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Du 17 septembre au 12 octobre 2013, 19h30, 1er octobre 13h
DévadéDévadé
Texte : Réjean Ducharme
Adaptation : Marianne Marceau
Mise en scène : Frédéric Dubois
Avec Sylvie Cantin, Véronique Côté, Jean-Michel Déry, Hugues Frenette, Marianne Marceau

Montréal. La patronne, une femme en chaise roulante rêve de tendresse, d'amitié, de sexe et de Bottom; Bottom lui, rêve d'un amour impossible avec Juba; Juba rêve d'être en harmonie avec son amant Bruno par qui elle est délaissée; Bruno rêve de partir aux États-Unis pour y trouver la liberté. Et finalement Nicole, toxicomane, qui se noie avec Bottom dans une relation sexuelle sale, comme elle le dit elle-même. Une tranche de vie de personnages qui vivent en marge de la société, une tranche de rêve!

Par son adaptation inspirée, Dévadé nous transporte vers l'univers unique, coloré, tendre et beau de l'auteur mythique Réjean Ducharme.


Section vidéo


Assistance à la mise en scène : Caroline Martin
Décor : Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes : Virginie Leclerc
Musique : Frédéric Brunet
Éclairages : Denis Guérette

L'horaire de la représentation du troisième mercredi est variable
24 septembre, mardi-rencontre

Une production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Par sa réécriture, Marianne Marceau offre un nouveau souffle à l’œuvre de Réjean Ducharme, Dévadé, publiée en 1990.  Saisissante et poignante, la pièce nous transpose littéralement au cœur du roman.

Parfois dur, parfois tendre, l’univers qui nous est présenté relate l’histoire de quatre personnages en marge de la société, quatre personnes idéalistes et à la fois perdues dans leur désespoir. L’action se déroulant à Montréal, on imagine alors une pièce jouée dans un langage bien québécois ; Marceau a su tout de même garder le style langagier particulier de Ducharme. On reste dans le québécois, mais, malgré le fait que plusieurs des personnages ont une faible éducation, le joual n’est pas utilisé. Le langage contient de temps à autre des jurons typiques de notre province, mais joue aussi à la limite de la prose. Le texte est particulièrement poétique, ce qui amène un charme indéniable au texte et aux histoires tragiques se déroulant devant nos yeux. Entre une femme en fauteuil roulant qui a des désirs de tendresse, Bottom qui rêve d’un amour impossible avec Juba, Juba qui souhaite une relation saine avec son amant Bruno et Nicole qui s’embarque dans des relations sexuelles sales avec Bottom, on est touché par ces personnages au destin si loin, mais en même temps si près de nous.

On pourrait croire, en entrant dans la salle, que les seuls éléments de décor, soit un bain et deux chaises, seront insuffisants, voire abstraits. Pourtant, chaque élément est bien utilisé, bien incorporé, et les chaises servent à plusieurs choses à la fois (escaliers, 2e étage, etc.). Par contre, le point central de cette scénographie minimaliste réside dans la neige qui tombe sur scène pendant plus d’une heure. Un tour de force particulièrement imagé qui rend la pièce féérique.  Le cumul de flocons permet aux personnages de terminer la pièce en effectuant des anges dans la neige. Ce choix artistique doit nécessiter plusieurs litres de fausse neige chaque soir, mais ajoute une plus value énorme. Sans celle-ci, la pièce perdrait une bonne partie de sa poésie.

Le jeu des acteurs est, en général, égal et très poignant. On sent que chaque réplique vient du fond du cœur. Mention spéciale à Hugues Frenette (Bottom) et Véronique Côté (Juba) pour leur jeu senti et délicat. On s’attache à ces personnages marginaux, on voudrait les aider. Les émotions qu’ils tentent de transmettre aux spectateurs se rendent sans aucune difficulté. Cependant, le choix du niveau de langage pour le personnage de la patronne est somme toute discutable. On comprend bien que ce personnage, en étant d’une classe sociale supérieure, parle de façon plus soutenue que les autres. Malheureusement, le niveau s’avoisine davantage à un langage classique (pouvant être entendu dans une pièce de Racine), avec quelques expressions québécoises, que d’un langage québécois bien articulé. Sans être mauvais, cela peut, à la longue, devenir agaçant.

La pièce Dévadé est magnifiquement ficelée et est, sans aucun doute, un incontournable pour commencer la saison théâtrale en beauté.

20-09-2013