Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Les Plouffe
Du 14 janvier au 8 février 2020
Supplémentaires samedi 1er février 20h, les dimanches 2 février 15h et 9 février 15h
Il sera également possible d’acheter des billets pour la représentation scolaire du mardi 4 février 13h

Nous sommes en 1938, en plein quartier St-Sauveur; Ovide Plouffe travaille dans une manufacture, mais ne s’en satisfait pas. Il rêve de s’élever au-dessus de tout ça. Il rêve aussi d’un rendez-vous avec la belle Rita Toulouse. Son frère Guillaume, lui, aspire à devenir joueur de baseball professionnel aux États-Unis. Tous les membres de la famille Plouffe se débattent avec le clergé, la misère et les revers du destin dans une société qui traverse de grandes mutations. La famille sera marquée notamment par la Grande Dépression, la Deuxième Guerre mondiale, mais aussi, par les petites et les grandes trahisons.

Roger Lemelin

Roger Lemelin est né à Québec dans le quartier ouvrier de Saint-Sauveur. À la suite d’un accident de ski qui le maintient au lit pendant plusieurs mois, il écrit, à 25 ans, son premier roman, Au pied de la Pente douce. De 1944 à 1952, il est correspondant canadien pour les magazines américains Time et Life. Une bourse de la Fondation Guggenheim lui permet de rédiger son second livre, Les Plouffe, qui paraîtra en 1948. Au cours des années 50, les personnages de ce roman font l'objet d'une série qui devient un des premiers grands succès de la télévision québécoise. Dans son œuvre, cet auteur aborde des thèmes comme le clergé, la famille, l'ignorance, le nationalisme et les tabous sexuels. De 1972 à 1981 il est président et éditeur du journal La Presse, une position qui lui donne une tribune de choix pour défendre ses convictions. Il quitte La Presse au début des années 80, puis renoue avec la fiction, en préparant avec Gilles Carle le scénario du film Les Plouffe et celui qui fut tiré du Crime d’Ovide Plouffe avec Denys Arcand et Gilles Carle. En 1990, il reçoit la Légion d'honneur en France.

Isabelle Hubert

Depuis sa sortie de l’École nationale de théâtre du Canada, en 1996, Isabelle Hubert a vu une dizaine de ses textes créés sur les scènes de et du Québec. Parmi eux, mentionnons Couteau, sept façons originales de tuer quelqu’un avec…, Boudin, révolte et camembert, À tu et à toi ( production finaliste pour le Prix de la critique de Québec 2007-08 ), La robe de Gulnara ( Prix de la critique de Québec 2009-10 ), Laurier Station, 1001 répliques pour dire je t’aime ( Prix Coup de Coeur Télé-Québec, FAIT 2012 ), Frontières et Le cas Joé Ferguson. Auteure polyvalente, elle aussi adapté des romans pour la scène (Agaguk d’Yves Thériault et Moby Dick d’Herman Melville), écrit des comédies d’été qui connaissent beaucoup de succès, prêté sa plume à des projets muséologiques et participé à titre de scénariste à quelques projets de cinéma et de télévision. Elle a réalisé plusieurs résidences d’écriture, entre autres, à Londres, à Villeneuve-lès-Avignon et en Guadeloupe. Depuis 2005, elle enseigne l’écriture dramatique à l’Université Laval.


De Roger Lemelin
Adaptation d'Isabelle Hubert
Mise en scène de Maryse Lapierre
Avec Marie-Ginette Guay, Gilles Renaud, Jacques Girard, Renaud Lacelle-Bourdon, Maxime Beauregard-Martin, Sarah Villeneuve-Desjardins, Jean-Michel Girouard, Alice Moreaut, Frédérique Bradet, Alex Godbout, Mary-Lee Picknell, Robin-Joël Cool


Crédits supplémentaires et autres informations

Musique Robin-Joël Cool et Viviane Audet
Assistance à la mise en scène Gabrielle Arsenault
Scénographie Marie-Renée Bourget-Harvey
Éclairages Erwann Bernard
Costumes Sébastien Dionne

Mardis et mercredi 19h30, jeudis au samedis 20h, dimanches à 15h et les deux derniers samedis à 16h

Durée : à venir

Mardi au dimanche
Adulte 52$
Ainés* 46$
35 ans et moins 52$
Étudiants** 39$

*Sur présentation d'une carte d'identité au moment de l'achat.
** Sur présentation d'une carte étudiante au moment de l'achat.
Les taxes sont incluses dans les prix affichés ainsi que les frais de service variant de 4 $ à 5,50 $ par billet.

Production Le Trident
En coproduction avec le Théâtre Denise-Pelletier


______________________________________
Critique disponible
            
Critique

Les Plouffe, le roman de Roger Lemelin publié en 1948, a touché plusieurs générations de Québécois et de Québécoises par le biais d’adaptations pour la radio, la télévision et le cinéma. L’histoire de cette famille à la fois universelle et pas comme les autres est adaptée pour la première fois pour la scène au Théâtre du Trident à Québec. Cette nouvelle production, très réussie sous toutes ses facettes, est à la fois drôle et touchante.






