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Festival TransAmériques - 26-27 mai 2017, 20h
7 Pleasures
Danse
Conception et chorégraphie Mette Ingvartsen
Interprétation Johanna Chemnitz + Katja Dreyer + Bruno Freire + Elias Girod + Gemma Higginbotham (en remplacement de Marie Ursin) + Dolores Hulan + Ligia Lewis  (en remplacement de Calixto Neto) + Danny Neyman + Norbert Pape + Pontus Pettersson + Manon Santkin (en remplacement de Sirah Foighel Brutmann) + Hagar Tenenbaum

Ils sont 12, peut-être un. Leurs corps nus se touchent, se connectent, exultent. Ensemble, ils sont le mouvement. Une fascinante marée humaine se déversant avec délectation dans un décor quotidien. Les plaisirs les plus élémentaires reprennent leurs droits dans 7 Pleasures de la chorégraphe danoise Mette Ingvartsen, à découvrir pour la première fois au Canada. Une grande fête des sens pour public consentant.

Alors que les promesses de plaisir se vendent à la pelle, sommes-nous maîtres de nos corps et de nos désirs ? Avec sa dizaine de danseurs nus formant d’improbables constellations, Ingvartsen interroge les conditionnements autour de la sexualité. Masse ondulant de manière organique, les danseurs pulsent sous percussions hypnotiques, convulsions, râles et jeux sensuels. Sexuelle mais à mille lieues du pornographique, étonnamment subversive parce que non provocante, l’expérience hautement sensorielle déstabilise. D’une beauté méticuleusement composée, de celle qui élève la nudité au rang du mystère de la vie.

Mette Ingvartsen (Copenhague + Bruxelles)

Audace, recherche et dépassement : Mette Ingvartsen, qui a achevé ses études à l’école bruxelloise de danse contemporaine P.A.R.T.S., ouvre d’étonnants espaces à la danse contemporaine.


Section vidéo


Lumières Minna Tiikkainen
Musique et trame sonore Peter Lenaerts
Musiques originales Will Guthrie
Scénographie Mette Ingvartsen + Minna Tikkainen
Dramaturgie Bojana Cvejić
Rédaction Elsa Pépin
Traduction Neil Kroetsch
Photo Marc Coudrais

Durée : 1 h 40 en français et en anglais

26 mai / Rencontre après la représentation

Création au steirischer herbst, Graz, le 26 septembre 2015

Un spectacle de Mette Ingvartsen / Great Investment

Coproduction steirischer herbst festival (Graz) + Kaaitheater (Bruxelles) + HAU Hebbel am Ufer (Berlin) + Théatre National de Bretagne (Rennes) + Festival d’Automne (Paris) + Les Spectacles vivants – Centre Pompidou (Paris) + PACT Zollverein (Essen) + Dansens Hus (Oslo) + Tanzquartier Wien + Kunstencentrum BUDA (Courtrai) + BIT Teatergarasjen (Bergen) + Dansehallerne (Copenhague)

Avec le soutien de Flemish Authorities + Hauptstadtkulturfonds (Berlin) + Danish Arts Council
Soutien à la recherche et résidence APAP (New York) avec le soutien de Programme Culture de l’Union Européenne


FTAUsine C
1345, avenue Lalonde
Billetterie : En ligne : fta.ca
Par téléphone 514 844 3822 / 1 866 984 3822
En personne :
La Vitrine, billetterie officielle du FTA* - 2, rue Sainte-Catherine Est (métro Saint-Laurent)
*En personne, les billets pour les spectacles présentés à la Place des Arts ne sont pas en vente à La Vitrine, mais exclusivement à la PDA.

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Critique

Diplômée de l’École bruxelloise de danse contemporaine P.A.R.T.S. (2004), Mette Ingvartsen a performé dans des spectacles de Xavier Le Roy et de Boris Charmatz. Avec 7 pleasures, la chorégraphe danoise poursuit son cycle intitulé The Red Pieces, qui s’attache aux notions d’affects et de sensations. Après avoir exploré les frontières entre l’espace public et l’espace privé dans 69 positions (2014), elle interroge maintenant les questions de nudité, de corps politisé et de sexualité. 7 pleasures est un spectacle d’une rare beauté plastique, à contempler comme une grande sculpture vivante de corps enchevêtrés.

L’entrée du public se fait sur la musique percussive et répétitive de Will Guthrie. À peine les spectateurs ont-ils fini de prendre place dans la salle qu’un premier danseur, assis parmi eux, se lève et commence à se déshabiller. Puis, tour à tour, les autres interprètes dispersés dans la salle font de même, confrontant les spectateurs à leurs corps alors offerts. La salle reste éclairée alors que les danseurs se frayent un chemin jusqu’au fond de la scène pour s’empiler les uns sur les autres en une masse de corps indifférenciés. Les yeux fermés, les danseurs se meuvent lentement et font corps avec les objets qui les entourent, comme si une symbiose s’opérait entre les objets, les corps et l’environnement dans lesquels ils évoluent. Les douze corps relativement homogènes – jeunes, pâles, athlétiques – se fondent ensemble comme une marée humaine dans laquelle il n’est plus possible de distinguer l’individualité de chacun. Comme liquéfiés, les corps envahissent le décor et enveloppent la matière.

Conçu par Minna Tikkainen et Mette Ingvartsen, le décor très réaliste offre un contraste saisissant avec le caractère organique de la chorégraphie. Les danseurs détournent d’ailleurs sans cesse le rôle associé habituellement à ces objets quotidiens, en posant des actions qui rappellent souvent l’art de la performance : ils s’enroulent dans un tapis, lèchent les feuilles d’une plante verte, fouettent le sol avec des boyaux d’arrosage, mâchent des morceaux de papier pour les recracher violemment. Les objets employés sont traités comme des entités désirées et « désirantes », avec lesquelles les danseurs peuvent entrer en contact et entretenir un rapport charnel.

Le titre évoque la structure en sept parties du spectacle, qui oscille entre des tableaux d’une extrême lenteur et d’autres très intenses où les corps vibrent au rythme de secousses incontrôlables. Une scène évoque plus directement les relations de pouvoir, alors que la moitié de la distribution se rhabille et que des morceaux de vêtements sont utilisés comme instruments de coercition sur les autres danseurs restés nus. Le spectateur est aussi inclus dans ce rapport de domination. Si la nudité place d’abord les interprètes dans une position de vulnérabilité apparente, ce rapport de force est rapidement renversé alors que le public est confronté à des corps qui débordent de la scène pour venir envahir son espace. La scène finale est très puissante à cet égard, puisque de manière frontale, les danseurs soutiennent le regard des spectateurs en avançant vers eux et en poussant des cris et des gémissements.  Ces pulsations vocales sensuelles et hypnotiques sont à l’image de celles plus brutes qui introduisaient le spectacle.

Mette Ingvartsen invite le public à une cérémonie rituelle dionysiaque qui célèbre la jouissance sensorielle et qui instaure un rapport à la nudité et à l’intime bien loin de celui que l’on retrouve dans les médias et la publicité.

27-05-2017