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Festival TransAmériques - 22 mai 2014, 20h30, 3, 4 et 5 juin 2014, 19h
NoShowLe NoShow
Théâtre
En français
Un spectacle de Collectif Nous Sommes Ici et Théâtre DuBunker
Texte François Bernier, Alexandre Fecteau, Hubert Lemire et Maxime Robin en collaboration avec les acteurs
Avec Francesca Bárcenas, François Bernier, Frédérique Bradet, Hubert Lemire, Florence Longpré, Julien Storini, Sophie Thibeault

Ils sont irrévérencieux, inventifs, effrontément jeunes. Ils vous entraînent dans un événement férocement festif pour mettre la hache dans quelques tabous artistiques, dont celui de l’argent. Ils logent d’ailleurs dans quelques tentes plantées sur l’Esplanade de la Place des Arts. Quoi, le théâtre ne paie même pas le loyer ? Parlant d’argent, vous devrez acheter votre billet sur place, et vous aurez le choix entre six tarifs — dont ne rien payer. Mais ceci n’est que la première décision qui vous attend ; plusieurs autres défileront. À vrai dire, ce sera frénétiquement interactif ce soir-là ! À coups de textos, c’est vous qui déterminerez ce que sera le NoShow.

On dit que « The show must go on ». D’accord, mais pourquoi ? Quelle valeur accordez-vous au théâtre ? Et à quel prix doit-on s’y vouer ? Vous voilà partie prenante d’un univers à la fois réel et fictif, où le coût du théâtre et sa valeur comme art s’affrontent avec un humour carnassier.

Fondé à Québec en 2008, le collectif Nous sommes ici, principalement animé par le metteur en scène Alexandre Fecteau, travaille à la création d’un théâtre singulier, événementiel et relationnel qui souhaite faire vivre à chaque spectateur une expérience personnelle et immédiate. Chacune de ses créations repose sur la mise au point d’une forme originale, née des enjeux propres au spectacle, forme par laquelle la relation entre les acteurs et les spectateurs attribue un rôle actif à ces derniers. Jusqu’ici, la compagnie a produit L’étape – Un docuthéâtre multimédia, sur le phénomène du covoiturage, et Changing Room, sur l’univers intime des drag queens, La date, sur la séduction et les rencontres ainsi que le NoShow, dont la création a eu lieu au Carrefour international de théâtre à Québec en 2013.

La Troupe DuBunker, fondée en 2005 par des finissants du Conservatoire d’art dramatique de Montréal, privilégie les distributions importantes afin de renforcer la dimension collective de l’acte théâtral autant au sein de ses équipes créatrices que dans son rapport au public. La démarche artistique de la troupe repose également sur un travail de découverte dramaturgique, que ce soit un Dostoïevski inconnu (Le songe de l’oncle), un auteur français peu entendu au Québec  (Le diable en partage de Fabrice Melquiot) ou une création comme Je voudrais (pas) crever de Marc-Antoine Cyr.


Section vidéo
une vidéo disponible


Vidéo Marilyn Laflamme
Conception sonore, régie générale et direction technique Olivier Gaudet-Savard
Photo Cath Langlois
Rédaction Paul Lefebvre

Création au Théâtre Périscope, Québec, le 21 mai 2013

Durée : 2h15

Présentation en collaboration avec Cinquième Salle
Avec le soutien de Hydro-Québec


FTACinquième salle
Place des Arts
Billetterie : Billets en vente les soirs de représentation dès 18h à l'entrée de la Cinquième Salle, aucune réservation
Quartier général FTA : 300, boul. de Maisonneuve Est

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge


Photo de production - Crédit photo : Cath Langlois

Après l’annulation inattendue et désolante d’Helen Lawrence, qui devait lancer la huitième et dernière édition du Festival TransAmériques concoctée par Marie-Hélène Falcon en tant que directrice artistique, on a proposé aux jeunes artistes du NoShow – spectacle qui sera joué les 3, 4, et 5 juin prochain – d’ouvrir le bal. Le spectacle met la table et s’interroge, à sa façon, sur la place de l’artiste dans sa société. Un éternel questionnement qui a toujours été au cœur des programmations du célèbre festival montréalais.

L’expérience du NoShow se veut totale. Au moment de se procurer un billet, on nous demande de déterminer la valeur de celui-ci par l’entremise d’une petite liste de choix qui varient entre la messe du dimanche (0$), jusqu’au billet de match de hockey (129$). À la discrétion du spectateur de faire son prix en toute confidentialité, et ce, jusqu’à la fin de la transaction.

