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Festival de Casteliers 2017
12 mars 2017, 15h
Nordicité
Spectacle pour adultes, à partir de 14 ans
Texte et mise en scène : José Babin
Interprétation : José Babin, Nadine Walsh et Marc-André Goulet

Quelle est cette cicatrice laissée sur mon être par le silence de la toundra? Nord à vendre, Nord de carte postale. Où est le vrai? Où est le faux? Vidéo, objets, acteurs et danse portent ce voyage entre mythes et réalités circumpolaires à la recherche des voix du Nord.

Compagnie de théâtre visuel, le THÉÂTRE INCLINÉ affectionne les espaces morcelés où la matière inanimée, les corps, la lumière et la musique incarnent un « détail » de la toile complète. Chaque nouveau projet prend son impulsion dans les différents territoires qui inspire les créateurs. Cette fois, c’est la terre vue d’en haut.


Scénographie et conception vidéo : Kalle Nio
Conseiller dramaturgique : Pascal Brullemans
Assistance à la mise en scène, marionnettes et costumes : Émilie Racine
Musique : Guido del Fabbro
Éclairage et direction technique : Alexandra Dugal
Assistant à la recherche : Alain Lavallée
Conseillère artistique : Bente Andersen (Samovarteateret, Kirkenes)
Conseillère scientifique : Daria Schwalbe (Arktisk Institut, Copenhague)
Direction de production : Cynthia Bouchard-Gosselin
Photo : Kalle Nio

Techniques : marionnettes à prise directe, objets, prothèses

Durée : 75 minutes

La première de Nordicité a été présentée en Norvège le 11 novembre 2016.

Production Théâtre Incliné (Laval) en coproduction avec Nordland Visual Theatre (Norvège)


Section vidéo


Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest

A:27$ R:24$ G:18$
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A : adultes (13 ans et +) | E : enfants 12 ans et – | R : réduction * | G : groupes (10 pers. et +)
(*Membres AQM, étudiants, aînés 65 ans et +, acheteurs de trois billets de spectacles différents ou plus.
Taxes et redevance incluses.
Les clients qui auront acheté en ligne ou par téléphone des billets au tarif réduction devront présenter une carte d’identité avec photo à l'entrée de la salle de spectacle.

 
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Critique

Après une première visite en terre norvégienne et une présence à Laval ces derniers jours, la pièce Nordicité s’amène au Théâtre Outremont en un dimanche froid, «mais chaud à l’intérieur», comme le précise la direction du festival, Louise Lapointe, avant le début de la représentation. Cette coproduction du Théâtre Incliné de Laval et du Nordland Visual Theatre de Norvège est signée et mise en scène par José Babin. D’une durée d’environ 45 minutes, son traitement demeure encore sage, même si des pointes d’émerveillement émergent à différentes reprises. 


Crédit photo : Kalle Nio

Dans Nordicité, les spectateurs assistent à un théâtre interdisciplinaire où des objets et des marionnettes côtoient des comédiens, de la danse et des projections vidéo. «Il y a ce centre / Autour duquel nous gravitons tous», peut-on lire dans la description du spectacle. L’histoire s’articule ainsi autour d’un voyage qui cherche à confronter les frontières entre les mythes et les réalités d’un coin du nord de l’Europe.

La distribution est composée de Babin, mais aussi de Nadine Walsh et de Marc-André Goulet. L’équipe a travaillé avec une conseillère dramaturgique norvégienne et un vidéaste finlandais dans les Îles Lofoten. Le contexte d’élaboration de la trame narrative s’insère rapidement dans le récit. Babin nous confie les souvenirs d’une autre aventure marquante pour elle au Nunavut, qui a aussi influencé l’écriture de Nordicité. Du début à la fin, des extraits d’entrevues réalisées avec des résidents de ce pays nordique appuient le propos sans nécessairement l’éclairer.   

Les rencontres entre créateurs de cultures différentes donnent parfois de belles initiatives comme pour la compagnie Singulier Pluriel, dirigée par Julie Vincent et Ximena Ferrer (Soledad au hasard), où les réalités québécoises et sud-américaines se côtoient et s’interrogent l’une et l’autre. Les concepteurs de Nordicité ont davantage cherché le dépaysement, mais sans tomber dans le cliché des cartes postales.

Dans un espace d’abord dépouillé, nous voyons, côté jardin, à l’intérieur d’un cube, une silhouette féminine qui agite un poisson. Près d’elle, un homme arrive et lance quelques sons. Côté cour sur le sol trône une tête d’ours polaire. Mais tout au long du périple, c’est José Babin qui occupe le devant de la scène avec un ton sympathique et convivial. Lorsqu’elle enfile, tout comme ses deux partenaires de jeu, un costume d’ours polaire, son bonheur devient contagieux.

Ce sont justement ces petits moments où l’action se permet des touches de fantaisie que la proposition théâtrale atteint son plein potentiel. Par exemple, la scène où le poisson arrive par hasard en plein visage de la globetrotteuse suscite bien des réactions enthousiastes. L’effet est aussi saisissant lorsque Goulet se promène à quatre pattes avec la tête de l’animal sauvage. L’ensemble peut compter sur une trame musicale très entraînante de Guido del Fabbro avec ses bruits organiques, comme des pas sur une matière rocheuse. Touchant parfois au sublime, les éclairages d’Alexandra Dugal évoquent les couleurs chatoyantes des pays scandinaves. 

L’aspect plus documentaire (avec des interventions filmées moins pertinentes) n’atteint pas le charme poétique d’autres dimensions de l’œuvre encore trop timide dans ses ambitions.  Car, quand Nordicité s’extrait du réalisme pour plonger dans une imagination empreinte de folie imaginative, l’univers exposé provoque des frémissements. 

12-03-2017