Section théâtres Archives des pièces Les coulisses - reportages, entrevues... Liens utiles À propos de MonTheatre.qc.ca.. Contactez-nous Section Montréal

Retour à l'accueil Imprimer cette page Archives Accueil

Du 22 janvier au 16 février 2008

La mouette

Texte d’Anton Tchekhov
Mise en scène de Frédéric Dubois
Avec Lorraine Côté, Marie-Hélène Gendreau, Véronique Côté, Sylvio-Manuel Arriola, Maxime Noël-Allen, Jonathan Gagnon et Jean Guy

Treplev est un jeune auteur toujours à la recherche de nouvelles formes d’écriture. Il est épris d’une jeune femme, Nina, qui rêve de devenir actrice. Un soir, on présente, dans le jardin de la maison de campagne, la nouvelle pièce de Treplev. C’est un échec. Mais Nina y fait la connaissance de Trigorine, un auteur à succès, amant d’Arkadina, la mère de Treplev, et elle s’enfuit avec lui à Moscou. Après de pénibles déceptions amoureuses et professionnelles, la jeune femme revient à la campagne où elle espère retrouver la paix.

Chef-d’œuvre incontesté de Tchekhov, La Mouette est une source d’inspiration inépuisable pour les acteurs et les metteurs en scène depuis sa création en 1896. Nous vous l’offrons ici dans la vision vibrante de Frédéric Dubois.

Conception : Amélie Trépanier, Yasmina Giguère, Sonoyo Nishikawa et Pascal Robitaille.

La Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie :418-694-9721

 

 

par Magali Paquin

Le metteur en scène Frédéric Dubois tremblait de ne pouvoir rendre avec autant de force que souhaité « La mouette », œuvre-phare d’Anton Tchekhov. Qu’il se rassure, car sa pièce est d’une puissance tranquille, imposante par la sensibilité qu’elle exhale.

Ce sont les affres de la création exprimées en toutes lignes, ce sont les larmes des amours déçus qui coulent comme l’encre sur la page blanche. C’est l’histoire troublée de Nina (Marie-Hélène Gendreau), jeune fille ambitionnant d’être actrice, aimée de Treplev (Maxime Noël-Allen), qui tente avec insuccès de trouver sa voie dans la dramaturgie. Mais Nina s’envole avec le grand écrivain Trigorine (Sylvio-Manuel Arriola), conjoint d’Arkadina (Lorraine Côté), mère de Treplev. Le coup est terrible. Mais le temps passe comme s’étiolent les marguerites, les événements adviennent et se laissent deviner. Puis revient Nina, tel un oiseau blessé.

Fruit de deux ans de travail et de multiples ateliers de création instigués par Dubois, cette vision de « La mouette » est vibrante de mélancolie. Les magnifiques éclairages de Sonoyo Nishikawa ne sont d’ailleurs pas étrangers à cette ambiance à la fois tendre et tourmentée. Les propos des personnages se chevauchent parfois ou sont assourdis par une immense fenêtre de verre. Ces carreaux translucides séparent une pièce intérieure, située à l’avant-scène, de la véranda extérieure, située à l’arrière. Au centre, un piano à queue recouvert d’une étoffe qui jamais n’est enlevée. Dans cet espace, déambulent des âmes dévorées d’amour, d’espérances et d’ambitions. Les protagonistes, bien sûr, mais aussi la sombre Macha (Véronique Côté), son prétendant Medvedenko (Jonathan Gagnon), le docteur (Jean-Sébastien Ouellette) et le vieux Sorine (Jean Guy).

Comme seule déception à ce superbe tableau, est la performance des acteurs principaux. Le Treplev interprété par Maxime Noël-Allen est d’une décevante inauthenticité. L’amour brûlant qu’il devrait porter à Nina ne prend la forme chez lui que de quelques étincelles, vite éteintes par son absence totale de sincérité entre deux répliques. À l’image de Nina, jeune actrice ingénue, Marie-Hélène Gendreau gagnerait à parfaire son jeu. D’autres s’imposent toutefois par leur talent, tel que Jean Guy en sympathique vieillard ou Lorraine Côté en artiste extravagante et excessive. D’autre part et en ne réfutant nullement son talent, on en vient à espérer un renouvellement des castings pour Jonathan Gagnon, trop souvent confiné dans ce même type de rôle.

Un avertissement s’impose enfin aux spectateurs ayant les narines et les poumons sensibles : cigare et cigarette sont des accessoires fortement utilisés et parfois incommodants, particulièrement pour les premières rangées. Si les effluves de tabac ajoutent une dimension tout aussi réaliste qu’odorante à la pièce, ils s’imposent aussi à un public captif qui peut en être embarrassé. 

25-01-2008