Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 21 janvier au 15 février 2014, 19h30, 4 février 13h
ArlequinArlequin, serviteur de deux maîtres
Texte Carlo Goldoni
Mise en scène Jacques Leblanc
Avec Marc Auger, Charles-Étienne Beaulne, Emmanuel Bédard, Joëlle Bourdon, Frédérique Bradet, Marie-Hélène Gendreau,
Jean-Michel Girouard, Simon Lepage, Maxime Perron et Patric Saucier

Venise. Pantalone et le Dottore Lombardi discute du mariage de leurs enfants, Clarice et Sylvio. Arrive Arlequin, valet de l'ancien promis de Clarice, Federigo Rasponi, mort récemment. Ce valet annonce l'entrée en scène de... Federigo lui-même! Branle-bas de combat chez tous les personnages et principalement chez Arlequin qui par sa maladresse sera au cœur d'intrigues entremêlées et de nombreux quiproquos hilarants.

Comédie ensoleillée où les masques de la commedia dell'arte se déchaînent, Arlequin serviteur de deux maîtres est fou, drôle, théâtral, brillant.


Assistance à la mise en scène : Jocelyn Paré
Décor : Michel Gauthier
Costumes : Denis Denoncourt
Éclairages : Dominic Lemieux et Hubert Gagnon
Musique : Marc Vallée

L'horaire de la représentation du troisième mercredi est variable
28 janvier, mardi-rencontre

Une production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

Facebook Twitter
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Francis Bernier


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

On a rarement eu la chance de voir des oeuvres de la commedia dell'arte à Québec au cours des dernières années. C'est avec enthousiasme que la pièce Arlequin, serviteur de deux maîtres de Carlo Goldoni, mise en scène par Jacques Leblanc, était attendue sur les planches du Théâtre La Bordée. On laisse ici tomber les traditionnels masques (sauf dans la scène d'introduction) pour faire place à de savants maquillages (réalisé par Vanessa Cadrin) qui rendent certains comédiens parfois méconnaissables. Une distribution de dix acteurs de talent dans une production éclatée qui aurait rendu Goldoni plutôt fier.

Le rythme est particulièrement essoufflant dans cette pièce de près de deux heures et demie et le fait qu'on réussisse à le garder du début à la fin de la production relève du spectaculaire. Le jeu des comédiens est très physique et à la limite de l'acrobatie, voire du cirque, tout en gardant une rigidité et une extrême fluidité dans la livraison des répliques. Le texte a d’ailleurs été allégé et remanié par Jacques Leblanc afin de le rendre encore plus dynamique. L'histoire est remplie de quiproquos plus loufoques les uns que les autres et de situations absurdes très caricaturales ; c'est avec de l'agilité et un certain doigté qu'il fallait attaquer ce texte et les acteurs y parviennent de façon ingénieuse en présentant un jeu très bien dosé. Emmanuel Bédard est particulièrement hilarant dans son rôle de Pantalone et il réussit à provoquer le rire à tout moment. Charles-Étienne Beaulne relève le défi de soutenir cette immense production sur ses épaules et présente un Arlequin clownesque et énergique à souhait. Les comédiens semblent vraiment avoir eu du plaisir pendant le spectacle, et ce plaisir se transmet aux spectateurs dès les premières minutes qui suivent l'entrée en scène.

Les costumes, réalisés par Denis Denoncourt, sont particulièrement inspirés et mélangent les genres et les styles, empruntant ici et là et aux différentes époques. Le tout résulte en un fini éclatant et étrangement hétérogène, mais d'une efficacité déconcertante. Le décor imaginé par Michel Gauthier reste quant à lui efficace, mais très épuré, étant simplement constitué de plusieurs portes qui entourent la scène. L'exploitation du décor par Jacques Leblanc est cependant optimale et il parvient à faire voyager en utilisant uniquement des jeux d'ombres et de lumières, ainsi que quelques accessoires. Avec une mise en scène précise, pointue et réglée au quart de tour, Leblanc a su offrir une relecture contemporaine et très originale de ce qui aurait facilement pu être une simple répétition de procédés mille fois utilisés.

On a affaire à une production de haute voltige drôlement comique qui est jusqu'à maintenant l'une des meilleures propositions de la saison. Du divertissement pur et du rire à profusion.

27-01-2014