Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 18 septembre au 13 octobre 2012, 20h
Tout ce qui tombeTout ce qui tombe
Texte de Véronique Côté
Mise en scène de Frédéric Dubois
Avec Catherine-Amélie Côté, Steve Gagnon, Marie-Hélène Gendreau, Julianna Herzberg, Benoit Mauffette, Olivier Normand et Édith Patenaude

Trois décennies, quatre histoires d’amour, six destinées qui s’entremêlent. Des rencontres qui déclenchent tempêtes, remises en question, abandons. Jusqu’où ces couples seront-ils prêts à aller ? La fragilité des individus, confrontés seuls à la réalisation de leurs rêves, les fait chanceler : partir ou rester ? Vivre ou disparaître ? Qu’est-ce qui est juste ? S’enfuir ou s’embrasser ? Un texte émouvant, où toutes les questions sont empreintes des grands tourments de notre époque. Des départs qui font que tout s’effondre, des personnages qui tremblent, et des histoires qui consolent. Cette création d’une auteure de Québec, Véronique Côté, est présentée en première mondiale. Elle propose un voyage au cœur de la vie, entre l’Allemagne et le Québec, de 1989 à 2009.


Scénographie : Marie-Renée Bourget Harvey
Costumes : Yasmina Giguère
Éclairages : Caroline Ross
Musique : Pascal Robitaille
Crédits : Hélène Bouffard et Stéphane Bourgeois sbhb.ca / Design : diese.ca
Projections : Lionel Arnould

Tout de qui tombe sera aussi présenté au Théâtre d'Aujourd'hui à Montréal du 30 octobre au 17 novembre 2012.

Création du Théâtre des Fonds de Tiroirs et du Théâtre du Trident,
en codiffusion avec le Théâtre d’Aujourd’hui


Théâtre du Trident
269, boul. René-Lévesque Est
Billetterie : 418-643-8131 - 1-877-643-8131

Facebook Twitter YouTube
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Sophie Vaillancourt-Léonard


Crédit photo : Vincent Champoux

Tout ce qui tombe, c’est trois hommes et quatre femmes ; trois couples et une globe-trotteuse. C’est aussi trois époques : 1989, 1999 et 2009, et deux villes, Québec et Berlin. C’est une histoire d’exilés, de gens qui fuient pour entrer, d’autres pour sortir, de gens qui se fuient eux-mêmes ou qui fuient l’autre pour mieux le retrouver. Tout ce qui tombe, c’est le hasard des rencontres, le destin, le choix, la peur, l’amour, le temps qui passe, les blessures qui restent et les bonheurs qui hantent. Tout ce qui tombe n’est pas une histoire triste, c’est la vie dans ce qu’elle a de plus beau et de plus laid à la fois : la recherche de soi et de l’autre.

La pièce d’ouverture de la 42e saison du Trident est l’œuvre de l’auteure Véronique Côté, commandée et mise en scène par Frédéric Dubois, qui repose sur sept comédiens, constamment présents sur scène pendant presque deux heures. Leur présence constante n’est pas innocente : Tout ce qui tombe est l’histoire de chacun et de tous à la fois. D’un couple séparé par un mur et d’un autre qui s’éloigne dans la perte de l’ouïe ; de deux amoureux qu’un océan intérieur sépare et d’une jeune femme perdue et pleine d’espoir. Une mention spéciale d’ailleurs à ces quatre comédiennes et trois comédiens, tous d’une justesse troublante et émouvante ; si Catherine-Amélie Côté sait conquérir les coeurs dès son entrée en scène avec cette Marie errante et tellement confiante de trouver un jour « son miracle », Édith Patenaude remporte clairement la faveur générale avec une Sophie drôle, criante de vérité et émouvante. À eux sept, les comédiens de Tout ce qui tombe incarne toute l’humanité de ce mal, bien de notre époque, soit ce besoin d’errer, d’être toujours convaincu qu’on serait peut-être mieux ailleurs alors que le bonheur nous pend au bout du nez.

Par contre, lors des premiers monologues, même si le texte demeure plutôt facile à suivre, ceux des dialogues en allemand surtitrés de façon très stylée en arrière-scène auraient intérêt à être écrits plus clairement et à défiler plus lentement. Le texte de Véronique Côté est beau, juste, sans artifice, et a cette qualité de toucher sans se lancer dans de grands discours. Pourtant, la finale offre un goût un peu plus amer : pourquoi cette fin à tendance moralisatrice, proposant des phrases mille fois entendues, qui rappelle à l'homme « qu'il serait plus heureux en communiquant mieux » ? Le spectateur devrait pouvoir retourner à sa vie avec ce sentiment bien ancré au fond de lui que nous vivons tous la même chose, que rien n’est perdu et qu’il a compris.

Malgré ces petites lacunes, le texte de Véronique Côté est une grande réussite et nous fait aimer ces sept personnages errants. Le ravissement et le sourire qu’affichent les spectateurs en sortant de Tout ce qui tombe n’ont d’égal que le talent de cette jeune production et l’espoir de rapidement les retrouver… ailleurs.

21-09-2012