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2 novembre 2014, 15h (rencontre avec les artistes), 9 novembre 2014, 15h
Matinées scolaires : du 30 octobre au 7 novembre 2014
Dans le noirDans le noir, les yeux s'ouvrent
Dès 6 ans
Scénario : Gaël Della Valle, Claudia Gendreau, Jean-Philippe Joubert et Andréanne Joubert
Idée originale : Gaël Della Valle et Andréanne Joubert
Mise en scène Jean-Philippe Joubert
Interprétation et création : Andréanne Joubert, Gaël Della Valle, Gabrielle Garant et Hugues Sarra-Bournet

Estelle contemple le ciel étoilé par la toute petite fenêtre de sa chambre; une foule d’interrogations se bousculent en elle. Soudain, alors que les questions tourbillonnent dans sa tête, sa chambre vole en éclat! Estelle se retrouve propulsée dans le vide et dans le noir, au centre même du vertige de ses réflexions.

À travers une suite de tableaux physiques, elle amorce un périple qui lui fait redécouvrir autant la lumière et les forces de l’univers que la puissance de sa curiosité. Par cette aventure, Estelle apprivoise la chute, l’équilibre et la collaboration, lui ouvrant ainsi les yeux sur de nouvelles perspectives.

Jean-Philippe Joubert, directeur artistique de Nuages en Pantalon – compagnie de création s’associe à Cirque-Théâtre des bouts du monde, une jeune compagnie de cirque. Les deux équipes explorent un nouveau langage pour exprimer le vertigineux chemin de la vie à travers la roue Cyr, l’acrobatie, la jonglerie et l’équilibrisme. Autant de disciplines qui nous font voir et vibrer avec la lumière. C’est un rendez-vous avec la magie du son, le noir d’une salle de théâtre et des artistes de grands talents qui savent nous surprendre et nous éveiller aux mystères de certaines prouesses qui défient les lois de la gravité.


Section vidéo


Espace, costumes et accessoires : Claudia Gendreau
Musique : Mathieu Campagna
Conception des éclairages et des projections : Jean-Philippe Joubert
Conception des appareils de cirque lumineux : Gaël Della Valle
Assistance à la création : Caroline Martin
Assistant technique: Marc Doucet
Crédit photo : Claudia Gendreau

Durée du spectacle : environ 60 minutes

Production Nuages en pantalon (Québec) en collaboration avec Cirque-théâtre des bouts du monde (Montréal)


Les Gros Becs
1143, rue Saint-Jean
Billetterie : 418-522-7880 poste 1

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 Critique
Critique

par David Lefebvre


Crédit photo : Nuages en pantalon

Que ce soit pour le jeune public ou celui plus adulte, ou même les deux en même temps avec la trilogie Le Projet Eau, Nuages en pantalon a su se démarquer au fil des années et devenir une compagnie forte et innovatrice, proposant des productions d’une grande pertinence, qui aime expérimenter avec la notion de théâtralité tout en invitant d’autres disciplines à se joindre à elle. Ce mélange des genres se retrouve d’ailleurs au cœur de l’un de ses plus récents projets, Dans le noir, les yeux s’ouvrent, mis en scène par Jean-Philippe Joubert et créé en collaboration avec une jeune compagnie circassienne, Cirque-Théâtre des bouts du monde.

Estelle doit aller au lit, mais elle est assaillie par un million de questions, littéralement. Alors qu’elle regarde les étoiles et réfléchit à l’univers, les murs de sa chambre disparaissent. Elle plonge alors dans le monde de l’ombre, où elle apprend à voir les créatures qui y habitent, à se tenir en équilibre, et recréer physiquement ce que son esprit pouvait imaginer. Dans cette recherche, la lumière deviendra son alliée, dans les déclinaisons de bleu, vert et rouge.

L’idée originale de Gaël Della Valle et d’Andréanne Joubert est une petite mine d’or. Explorer et démontrer tous les questionnements et l’imagination d’une jeune fille très curieuse par l’entremise de métaphores physiques, soit des tableaux d’acrobatie, d’équilibrisme et de jonglerie, est absolument emballant. La plupart des numéros sont d’ailleurs fort réussis : si les trois comparses de la jeune fille (Andréanne Joubert, que l’on avait pu voir dans le superbe Devant moi, le ciel), soit Gaël Della Valle, Gabrielle Garant et Hugues Sarra-Bournet, sont d’abord habillés de noir, se confondant avec la noirceur et créant l’illusion qu’Estelle virevolte dans les airs, ces silhouettes à peine perceptibles perdent peu à peu leurs parts d’ombre et dévoilent leurs personnalités colorées. Vient ensuite un joli numéro de roue Cyr, puis d’équilibrisme sur chaises de bois, des acrobaties avec portées et un numéro plutôt spectaculaire de trampoline – maquillé en immense lit, une belle idée qui ramène, en fin de course, l’enfant à sa chambre. La marionnette se pointe aussi le bout du nez, avec la personnification du mobilier de la chambre à coucher : lampes et pupitre prennent vie pour aider la jeune fille dans sa quête.

Et quête, il y a. Réside possiblement là le point faible de l’entreprise. Si les interrogations d’Estelle sont d’une impeccable pertinence, essentiellement sur l’existence (la sienne, celle des choses quand la lumière s’éteint ou quand on ferme les yeux), elles deviennent au fil du temps beaucoup trop nombreuses. Sa curiosité n’a d’égal que le nombre d’étoiles au ciel ; si certains spectateurs peuvent être émerveillés par la pensée réellement vertigineuse d’Estelle, d’autres pourraient carrément s’y perdre, et pas seulement les plus jeunes. Les liens entre les tableaux circassiens et les réflexions sont parfois ténus ou flous, comme si le côté ludique du spectacle se voyait amputé, voire grugé par le côté existentialiste du texte. Par contre, il y a des perles de philosophie dans les questions qu’Estelle se pose : « est-ce qu’il y a un centre à l’univers ou si chaque point de l’univers est un centre en soi ? »

Le spectacle ne baigne pas dans un éclairage général : on utilise la lumière de manière à la représenter comme une entité vivante, qu’elle provienne d’objets avec lesquels on jongle, de lampes ou encore d’ampoules électriques représentant les étoiles. Pourtant, on sent un manque, comme si le concept n’avait pas été poussé jusqu’au bout. Par contre, certaines projections vidéo de la silhouette toute en lumière qui reproduit les acrobaties d’Estelle, projetées sur tous les murs de la salle, ou encore des ombres chinoises classiques produites avec les mains sont plutôt bien rendues.

Mis à part le décor sommaire de la chambre à coucher, qui s’envole dans les premières minutes du spectacle, la scénographie est inexistante : tout est produit par l’imaginaire d’Estelle et celui du public. Par contre, les lourds rideaux noirs qui ferment la scène viennent toujours rappeler au public qu’il assiste à un spectacle et brisent un peu la magie en enfermant l’action sur une scène, malgré elle, trop présente.

La jeune création Dans le noir, les yeux s’ouvrent n’est certes par parfait, mais ose marier le théâtre aux arts circassiens avec tout de même beaucoup d’agilité. Le spectacle saura évoluer et trouver sans doute son équilibre entre la force de la parole, en se concentrant sur quelques points au lieu de s'éparpiller, et la poésie du geste qui est déjà plus que prometteur.

02-11-2014