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Du 16 avril au 11 mai 2013
HamletHamlet
Texte de William Shakespeare
Traduction Jean-Marc Dalpé
Mise en scène de Marie-Josée Bastien
Avec : Lise Castonguay, Jean-Michel Déry, Gabriel Fournier, Israël Gamache, Pierre-Olivier Grondin, Simon Lepage, Jean-René Moisan, Jack Robitaille, Patric Saucier, Réjean Vallée et Alexandrine Warren

Le jeune prince Hamlet ne supporte pas le mariage de sa mère avec le frère de son père mort un mois plus tôt. Un soir, il fait la rencontre du spectre de son père qui lui révèle les circonstances réelles de son décès. Hamlet s’engage alors dans un combat qui le mènera inéluctablement vers la mort.

Tragédie d’amour, tragédie politique, philosophique et métaphysique, Hamlet est une bouleversante étude psychologique, une sanglante intrigue, un duel éperdu.


Décor Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes Sébastien Dionne
Éclairages Sonoyo Nishikawa
Musique Stéphane Caron

Production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Quel périlleux pari que de transposer sur scène un classique de Shakespeare tel qu’Hamlet! Citée à de multiples reprises, jouée plusieurs centaines de fois dans différentes langues et pays, cette pièce est incontestablement considérée comme mythique et même emblématique. La metteure en scène Marie-Josée Bastien offre tout de même une version personnalisée qui sait ravir le cœur des spectateurs.

Les grandes lignes restent les mêmes : le jeune Hamlet ne supporte pas le mariage de sa mère avec le frère de son père décédé. Lorsqu’il fait la rencontre du spectre de celui-ci qui lui apprend les circonstances de sa mort, Hamlet s’engage dans un combat épique.

À l’instar du répertoire de Shakespeare, Hamlet est une œuvre universelle. La vengeance, la vie contre la mort, les jeux de pouvoir et les stratégies politiques corrompues sont des thèmes, semble-t-il, intemporels. Les propos, même s’ils sont les mêmes depuis 300 ans, sont exploités avec finesse. La dualité entre la vie et la mort est particulièrement bien représentée dans les scènes où les vivants semblent affronter les fantômes, les spectres de leur passé. Également, l’admirable idée de suspendre des souliers au-dessus de la scène pour, probablement, représenter tous les morts et les péchés des rois est fort intéressante. Lorsqu’un personnage meurt, il retire ses souliers et les met à l’avant-scène. Une trouvaille métaphorique simple et efficace qui souligne intelligemment la fragilité de la vie. Cependant, la mise en scène trouve principalement son charme dans la chorégraphie des scènes de groupe. On sent que chaque personnage, chaque pas et chaque déplacement, en parfaite synchronicité, ont leur raison d’être.

Le jeu de Jean-Michel Déry (Hamlet) est tout simplement impeccable. De la gestuelle au langage soutenu, il interprète ce rôle et assume le fardeau d’Hamlet avec brio. On ne peut que succomber sous son jeu soigné et méticuleux. Rien ne semble calculé, tout semble inné. Le duo formé de Simon Lepage (Guildenstern) et de Pierre-Olivier Grondin (Rosencrantz) est également d’une efficacité redoutable. Ils allègent la tragédie : leurs personnages, déjà comiques, sont bonifiés par leur apparente complicité.


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Sur le plan scénographique, la vie versus la mort prime encore. Les cercueils de bois et la structure mobile représentant la sépulture permettant des interactions avec les personnages encore vivants sont particulièrement frappants. Esthétiquement parlant, les décors mouvants, la table attachée à des chaines permettant d’être abaissée ou remontée au besoin, ainsi que le trou funèbre au centre de la scène où les morts sont mis en terre donnent une belle cohésion visuelle.

Les costumes sont d’inspiration moderne, voire futuristes dans leur coupe, mais incluent certains éléments tels la fourrure et certains rappels de l’ère élisabéthaine ; l’espace-temps n’est donc pas défini, ajoutant au caractère intemporel de la pièce.

Les comédiens sont en permanence sur la scène, puisque les coulisses sont à vue, derrière le décor. Ce choix s’avère par contre risqué : la concentration du spectateur se voit déviée vers les comédiens en retrait, perdant ainsi certains moments-clés de l’action.

Il est probable que les amateurs de Shakespeare se questionneront sur certains choix, dont l’ambigüité donnée au personnage d’Horacio, et certains passages de la pièce dits en danois. Il faut cependant se rappeler qu’une pièce aussi monumentale se doit d’avoir une touche d’originalité pour garder l’attention des spectateurs. Marie-Josée Bastien manipule à merveille les sous-entendus, les propos et, surtout, donne du dynamisme à une pièce de près de trois heures. Elle fait d’Hamlet une pièce accessible qui clôture à merveille la saison 2012-2013 du Théâtre de la Bordée

18-04-2013