Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
22 novembre 2015, 15h (rencontre avec les artistes)
Matinées scolaires : du 17-18-19 novembre
Emmac terre marine
Dès 10 ans
Texte et narration : Richard Desjardins
Chorégraphie : Emmanuelle Calvé
Avec Emmanuelle Calvé, Jody Hegel et Jean-François Légaré

Bercé par une musique originale de Jorane et par la voix de Richard Desjardins qui fait la narration, EMMAC Terre marine raconte l’histoire d’une jeune fille plongée dans l’océan à la suite du décès de son père et remontée à la surface plusieurs années plus tard par un pêcheur.

Le spectacle relie la danse et l’art de la marionnette. Lors de ses recherches pour ce spectacle empreint de théâtralité, la chorégraphe et artiste multidisciplinaire Emmanuelle Calvé a trouvé son inspiration dans le conte inuit La femme squelette, tiré du livre Femmes qui courent avec les loups de Clarissa Pinkola Estés.

À la fois danseurs et marionnettistes, les interprètes prennent les formes de divers personnages, allant de l’humain, à l’animal, jusqu’aux créatures fantastiques. Fascinant !


Section vidéo


Direction artistique, conception des marionnettes et adaptation du conte : Emmanuelle Calvé
Musique : Jorane
Scénographie : Richard Lacroix
Construction des marionnettes : Jean Cummings
Conseillère à la dramaturgie : Martine Beaulne
Conception des éclairages : Karine Gauthier
Photos : Frédérick Duchesne

Durée environ 60 minutes

Production Danse-Cité (Montréal)
Présenté en codiffusion avec le Centre chorégraphique contemporain de Québec et La Rotonde


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

Facebook  Facebook

Dates antérieures (entre autres)

Du 5 au 15 mars 2014, Théâtre Rouge Conservatoire

 
______________________________________
            
Critique

critique publiée en 2014

Inspirée du conte inuit La femme squelette, EMMAC Terre marine porte en elle sa propre mythologie. La nouvelle production de Danse-Cité présente le voyage intérieur entrepris par une femme qui, confrontée à la mort de son père-morse, plonge au plus profond des mers pour affronter ses peurs et ses démons, puis se métamorphoser afin de redevenir tranquillement elle-même.

Emmanuelle Caldé, d’abord formée en arts visuels, en danse contemporaine et en marionnette, a su bien s’entourer pour cette création qui jumèle à la fois danse, marionnette, conte et chant. Celle qui confie aimer la marionnette parce qu’elle lui permet « d’explorer le mouvement, d’ouvrir une porte vers l’infini, l’émerveillement, la magie, le sacré » (propos recueilli par la Revue Jeu) a demandé à Richard Desjardins de s’inspirer du conte inuit pour composer un long poème qui forme la trame d’Emmac, et sur lequel Calvé a par la suite créé ses mouvements, une création à l’inverse de ce qu’elle fait d’habitude. Sur scène, costumes et accessoires forment de jolies marionnettes : des ailes suggèrent un vol d’oies sauvages, tandis que des mains immenses viennent bercer la femme perdue, et qu’un manteau de feutre et un visage de carton suffisent à créer le personnage du pêcheur.

Le poème de Desjardins, conté sur scène par le chanteur lui-même et qui n’est pas sans rappeler les accents chantants de Nataq, est tissé de magnifiques envolées s’adressant à la jeune femme avec un « tu » très intime. Le texte évoque avec tendresse les cycles de vie et de mort, et les épreuves traversées par la femme. « La grande bataille contre la mort commence en venant au monde […] Tu dois retourner d’où tu viens, des entrailles de la mer. » Sa voix rauque accompagne à merveille la musique de Jorane et la danse d’Emmac, sur la glace et jusqu’au fond de l’océan.

Sous nos yeux, la femme incarnée par Emmanuelle Calvé danse avec la vague, se débat contre le courant qui cherche à l’emporter, contre ses transformations avant de les accepter. Avant de renaître à sa vie, de remonter à la surface de la mer, elle se transforme en femme-poisson. Coiffée d’une tête de poisson au long cou de serpent, Calvé nous offre alors l’un des plus beaux moments de ce spectacle onirique, qui ne laisse qu’une envie : se laisser emporter par la vague pleine de douceur.

L’univers d’Emmac, peuplé de créatures fantastiques, d’animaux et d’étranges personnages aux membres disproportionnés, s’apparente à celui des songes où les êtres se transforment en un instant et où les choses semblent toujours en mouvance. La scénographie de Richard Lacroix, très épurée, et les vibrants éclairages de Karine Gauthier, qui passent des couleurs chaudes aux couleurs froides, s’inspirent de la mer, soufflant tantôt la vague, tantôt les courants des profondeurs.

Bercé par cette ambiance et par l’envoûtante musique de Jorane, qui évoque si bien l’immensité du Grand Nord et de l’océan, le spectateur plonge dans un état de détente proche du sommeil ou de la méditation. L’effet hypnotique de la danse, des éclairages, de la musique, et même du conte récité par Desjardins, accentue l’impression de vivre un rêve éveillé, duquel nous extirpent de force les applaudissements qui en marquent la fin.

09-03-2014