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Du 12 février au 9 mars 2008

Le magicien prodigieux Comédie philosophique et métaphysique (strictement vouée à l’édification morale)

Texte d ’après Calderón de la Barca
Adaptation libre : Philippe Soldevila
Mise en scène : Philippe Soldevila
Assistance à la mise en scène : France Larochelle
Distribution : Jonathan Gagnon, Israël Gamache, Marie-Hélène Lalande, Nicolas Létourneau, Christian Michaud, Patrick Ouellet, Guillaume Perreault et Marie-France Tanguay
Musiciens sur scène : Christian Michaud et Patrick Ouellet

Un diable se fait narrateur, un Saint-homme tombe amoureux d’une Sainte-femme déjà convoitée par deux autres galants et nous voilà entraînés dans une comédie vouée à l’édification morale. En plein cœur de l’Empire romain, la fatalité croise le fer avec la liberté, dans un combat rythmé aux sons des clochettes et aux notes de gazou. Au centre de l’arène, un pacte est conclu; s’engagent alors des discussions philosophiques, des combats d’honneur et des serments d’amour. Ironie, envoûtements, magie, bouffonnerie, devoir, désir et dévotion se donnent la réplique pour faire triompher l’amour.

Le Théâtre Sortie de Secours présente une adaptation libre, « un respectueux outrage », du El Mágico prodigioso de Calderón de la Barca. Si la pièce originale se voulait avant tout épique et métaphysique, on ouvre ici les rideaux sur une théâtralité plus débridée où le dessein des personnages l’emporte sur la tyrannie du narrateur.

Décor : Erica Schmitz
Lumières : à confirmer
Costumes : à confirmer

Production Théâtre Sortie de Secours
Codiffusion Théâtre Périscope

Périscope
2, rue Crémazie Est
Billetterie :418-529-2183

 

par Isabelle Girouard

Mise en scène librement adaptée d’un texte de Pedro Calderon de la Barca, Le Magicien Prodigieux nous surprend, dès les premières minutes, par sa volonté d’être spectaculaire.  
Le diable en personne, intelligemment incarné par Jonathan Gagnon, sera le maître de cérémonie dans cette histoire débridée qui nous envoie en plein cœur de l’Empire romain. Soutenue par un lyrisme éclatant,  l’histoire rebondissante nous entraîne à travers les déboires amoureux et les combats moraux de jeunes gens qui cachent mal les imperfections de leur nature humaine.  Honneur, secret, fatalité et libre arbitre… cette comédie philosophique mène tout droit au pacte avec le malin. 

Écrite dans l’Espagne du siècle d’or, la pièce est à l’origine vouée à défendre la vertu en servant le dogme catholique. Elle vient d'ailleurs s'insérer en deuxième partie dans le cycle d'or de la compagnie Sortie de Secours, après Santiago, d'Hélène Robitaille.  Bref, ce que nous propose Philippe Soldevila dans sa mise en scène n'est pas tant la réflexion de l'auteur sur l’histoire de martyrs pendant la persécution des chrétiens, mais plutôt la mise en valeur de la notion de liberté qui se trouve tout de même dans le texte.  Disons qu’à ce profit, il s’est permis certaines extravagances, allant jusqu’à modifier le destin final des personnages.  Ainsi, le texte a subi la métamorphose au fil d'ateliers de lecture et d’explorations.  Les conventions sont brisées.   La distance avec le texte d’origine ne se fait pas discrète, et tout dans la mise en scène est mis en œuvre pour nous rappeler que nous sommes les spectateurs d’une pièce de théâtre. 

Cet effort d'adaptation nous laisse parfois perplexes. Par exemple, des effets sonores deviennent redondants, on utilise des anachronismes tellement gros qu'ils perdent leur fonction comique.  Les comédiens nous livrent un jeu énergique et sincère, mais on les sent parfois frôler le cabotinage avec leurs pitreries.  Bref, le niveau de langage du texte d'origine vient faire contraste avec la mise en scène. 

 La scénographie, conceptualisée par Érica Schmitz, est plutôt intemporelle et propice aux déboires et cachoteries.  Échafaudages, tréteaux roulants, coulisses et aire de jeu sont utilisés avec ingéniosité et simplicité, nous rappelant à la fois le classique élisabéthain et la cour intérieure d'un village de notre époque.  Cependant, quelques éléments ont encore du mal à prouver leur nécessité, et nous laissent sur une impression d'en vouloir faire trop.  Les costumes sont aussi composés d'éléments de tous les temps, et peinent parfois à s'insérer dans l'unité visuelle.

Mais ne vous en faites pas, on rit de bon cœur pendant les deux heures et quelques poussières de représentation.  On sentait,  le soir de première, le généreux désir des comédiens de nous faire partager cette humanité bien imparfaite...  Divertissant.

28-03-2008