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Les 11, 12, 13 et 16, 18, 20 décembre 2014
Beu byeBeu-Bye 2014 : revue socio-théâtrale de l'année
Texte collectif
Mise en scène : Lucien Ratio, assisté de Marc Brouillette
Avec Joëlle Bourdon, Philippe Durocher, Edwige Morin, Monica Pilon et Nicola-Frank Vachon

Présentée sous forme de sketchs, chansons, danses et numéros de variétés, Beu-Bye 14, la revue de l’année de Québec, revisite les faits marquants de l’actualité 2014. Vous y retrouverez Régis Labeaume cherchant du financement auprès de Séraphin Poudrier. On vous explique comment bien voter aux prochaines élections et qui sera le nouveau chef du Parti Québecois tandis qu’une émission culinaire réunira les chefs Ricardo, à la Di Stasio, Curieux Bégin, Daniel Vézina et toutes autres vedettes du Québec pour un ultime souper presque parfait.

Pour donner une multiplicité de points de vue,la Bordée accueillera une partie de l’oeuvre de Castor Vervaren, sculpteur sur métal français. Celui-ci posera son regard malicieux sur l’actualité québécoise de la dernière année.


Scénographie : Marie Mc Nicoll
Conception d’éclairage : Jean-François Labbé
Musique : Mathieu Campagna
Sculpteur sur métal : Castor Vervaren

Abonnés : 12 $
Régulier : 25 $
*Offre spéciale : Sur présentation d'un billet de spectacle de la Bordée, profitez d'un tarif préférentiel à 18 $ (taxes et frais inclus)

Production du Collectif du Temps qui s'arrête


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par David Lefebvre

La revue de l’année Revue et corrigée du Théâtre du Rideau Vert à Montréal en est déjà à sa dixième édition cette année, et Salut, cabaret politique et bouffonneries, toujours dans la métropole, fête ses huit ans au Petit Medley. Le spectacle de fin d’année des Zapartistes fut durant plusieurs années un événement attendu ; pourquoi la belle Capitale n'avait-elle pas son propre spectacle soulignant – lire ici se moquant, car il vaut mieux rire que pleurer – les événements marquants de l’année? Qu’à cela ne tienne, une jeune équipe de créateurs chevronnés, composée de Joëlle Bourdon, Philippe Durocher, Edwige Morin, Monika Pilon, Nicola-Frank Vachon au jeu et aux textes, menée par Lucien Ratio à la mise en scène et aux textes, tente son coup sur la scène de la Bordée. Et, avouons-le, c’est plutôt réussi.

Le ton est rapidement donné : alors que Jacques Leblanc, directeur artistique de la Bordée, fait son discours traditionnel de bienvenue, il est interrompu par Philippe Durocher qui l’imite de manière absolument savoureuse, l’écorchant au passage avec une annonce d’une prochaine saison « avec 4 Molière et un Goldoni, où je ferai tout, la mise en scène et le premier rôle » avant d’ajouter, en parlant du présent spectacle : « et si ce n’est pas drôle, on fera comme les comédies musicales à Québec et on ne paiera pas notre monde ». Et vlan.

Mathieu Campagna monte ensuite sur scène, lentement. Surpris par la foule, il se dirige vers une guitare électrique pour faire résonner quelques notes du groupe AC/DC. Si Campagna fait du bon travail à l’environnement musical, celle-ci s’avère malgré tout l’une des grandes faiblesses du spectacle. Ce Beu Bye à l’année 2014 se veut une fête, et la musique manque cruellement de puissance. Le numéro d’ouverture, chanté, en souffre ; malgré l’énergie de la troupe, les feux d’artifice ne s’allument pas, l’explosion de départ n’est pas au rendez-vous et plusieurs mots de la chanson sont inaudibles. Les sketchs qui suivront viendront heureusement sauver la mise.

Peu de choses ont échappé à ce collectif allumé et visiblement inspiré. C’est un véritable melting pot que nous proposent les créateurs, et il faut être très attentif pour capter tous les clins d’œil au travers des numéros qui subtilement tirent partout, comme si on avait voulu ne rien oublier. C’est d’ailleurs l’une des grandes qualités du spectacle : les textes sont denses et les références sont légion. En ce qui a trait au jeu, il s’avère beaucoup plus près de la caricature que de l’imitation ; si en général elle passe, la caricature est quelques fois moins heureuse, alors qu'on doit attendre le nom de la personne imitée pour s’assurer de bien comprendre de qui il s'agit.

Mis à part quelques exceptions, on ne tente pas de reproduire des événements précis : on met plutôt la table avec une mise en situation générale, puis on y glisse les moments ou les personnes qui ont marqué l’année. Le premier sketch ouvre le bal en ce sens : un homme se retrouve dans un bureau de scrutin et fait connaissance avec la bénévole qui n’est pas à une expression consacrée près : on vote pour le meilleur qui est le moins pire, on oublie les autres parce qu’on ne les connait pas, mais on vote avec son cœur. Suit un numéro politico-sportif : le trio Lisée-Drainville-Péladeau se fait chauffer les oreilles par l’entraîneur du Canadien – un sketch qui n’épargne pas Drainville, jusqu’à flirter avec la méchanceté. On enchaîne avec la Radio Y et ses animateurs, plus branchés que branchés (l’antithèse totale d’une autre radio bien connue), qui reçoivent des appels d’invités de marque, de Barrette à Manon Massé, qui repeint le pont de Québec, en passant par Trudeau et Dolan. Mentionnons les tableaux ridiculisant les shér… les policiers de Châteauguay et leurs accoutrements, le livre de Rambo Gauthier, l'ébola sous les airs d'Aïcha, l’émission de Mario Tessier qui devient On haït la chanson et la famille Harper aux prises avec des « zombinistes » un 24 juin au soir. Un hommage à Gilles Latulipe, qui reprend quelques blagues de ce grand homme du monde des variétés, avec la présence de Jean Béliveau et de Paul Buisonneau, s’avère un bon coup, tout comme le sketch sur l’intimidation chez les aînés.

Trois numéros se démarquent du lot. D’abord, celui consacré au maire de Québec, Régis Labeaume, qui apparait sur la musique du Roi Lion et qui demande de l’argent à Séraphin pour ses projets grandioses. Puis, celui sur Gomeshi, légèrement vêtu d’un costume typique de sadomasochiste, devenu pour le temps d’une soirée l’animateur de la Guerre des clans, accueillant, d’un côté, des représentants de l’état islamique et, de l’autre, les Femen (avec un hilarant Nicola-Frank Vachon qui scande un senti « Pas contentes! »). Finalement, on retrouve une panoplie de cuisiniers et d’animateurs d’émission culinaires, dont une Marilou et un Christian Bégin absolument festif, dans une édition spéciale des Chefs simplement délicieuse.

Beu Bye 2014 est une revue qui démontre beaucoup de potentiel, s’adressant à un large public, même si plusieurs gags visent spécifiquement les jeunes adultes. Dommage que la trame musicale manque de puissance, retenant la machine, qu'on n'ait pas exploité aucunement les chansons qui se sont hissés dans les tops radio et que la finale, chantée, quoique jolie, soit trop douce et différente du reste de la proposition pour qu’on puisse réellement dire Beu Bye à cette année qui se termine très bientôt.

11-12-2014