Crédit photos : Stéphane Bourgeois

La création de cette pièce près du quartier Saint-Sauveur où se déploie l’action est d’une grande force symbolique. Au centre d’un décor fait de structures de bois qui rappellent les escaliers reliant la basse-ville à la haute-ville se trouve la fameuse cuisine des Plouffe, cœur battant de la famille et du voisinage. On y dépeint le quotidien d’une famille ouvrière vers 1940, à la veille de la guerre et peu avant le mouvement d’affirmation nationale du Québec. Pris entre deux époques, entre la tradition et la modernité, le carcan de la religion et l’attrait de la liberté, les personnages portent en eux leurs contraintes, leurs obligations, leurs rêves et leurs ambitions.

Le film réalisé par Gilles Carle en 1981 est probablement la version la plus connue de la saga familiale des Plouffe. Conseil d’amie : pour profiter pleinement de l’expérience théâtrale, mieux vaut éviter de le visionner juste avant la pièce. L’esprit aura moins tendance à s’égarer dans l’analyse comparative et sera plus disposé à accueillir la pièce de théâtre en elle-même. En effet, les dialogues et les choix de mise en scène font plus que s’en inspirer, ils sont quasiment des copies intégrales d’extraits du film de Gilles Carle. Même le jeu des acteurs et actrices fait souvent écho à celui des comédiens d’origine. De ce point de vue, la pièce est un véritable « hommage » au film, à l’instar d’un groupe de musique hommage qui reproduirait la performance d’artistes connus.

En adoptant un ton ludique, cette adaptation théâtrale a tout pour charmer le public de 2020 et lui faire découvrir ou redécouvrir une œuvre majeure de notre répertoire.

Il y a toutefois une part de nouveauté dans cette production théâtrale. L’œuvre de Roger Lemelin est revisitée par le regard contemporain de deux femmes qui n’ont pas grandi sous le joug des curés ni avec la crainte de voir leur fils mourir au front. L’adaptation d’Isabelle Hubert valorise la fresque familiale, universelle et intemporelle, plutôt que d’insister sur le lourd contexte social et politique qui marquait l’époque. Toute grisaille s’efface par la mise en scène de Maryse Lapierre, ludique et légère dans toute sa complexité. Il suffit de voir la quinzaine d’artistes fourmiller sur scène, enchaînant les changements de personnages et de costumes, pour se laisser happer par la vie bouillonnante d’un quartier.

Les personnages ont eux aussi changé, évolué, voire se sont émancipés depuis leur mise au monde. La sévérité présente dans le roman des années 1940 laisse ici place à une certaine drôlerie. Le curé Folbèche (Jacques Girard) a troqué ses sourcils froncés pour un air jovial et débonnaire. Le caractère niais de Napoléon Plouffe (Jean-Michel Girouard) verse dans la facétie. Son frère Guillaume Plouffe (Alex Godbout) s’apparente à un grand ado. La charmante Rita Toulouse (Alice Moreault) joue moins la séductrice que la jeune folâtre. L’aspirant journaliste Denis Boucher (Maxime Beauregard-Martin) a perdu ses origines françaises tout en devenant le narrateur clé qui retrace le fil des événements.

Même les personnages plus bourrus ou taciturnes dévoilent leur côté sympathique. Le caractère bien trempé de la grande sœur célibataire (Frédérique Bradet) et des parents Plouffe (Marie-Ginette Guay et Gilles Renaud) suscitent des situations cocasses au travers de leurs frustrations et de leurs revers. Leur fils Ovide Plouffe (Renaud Lacelle-Bourdon), qui cherche toujours sa place en ce monde, a lui aussi gagné une certaine confiance en lui tandis que sa marginalité semble bien moins douloureuse à porter.

Sans se transformer en comédie, cette adaptation des Plouffe est sans contredit la plus ludique qui ait été réalisée jusqu’à présent. Les choix scénographiques mettent surtout en relief les aspects lumineux de la vie familiale et de quartier. La musique et l’environnement sonore ajoutent au dynamisme, surtout lorsqu’acteurs et actrices se regroupent pour chanter l’opéra, une ballade country ou du jazz langoureux aux paroles de circonstance. 

Si l’histoire de cette famille a marqué des générations de Québécois et de Québécoises, c’est en bonne partie parce que chaque reprise a su se mouler à son époque. En adoptant un ton ludique, cette adaptation théâtrale a tout pour charmer le public de 2020 et lui faire découvrir ou redécouvrir une œuvre majeure de notre répertoire. Elle prouve que le divertissement peut être une porte d’entrée sur le drame, et que le plaisir peut s’arrimer aisément à l’émotion.

19-01-2020


Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

Facebook Twitter YouTube