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5 octobre 2014, 11h et 15h (rencontre artistes), 12 octobre 2014, 15h
Matinées scolaires : du 1er au 10 octobre 2014
TerrierTerrier
Dès 4 ans
Idée originale : Les Incomplètes
Dramaturgie : le collectif
Mise en scène Josiane Bernier et Carol Cassistat
Avec Laurence P. Lafaille et Audrey Marchand

Au creux de la forêt, deux petites créatures s’affairent à récolter leurs provisions. Glands, pignes et champignons. Cailloux, pommes et branches, tout est compté et rangé au creux de leur terrier. L’une inventorie, rationne, étudie… L’autre écrit, contemple, savoure… Leur amitié, parsemée de petites discordes, tisse le fil des saisons. Mais voilà qu’un gros conflit les sépare.

Peut-on vivre sans les autres? Quels efforts doit-on faire en amitié? Comment concilier nos différences? TERRIER amène le petit spectateur sur la piste de l’amitié et du vivre ensemble dans un esprit ludique et fantaisiste et ce, sans que les mots n’interviennent.

Cette nouvelle création voit le jour à la suite du projet Petites Formes en CPE nommé Dehors/Dedans, un parcours aux petites formes, initié par Les Incomplètes en 2012. Un complice de longue date, Carol Cassistat, directeur artistique du Théâtre du Gros Mécano, et Josiane Bernier proposent une mise en scène de ces deux personnages attachants imaginés par Audrey Marchand et Laurence Primeau-Lafaille. Une association qui permet le déploiement d’un univers original où le rapport à la terre et de l’humain nous rappelle l’importance de revenir à l’essentiel.


Scénographie : Dominique Giguère
Lumières : Caroline Ross
Environnement sonore et musical : Pascal Robitaille
Images et vidéo : Marilyn Laflamme et
Dominique Giguère
Menus trésors : Pascal Robitaille et Philippe Lessard-Drolet
Crédit photo : Emilie Dumais

Durée du spectacle : environ 50 minutes

Coproduction Théâtre du Gros Mécano et Les Incomplètes


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

par David Lefebvre

Le Théâtre jeunesse Les Gros becs ouvre sa saison 2014-2015 avec une toute nouvelle création coproduite par le Théâtre du Gros Mécano (La Librairie, La ville en rouge) et la jeune compagnie Les Incomplètes, connue principalement pour ses spectacles Eaux et Édredon, destinés à la petite enfance. Avec l’aide de Carol Cassistat, directeur artistique du Gros Mécano, Josiane Bernier des Incomplètes aborde des thèmes un peu plus matures dans Terrier : l’amitié, les différences, la tromperie et la réconciliation.

Deux petites créatures bien curieuses (Laurence P. Lafaille et Audrey Marchand) ramassent tout ce qu’elles trouvent, de la nourriture aux branches, en passant (surtout) par les détritus des humains, comme de vieux téléphones, des lampes et autres artefacts électriques ou métalliques. Alors que la première range, note et conserve les rares victuailles dans un coffre qui sonne à la moindre ouverture des portes, l’autre crée et écrit, contemple et mange en cachette quelques croquées de pomme. Lors d’un petit ménage, la créature plus logique trouve quelques restes de pommes, et folle de colère, jette à la porte du terrier son amie, qui passera l’hiver dehors. Prise de remords, elle partira à la recherche de son amie grâce à une invention de son cru.

Sans paroles, Terrier repose donc sur la limpidité de son propos au travers des actions des deux comédiennes. Laurence P. Lafaille et Audrey Marchand proposent deux créatures des plus drôles et sympathiques ; leurs émotions sont toujours claires, leur jeu, physique, est sans failles. La scénographie de Dominique Giguère nous plonge au cœur de la forêt, grâce à des ombres et des projections simples, mais efficaces, et esthétiquement très réussies, de larges bandes de tissus translucides imitant des troncs d’arbres et un gros monticule qui s’ouvre pour nous donner accès au terrier proprement dit. Si les éclairages de Caroline Ross pouvaient être, au départ, un peu plus éloquents, pour bien séparer l’extérieur (la forêt) versus l’intérieur (le terrier), ils deviennent par contre superbes, particulièrement lors d’une nuit orageuse et de l’arrivée subite de la saison froide. La musique est peu présente : mis à part une ouverture à la Peer Gynt, mélodie archiconnue évoquant le réveil de la forêt grâce, notamment, au chant des oiseaux à la flûte traversière, l’ambiance sonore est davantage créée à partir du bruit des artefacts que ramassent les deux créatures.

Par contre, quelques choix artistiques minent la représentation. Quelques longueurs s’imposent dès le début de la représentation : si l’on aime voir évoluer dans leur quotidien les deux créatures poilues, l’élément perturbateur se fait grandement attendre, surtout après les nombreux indices disséminés au cœur de l’intrigue. Les cris des créatures deviennent rapidement répétitifs ; l’équipe rate peut-être ici une belle occasion d’incorporer quelques mots français pour accentuer le côté humoristique du « dialogue » et pour que les plus grands puissent connecter davantage avec les comédiennes. Les objets insolites surprennent nos deux comparses, mais pas assez pour qu’ils les utilisent d’une manière plus originale. De plus, la morale de l’histoire se voit écorchée. Terrier trouve quelques échos dans la fable de la cigale et de la fourmi de la Fontaine, essentiellement dans l’idée d’économiser la nourriture pour l’hiver au lieu de s’empiffrer selon notre appétit sans lendemain. Celle qui se voit chassée du nid souffre à peine de sa trahison et ne semble rien apprendre de celle-ci, alors que celle qui, pour le bien commun, protégeait la nourriture, se voit prise en défaut, rongée par les remords. Cette dernière, une fois réunies, partage sans compter le contenu de son garde-manger en signe d’ouverture. Le partage et la vie en commun sont certainement des concepts que l’on doit inculquer et faire comprendre aux plus petits, surtout avec l’entrée imminente de la garderie ou de la maternelle, mais les conflits qui résultent de ces choix se doivent d’être expliqués et compris ; il y a un temps pour le partage et un temps pour la raison, et Terrier échoue malheureusement à faire comprendre ces notions, plus poussée vers la bonne entente et l’humour. L’effort d’une réconciliation doit tout de même se faire des deux côtés, surtout lorsque tout le monde est responsable.

Cela dit, Terrier est une toute nouvelle création qui amuse petits et grands et promet énormément ; elle saura certainement corriger au fil du temps les quelques accrocs de sa mise en scène pour ainsi consolider son propos.

05-10-2014