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Festival de Casteliers 2017
10 mars 2017, 14h30
Au train où vont les choses
Spectacle familial, 3 ans +
Texte : Karine Gaulin, inspirée de la série Pomelo de Ramona Badescu
Mise en scène : Les Chemins errants, avec la complicité d’Hélène Ducharme
Interprétation : Karine Gaulin et Édith Beauséjour

« Peut-on tricoter le silence et s’en faire une écharpe pour les jours de grand froid?
Ça existe, de l’amour qui ne flétrit jamais?
Si l’on suit son cœur, où va le corps? »

Un jardin de ferraille, un petit robot repu de solitude, un laboratoire de fabrication de sons en direct et le passage d’un train, comme un trou de silence dans la mémoire. Une poésie vivante et sonore en ombres et marionnettes.

Fondée en 2010 sous le nom Les Dragonneries, la compagnie devient en 2015 les Chemins errants sous l’initiative de Karine Gaulin et d’Édith Beauséjour. Elles privilégient un théâtre multidisciplinaire axé sur la sensorialité, la poésie et les images, la marionnette, le mouvement et la musique en direct. La compagnie s’adresse aux tout-petits et aux moyens-grands qui les accompagnent inévitablement! Au train où vont les choses… est leur troisième création.


Scénographie : Les Chemins errants et leurs fidèles acolytes Patrice Daigneault, Antoine Lefebvre et
Sirius Paradis
Marionnettes : Antoine Lefebvre et Karine Gaulin
Musique : Édith Beauséjour
Éclairage : Collaboration de Michel Pinault
Complice au jeu, à la recherche et aux ombres : Marcelle Hudon
Photo : Michel Pinault

Techniques : ombres et marionnettes de table

Durée : 35 minutes

Production Les Chemins errants (Montréal)


Section vidéo


Auditorium Ecole-Paul-Gérin-Lajoie-d’Outremont
475, avenue Bloomfield

A:22$ E:16$ R:20$ G:15$
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A : adultes (13 ans et +) | E : enfants 12 ans et – | R : réduction * | G : groupes (10 pers. et +)
(*Membres AQM, étudiants, aînés 65 ans et +, acheteurs de trois billets de spectacles différents ou plus.
Taxes et redevance incluses.
Les clients qui auront acheté en ligne ou par téléphone des billets au tarif réduction devront présenter une carte d’identité avec photo à l'entrée de la salle de spectacle.

 
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Critique

critique publiée sur l'Espace MonTheatre dans le cadre des Petits Bonheurs 2016

Le robot Boris vit dans un monde où les arbres sont faits d’engrenages, où les plantes poussent en tuyaux et où les petits robots, comme lui, portent en eux un amour qu’ils voudraient ne jamais voir flétrir.

Au train où vont les choses…, la nouvelle production des Chemins errants, allie théâtre d’ombres, marionnettes, poésie et musique pour nous faire entrer dans l’univers mécanique de Boris, une adorable marionnette aux grands yeux pleins d’interrogations. Sous sa peau métallique et ses pièces détachées, Boris a le cœur qui déborde tantôt d’émotions, tantôt de questions. « Peut-on tricoter le temps et s’en faire une écharpe pour les jours de grands froids? Si l’on suit son cœur, où va le corps? Est-ce que les plantes se posent aussi des questions? Est-ce qu’en grandissant on trouve les réponses? ».

Boris captive d’emblée l’attention du jeune public, qui rigole tandis que le robot explore son environnement mécanique, s’occupe de ses plantes, s’étire le cou pour tout voir ou se déplace en équilibre sur un fil. Le train électrique qui file à vive allure crée de très belles ombres sur son passage et fait lui aussi frétiller de plaisir les petits spectateurs, qui en redemandent. La scénographie de cette troisième création des Chemins errants recèle de nombreuses autres surprises, qui contribuent à l’écriture de ce poème aussi visuel que sonore. La musicienne et bruiteuse Édith Beauséjour s’active aux côtés de la marionnettiste Karine Gaulin pour habiller l’univers de Boris : bruit de la pluie, métal des roues du train sur métal des rails, tournevis électrique, chalumeau… Les mots eux-mêmes forment aussi une mélodie.

Les deux créatrices de la compagnie basée à Lac-Mégantic confiaient, lors d’un café-causerie de Casteliers 2016, qu’Au train où vont les choses… est né du besoin de parler aux enfants de la tragédie survenue en juin 2012. Il y a bien sûr ce train au bruit assourdissant et au sifflet paniqué qui traverse et retraverse la scène, et dont l’ombre même effraie Boris. C’est que les parents du robot ont tous deux été happés par le monstre de ferraille, mais c’est à partir de cette féraille qu’il se reconstruit. Au cours de création, le spectacle s’est mis à parler beaucoup plus d’amour que de la tragédie, si bien qu’aujourd’hui, les liens entre la production et l’accident meurtrier de Lac-Mégantic sont bien ténus lorsqu’on ne connaît pas la démarche qui sous-tend Au train où vont les choses… Le regard que l’on porte sur le spectacle change beaucoup en ayant conscience de ce filigrane.

Cependant, le spectacle lui-même se révèle très abstrait par moments. À mi-parcours, le jeune public semble davantage attentif aux effets musicaux et à la mécanique du spectacle qu’au sens des questions soulevées par Boris et par son histoire. La trame narrative tient essentiellement à une succession de questions qui, peu à peu, dévoile l’histoire de Boris et sa grande solitude. Le lyrisme du spectacle, sa belle poésie, demeure finalement en suspens, et ce sont davantage les trouvailles musicales qui séduisent et restent en tête une fois la pièce terminée.

10-05-2016