de l’Action des nouvelles conjointes du Québec, Legault questionne ensuite l’objet théâtral dans lequel il évolue. Si, d’abord, ses interventions semblent briser le rythme du spectacle, en demandant l’équité dans les enquêtes ou en faisant le test de Bechdel, l’idée de passer de la réflexion aux actes est fort pertinente.

Tour à tour, les deux amis de longue date Vincent Massé-Gagné et Marianne Bluteau abordent - lui avec une certaine arrogance humoristique, mais qui n'aide pas la cause, elle avec un peu plus de curiosité, une écoute active et un peu de mordant - le sujet du catholicisme dans notre société actuelle : les fériés uniquement chrétiens, les noms de rue, les églises, le crucifix à l’Assemblée nationale… L’idée de départ, soit le désir de deux personnes qui n’ont pas vécu dans un modèle type de famille catholique de mieux comprendre l’impact de cette religion dans la vie de tous les jours, intrigue. Mais elle manque rapidement de substance, même si les intervenants sont souvent touchants, de la mère et du beau-père de Marianne jusqu'à l’imam de la Grande Mosquée.

Mentionnons le travail de Michel Bertrand, venant jouer une multitude de personnages, et celui de Laura Amar (magnifique découverte) qui, en modulant simplement sa voix, se transforme littéralement d’un(e) intervenant(e) à un(e) autre, et ce, de magnifique manière.

Parfois inégal, mais aux efforts louables, Entre autres met en scène les Québécois.es dans toute leur complexité, leurs craintes et leur humanité. En resserrant quelques échanges et en sabrant les rencontres les moins pertinentes - ou en en établissant d’autres -, la production n’en sera que plus pertinente, plus solide et plus rythmée, provoquant assurément le désir de voir une suite possible (ou une version 2.0) à ce projet somme toute captivant.

01-05-2019


 

Théâtre Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie : 418-529-2183

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