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Festival de Casteliers 2017
10 mars 2017, 19h
11 mars 2017, 10h30 et 13h30
Le canard, la mort et la tulipe
Spectacle familial, 5 ans +
Peu de textes ; VO en slovène, traduction simultanée en français
Texte : Wolf Erlbruch
Mise en scène, scénographie et éclairage : Fabrizio Montecchi
Interprétation : Polonca Kores, Asja Kahrimanović Babnik

Un canard fait un jour la rencontre de la mort. Tous deux s’apprivoisent, discutent du sens de la vie et développent une complicité paisible, empreinte de franchise et de respect… Adapté du magnifique album illustré de Wolf Erlbruch, le spectacle utilise théâtre d’ombres et jeu d’acteur, dans une mise en scène sensible et raffinée qui étonne autant qu’elle touche les enfants, leur proposant une réflexion poétique sur la valeur de l’amitié, la fragilité et le caractère éphémère de la vie.

Le spectacle, qui comprend très peu de texte, sera interprété par les deux marionnettistes en version originale slovène, traduit simultanément en français.

Lutkovno Gledališče Ljubljana (LGL) est le plus important théâtre de marionnettes de Slovénie. Fondé en 1948, le LGL s’inspire de la tradition centenaire de la marionnette slovène et son répertoire s’adresse aux enfants et aux adultes. La compagnie gère cinq salles de spectacles régulières, un musée de la marionnette et organise deux festivals : le Golden Stick Festival, un festival annuel des meilleures créations slovènes en théâtre pour l’enfance et la jeunesse, et le LUTKE, une biennale internationale de marionnettes contemporaines.


Marionnettes : Federica Ferrari, d’après les illustrations de Wolf Erlbruch
Musique : Mitja Vrhovnik Smrekar
Traduction : Dominique Joly
Composition musicale : Jera Ivanc
Corrections linguistiques : Irena Androina Mencinger
Photo : Mihas Fras

Techniques : ombres

Durée : 40 minutes

Production Théâtre de marionnettes de Ljubljana (Slovénie)


Section vidéo


Théâtre Outremont
1248, avenue Bernard Ouest

A:25$ E:16$ R:22$ G:15$
Billetterie : 514 495-9944 ou en ligne ici
A : adultes (13 ans et +) | E : enfants 12 ans et – | R : réduction * | G : groupes (10 pers. et +)
(*Membres AQM, étudiants, aînés 65 ans et +, acheteurs de trois billets de spectacles différents ou plus.
Taxes et redevance incluses.
Les clients qui auront acheté en ligne ou par téléphone des billets au tarif réduction devront présenter une carte d’identité avec photo à l'entrée de la salle de spectacle.

 
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Critique

Crédit photo : Miha Fras

Adaptation scénique du livre dessiné et écrit par l’Allemand Wolf Erlbruch (2007), réputé illustrateur pour la jeunesse, la pièce Le canard, la mort et la tulipe met en scène la rencontre inusitée entre un canard et la mort, représentée par un être au crâne allongé et aux yeux globuleux. D’abord apeuré, le volatile s’en fera une amie, lui proposant même de la réchauffer après une baignade dans les eaux froides de l’étang – une offre que la mort n’avait jamais eue auparavant. Ils s’amuseront ensemble, longuement, discuteront, puis l’inéluctable surviendra. Le canard flottera doucement sur la rivière, pour son dernier repos, avec entre les ailes la tulipe que la mort lui a confiée, de couleur violette, symbole de la transformation, de passage ; un passage dont on ne connait rien. Échangeant sur la vie, sur l’au-delà (« est-ce que l’étang va s’ennuyer de moi une fois que je serai partie? »), le texte, avec beaucoup de douceur, propose, autant pour les adultes que pour les enfants, une réflexion poétique sur l’apprivoisement de la mort, la beauté de l’amitié et la vie dans toute sa vulnérabilité.

L’importante compagnie slovène Lutkovno Gledališce Ljubljana, qui célébrera (tout comme l’auteur allemand !) ses 70 ans l’an prochain, aborde le texte de Erlbruch avec une réelle délicatesse et sans pathos. Grâce au jeu et au théâtre d’ombres (marionnettes 2D très fidèles aux illustrations du livre, éclairage en projection ou en rétroprojection sur des écrans portatifs ou accrochés à des tiges géantes de bambou, usant de la perspective avec éloquence et humour), les comédiennes Polonca Kores (le canard), au foulard orange, et Asja Kahrimanovic Babnik (la mort), avec ses gants noirs sans doigts, illustrent cette histoire avec beaucoup de sensibilité, dans leur langue maternelle. Voilà peut-être, pour certaines personnes, le bémol qui surgira de cette représentation, soit l’incapacité de tout saisir des échanges entre les deux « amis ». Il faut alors s’en remettre à quelques résumés des saynètes dictés par un comédien hors-scène, et comprendre entre les lignes en observant les magnifiques animations des deux comédiennes. Le concept de la mort peut paraître énigmatique, mystérieux ; le spectateur est ici, par la force des choses, doublement exposé à cette insaisissable réalité.

Malgré tout, c’est un voyage d’une magnifique poésie qui est présenté aux spectateurs, petits et grands, agglutinés les uns contre les autres directement sur la scène du Théâtre Outremont. Sans répondre aux multiples questions graves que soulève la mort, Le canard, la mort et la tulipe arrive, lumineusement, à provoquer une réflexion philosophique et une discussion certaine entre parents et enfants.

Ceci est la vie, la vie telle qu'elle est.
Dès la naissance, quand vos yeux sont ouverts jusqu'au crépuscule, lorsque vous les fermez à nouveau, alors vivez, vous vivez…

Extrait d’un texte en slovène remis aux spectateurs après la représentation

11-03-2017