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30 novembre et 1er décembre 2016, 20h
Rites
Danse
Chorégraphie et interprétation : José Navas

José Navas a fait voyager ses créations dans une trentaine de pays en Amérique, en Europe et en Asie. Partout où il passe, l’admiration du public est au rendez-vous, à la mesure de son talent et de son charisme. Rites est composée de quatre solos d’une intensité rare, baignés de musiques aussi délectables que celles de Nina Simone, Dvořák, Schubert et Stravinsky. L’éclairage, finement travaillé, accompagne la virtuosité de José Navas qui se met à nu pour nous livrer une ode à la vie, un poème aux confins de la transcendance qui fait du mouvement continu et inexorable du temps un complice! Rites est une œuvre magistrale où la vulnérabilité est magnifiée par un interprète puissant et gracile au sommet de son art.


Section vidéo


Musique : Anton Dvorák, Franz Schubert, Nina Simone, Igor Stravinski
Lumières : Marc Parent
Costumes : Sonya Bayer (conception) et L’Atelier de couture Sonya B. (confection)
Direction technique : Pierre Lavoie
Photos : Valerie Simmons, Nina Konjini

Prix des billets Prévente 30$, général : 42$, étudiant / aîné : 35$

Une discussion avec l’artiste aura lieu après la représentation du 30 novembre.

Production Compagnie Flak
Présentation La Rotonde


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721 - Billetech

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Dates antérieures (entre autres)

Du 11 au 28 novembre 2015, Cinquième salle de la Place des Arts

 
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Critique

C’est à un artiste au sommet de son art qui nous attend sur scène alors que nous faisons notre entrée dans la salle de La Bordée. Calme, recueilli, immobile dans le brouhaha des spectateurs qui prennent place, José Navas impose son rythme avant même que le spectacle ne soit commencé. Et c’est dans un silence complet, qui s’étire durant de longues minutes feutrées, qu’il place chacun des gestes qui précèdent ses chorégraphies. Minutieux, précis, réfléchi, magnétique : le danseur de 51 ans nous subjugue de la première à la dernière minute de sa présence sur scène.

En ouverture, il s’élance avec grâce et donne littéralement corps à la voix de Nina Simone. Ses mouvements collent à la voix chaude et distinctive de la diva – rarement aura-t-on vu « vivre » le jazz de cette façon.

Entre chaque pièce, Navas retourne à sa chaise, et, dans la pénombre, enfile en quelques gestes précis et étudié le prochain costume qui vivra sous les mouvements de son corps. Il faut mentionner le magnifique travail d’éclairage qui est aussi réfléchi et pertinent que chacun des gestes de l’artiste qui, au centre d’un grand carré blanc, semble parfois glisser sur des patins tant ses mouvements sont fluides et aériens.

Des pièces de Dvořák, Schubert et Stravinski complètent la trame musicale et prêtent à la mise en scène toute leur lumière et leur noirceur, accentuées par les éclairages et les costumes.

On ne peut que constater qu’à 51 ans, Navas est un virtuose accompli de son art. Et à la lumière de sa performance dans Rites, on réalise avec plaisir que ce maître n’est pas du tout à bout de souffle et que sa maîtrise artistique pleinement mature n’est pas près de s’éteindre.

12-12-2016


critique publiée en 2015


Crédit photo : Nina Konjini

Jusqu’au 28 novembre 2015, le chorégraphe d’origine vénézuélienne José Navas présente Rites, un nouveau spectacle solo en quatre tableaux. Il poursuit ainsi sa recherche très personnelle sur la fragilité humaine et sur la finitude. Cette fois, il travaille à partir de morceaux musicaux qu’il affectionne particulièrement pour en faire ressortir la mémoire des gestes et des émotions. C’est donc à une rétrospective de ses trente années de carrière qu’il convie le public, à travers une véritable recherche corporelle et pulsionnelle.

Le spectacle débute alors que le danseur se change pour enfiler une chemise arborant un immense « J » dans le dos et des souliers argentés. Puis, sur la chanson Ain’t No Use interprétée par Nina Simone, José Navas tournoie et se déhanche au rythme de cette musique jazz envoûtante.

L’atmosphère du second solo est complètement différente. D’abord dans un parfait silence, puis au son du deuxième mouvement de la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, l’interprète rend hommage à son conjoint Bill Douglas, décédé du sida en 1996. La lumière tamisée et mouvante de Marc Parent et un passage de chant choral renforcent d’ailleurs cette impression d’assister à une cérémonie religieuse dans une église.

Sur le Der Leiermann de Schubert, un duo pour voix et piano, José Navas apparaît dans un costume sombre, exécutant des mouvements lents rappelant le tai-chi. Ce tableau est également embelli par la projection de l’ombre parfaitement découpée du danseur sur le plancher de la scène.

Le spectacle se termine avec une interprétation magistrale du Sacre du printemps de Stravinsky, dans laquelle le danseur incarne à la fois le masculin, le féminin et l’animal. Dans cette chorégraphie, créée en 2013 autour des célébrations du centenaire de cette œuvre phare de la danse contemporaine, Navas pousse le dévoilement de soi à l’extrême, alors que complètement nu, il danse jusqu’à l’épuisement. L’interprétation de cette œuvre marque la maturité du danseur qui constate le passage du temps sur son corps. Il réalise ainsi un fantasme artistique qui le rapproche de grandes pointures de la danse comme Vaslav Nijinski ou Pina Bausch.

D’un point de vue thématique, le choix de rendre visibles les changements de costumes est fort. Cela fait ressortir le dévoilement du danseur dans la préparation des rites qu’il met en scène. Toutefois, ces transitions assez longues créent des ruptures trop abruptes entre les différents solos. Si chacun des tableaux plonge le spectateur dans un état de transe près de la médiation, les pauses court-circuitent un voyage intérieur qui aurait pu être encore plus percutant. Seul bémol d’un spectacle admirable.

12-11-2015