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Du 22 janvier au 16 février 2013
BritannicusBritannicus
Texte de Jean Racine
Mise en scène Jean-Philippe Joubert
Avec Chantal Dupuis, Érika Gagnon, Laurie-Ève Gagnon, Jacques Leblanc, Olivier Normand, Jean-Sébastien Ouellette, André Robillard

Par des jeux de pouvoir, Néron, fils d’Agrippine, succède à Claude à la tête de l’Empire romain. En plus d’avoir usurpé la place de son demi-frère Britannicus, il tente par tous les moyens de lui ravir l’amour de la douce Junie.

Ambition et jalousie, pouvoir et jeux de coulisses s’entremêlent jusqu’à la mort dans ce chef-d’œuvre de Racine.


Assistance à la mise en scène Caroline Martin
Décor Claudia Gendreau
Costumes Julie Morel
Éclairages Félix Bernier Guimond
Musique Mathieu Campagna

29 janvier 2013 : dès leur sortie de scène, retrouvez les équipes pour des confidences, des débats, des secrets de coulisses

Une production La Bordée


Théâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : 418-694-9721

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 Critique
Critique

par Geneviève Décarie

Une épopée près de nous


Crédit photo : Nicola-Frank Vachon

Une adaptation est toujours risquée, mais lorsque l’on s’attarde à un texte comme Britannicus, le défi est multiplié. Après avoir mis en scène le classique de Shakespeare La nuit des rois ou ce que vous voudrez au Trident en 2011, Jean-Philippe Joubert nous offre ici une adaptation audacieuse et une vision nouvelle du classique de Jean Racine.

La mise en scène à elle seule vaut le détour. Dès l’entrée dans la salle, on sent déjà la tangente. Une projection de la rue Saint-Joseph remplit le mur central de la scène. Tout au long de la pièce, le personnage de Néron utilise la technologie : une façon bien pensée de démontrer la puissance du personnage et sa façon de régner sur tout. On pense, par exemple, à l’utiliser sur une télévision à la façon « caméra de surveillance » et d’autres fois en projection sur un mur complet pour évoquer des images ou des pensées. L’idée peut paraître téméraire, mais dans le contexte moderne de puissance, de jalousie et de jeux de pouvoir cela semble un incontournable. 

La musique de Mathieu Campagna est également un point fort de la pièce. Bien choisie et bien dosée, elle ajoute du rythme aux moments où nous pourrions commencer à ressentir certaines longueurs. 

Une mention toute spéciale revient au comédien Olivier Normand qui interprète un Néron juste et méchamment attachant : on croit sincèrement à ses manigances et à ses moments de faiblesse. Il a su lui donner une belle humanité et rend très bien la dualité du personnage. L’interprétation de Narcisse (Jacques Leblanc) mérite également une mention pour sa maîtrise des alexandrins et des nuances nécessaires qu’il apporte à ce rôle à double visage. Par contre, la justesse de ces deux personnages ne parvient pas à éclipser complètement le jeu un peu plus inégal et trop appuyé de certains.

La pièce ne réussit pas complètement son pari d’adaptation moderne. Britannicus est une pièce forte et très ancrée dans l’antiquité. Il y a beaucoup de références temporelles qui sont difficilement adaptables à notre monde d’aujourd’hui. Bien que Néron soit présenté comme le président d’un pays, on y parle tout de même de César et d’empereurs. De tels propos dits en survêtements semblent parfois trop décontextualisés pour nous faire embarquer totalement dans l’histoire. Les thèmes universels que sont le pouvoir, les jeux de coulisses, la trahison et la passion sont bien exploités, mais le décor ou les costumes auraient mérité d’avoir quelques rappels de l’époque à laquelle les personnages font parfois référence. À trop vouloir innover, on oublie parfois une partie de l’essentiel.

Malgré ces quelques défauts, Britannicus est néanmoins une réussite. Les néophytes comme les amateurs de Racine prendront certainement plaisir à cette pièce qui mérite sa place dans notre calendrier de sorties hivernales.

24-01-2013