En début de spectacle, les revenus du guichet nous sont révélés. De ceux-ci sont déduits les différents frais de production, et l’argent restant est donc alloué au salaire des comédiens. Ces derniers nous expliquent qu’ils refusent de jouer en étant sous-payés : des sept comédiens prévus pour le spectacle, seulement trois pourront être embauchés ce soir, selon l’argent restant de la billetterie. Des dons au chapeau nous donnent droit à un quatrième acteur. Qui jouera ce soir ? Allons jusqu’au bout, c’est au public de choisir pour quel acteur il a payé. Considérant que tous les acteurs ne joueront pas, il nous est expliqué que, bien entendu, ce n’est pas l’ensemble du spectacle qui nous sera présenté. Il est cocasse de dénoter que malgré cela, la représentation a frôlé les trois heures, en ce jeudi soir de première.

Par la suite s’enfilent divers numéros dans chacun desquels se mêlent statistiques et témoignages sur la difficile réalité des acteurs et autres métiers des arts. Quoi que, pas tout à fait : on ne traite ici que des comédiens.

Il y a, de plus en plus, quelque chose d’agaçant à force d’assister à ce type de théâtre. Cette impression qu’il ne s’adresse pas au bon public, à ceux à qui on désire vraiment parler. Puis, celle de ne rien apprendre de nouveau. Il faut donner au NoShow la qualité de nous fournir une multitude de statistiques précises et intéressantes, et mentionner son audace. Rien n’arrête la troupe, qui interpelle un maximum de gens, qu’ils soient assis dans la salle, au bout du fil ou dans la rue. Mais, malgré tout, le spectacle tombe dans la complainte plus souvent que dans la réelle dénonciation (bien que quelques adresses peu flatteuses soient bien lancées). Il nous vient aussi un goût amer dans la bouche à ces quelques moments où chacun se met à rêver de vivre la vie d’un de ces bien nantis de notre société. Certes, on comprend que les acteurs devraient pouvoir avoir un confort matériel aussi, mais c’est assez maladroitement exprimé.

La soirée se termine sur l’Esplanade de la Place des Arts, là où les comédiens nous invitent à échanger avec eux dans leur campement installé pour la durée du festival. L’expérience totale, jusqu’aux toutes dernières minutes de la soirée, si vous le désirez.

Malgré le fait qu’il ne s’agira sûrement pas d’un des moments forts de la programmation de cette année (il faut avouer que les attentes sont hautes pour plusieurs autres spectacles), le FTA a trouvé probablement l’un des meilleurs moyens de commencer les festivités sans laisser de côté ses tendances sociales et politiques. C’est donc un départ : bon festival !

23-05-2014



par Francis Bernier (Carrefour 2013)

En cette 14e édition du Carrefour international de théâtre de Québec, le collectif Nous sommes ici et la troupe montréalaise du Théâtre du Bunker s’associent pour présenter leur plus récente création, Le NoShow un show-must-go-on à tout prix. Le spectacle avait été présenté en formule laboratoire avec comme titreLaboM lors du OFFTA et des Chantiers du Carrefour en 2011.

Le concept est original : le public fixe lui-même le prix de son billet à l’entrée de façon anonyme. Il aura le choix entre le prix d’un match de hockey, d’une entrée à l’opéra, d’un spectacle d’humour, d’un billet de cinéma ou encore celui de la messe du dimanche (dans ce cas-ci le billet ne coûte rien). On cherche ainsi à savoir à combien les gens estiment la valeur d’une oeuvre théâtrale. De cette manière, lorsque la pièce commence, on nous explique que le spectacle sera reconsidéré en fonction du montant amassé de sorte qu’on puisse payer équitablement la distribution. Le public endosse ainsi le rôle de producteur et, selon l’argent mis à sa disposition, il aura à choisir les comédiens qu’il veut voir sur scène tandis que ceux qui n’auront pas été choisis faute de moyens financiers iront faire la grève à l’extérieur pour manifester contre le manque de soutien monétaire aux artistes. Le NoShow pose la question suivante : les subventions servent-elles à financer les artistes ou bien le public?

L’idée est excellente et la question mérite qu’on s’y attarde. On démontre efficacement l’effet nocif de la précarité dans le monde théâtral. Les comédiens se mettent à nu, affichant sans masque leurs incertitudes par rapport au choix de carrière qu’ils ont fait. On est témoin de la difficulté pour l’artiste de créer avec les contraintes financières et les obstacles liés au manque de subventions dans le domaine des arts. Touchant souvent la cible, la mise en scène d’Alexandre Fecteau donne cependant l’effet d’une montagne russe tellement certains moments sont plus forts que d’autres. L’improvisation avec le public autant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la salle est surutilisée, donnant souvent lieu à des moments statiques qui manquent de rythme. L’aspect interactif, quant à lui, gagnerait à diversifier ses procédés, donnant la plupart du temps dans le déjà vu. Les comédiens offrent un jeu sans fausse note très intimiste qui constitue la principale force de la production ; certains instants sont magiques et on arrive autant à faire rire qu’à toucher le spectateur.

Les questions que pose Le NoShow sont légitimes et se doivent d’être énoncées. Quiconque veut faire du théâtre son métier reconsidérera peut-être son choix en voyant le spectacle. Une oeuvre tout à fait originale qui se démarque assurément dans la programmation du Carrefour de cette année.

06-06-2013