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Du 6 novembre au 1er décembre 2012
Les chaisesLes Chaises
Texte d'Eugène Ionesco
Mise en scène de Bertrand Allain
Avec Nancy Bernier, Jacques Leblanc et un comédien invité

Un couple de vieillards vit isolé sur une île et trompe sa solitude en se racontant inlassablement les mêmes histoires. Mais, ce jour-là, ils réunissent une foule d’invités afin de révéler un message universel que le vieil homme possède. Les gens, invisibles, s’entassent tout comme les chaises.

Véritable tour de force d’interprétation et de mise en scène, ce grand texte du maître de l’absurde, Ionesco, allie admirablement humour et abîme.


Assistance à la mise en scène France Deslauriers
Décor Vano Hotton
Costumes Stéphanie Cléroux
Éclairages Hubert Gagnon
Musique Fabrice Tremblay

Production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Nadia Gosselin


Source photo : Le Soleil

C’est dans un décor d’abord dépouillé, sous un halo de lumière dorée, qu’apparaissent sur scène les deux protagonistes de la pièce. De grands drapés blancs dévoileront bientôt une pièce blafarde au centre de laquelle s’installe le couple de vieillards qui entreprend de se remémorer pour une énième fois ses meilleurs souvenirs. Dès le départ, leur discours semble assez décousu, quelque peu difficile à suivre, mais qu’à cela ne tienne! C’est un voyage au cœur de l’absurde et le plaisir est grand à voir évoluer sur scène ces sympathiques personnages auxquels on s’attache dès les premières répliques.

Rapidement, une soirée d’envergure s’annonce pour notre vieux couple. Le décor se meut alors, pivotant sur lui-même par la force des comédiens qui le poussent à se retourner. Celui-ci se révèle être une chaise géante renversée; c’est du plus bel effet. L’espace ainsi réaménagé se dégage, s’illumine, prend ses aises, et ouvre ses aires à l’imaginaire débridé des personnages prêts à accueillir leurs invités. On se plait à suivre le déroulement de cette soirée protocolaire à l’organisation cependant brouillonne. Les hôtes ont tôt fait, d’ailleurs, de se retrouver en perte de contrôle, dépassés par les diverses sollicitations de leurs invités dont on ne sait trop s’ils sont réels ou fantasmés. Échos, bruitage, éclairages, rythme effréné, énervement et discussions étourdissantes; cette cacophonie contraste avec l’harmonie et le calme suggérés par les tons pastel du décor dans lequel ils évoluent. Cette soirée est-elle le résultat d’un délire de pensées, ou s’agit-il de rencontres réelles? Le spectateur joue le jeu, s’amuse d’être, quelque part, lui aussi convié à l’événement, et ne s’embarrasse que très peu de cette question qui a tôt fait de se dissiper.

Les comédiens Réjean Vallée et Nancy Bernier rendent les personnages bien vivants, absolument exubérants. Monsieur Jacques Leblanc, comédien et à la fois directeur artistique du théâtre de la Bordée, devait d’abord tenir le rôle du vieillard, mais suite à un repos obligé pour des raisons de santé, il a dû céder sa place au comédien Réjean Vallée qui a su prendre la relève avec brio. Le jeu de Nancy Bernier est particulièrement réussi; ses singulières mimiques et sa voix des plus expressives arrachent à l’assistance de nombreux éclats de rire. Il va sans dire que le succès de cette pièce repose en grande partie sur l’extraordinaire jeu des acteurs, qui meublent l’espace de leur présence flamboyante, et dont l’interprétation donne toute sa puissance au texte. Ces personnages de Ionesco possèdent définitivement une énergie, une fougue toute juvénile, qui nous contamine. À la limite de l’hyperactivité, leur euphorie maladroite alimente les fous rires, et les spectateurs ne se font pas prier, au final, pour applaudir chaleureusement le jeu des comédiens et leur évidente appréciation de la mise en scène.

08-11-2012