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5 et 6 mars à 20 h, 8 mars à 20 h, 12 mars à 14 h, 13 au 15 mars à 20 h 
Trois Jours de Casteliers 2014 - 7 mars 2014, 19h
EmmacEMMAC Terre Marine
Pour ados et adultes - 13 ans et +
Direction artistique, chorégraphie et adaptation du conte :
Emmanuelle Calvé
Interprétation : Jean-François Blanchard, Emmanuelle Calvé et Jody Hegel

Conçu par l’artiste multidisciplinaire Emmanuelle Calvé, EMMAC Terre marine s’inspire du conte inuit La Femme squelette. Avec son caractère féérique et visuellement poétique, la pièce met en scène des rapports inusités entre le mouvement du corps-marionnette et celui de la danse-théâtre. Une rencontre rare de créateurs exceptionnels!

Fondée en 1982 à Montréal par le danseur Daniel Soulières, Danse-Cité est une compagnie de création et de production en danse contemporaine. Elle se démarque par l’audace, la diversité et la qualité  de ses œuvres. Unique dans le paysage montréalais, Danse-Cité évolue sans chorégraphe ni danseurs attitrés et développe une constellation de projets inédits qui font écho aux enjeux culturels actuels (dont l’interdisciplinarité), tout en étant un véritable tremplin pour les nombreux artistes auxquels elle s’associe et qu’elle accompagne tout au long du processus de création.


Scénographie : Richard Lacroix
Conception des marionnettes : Emmanuelle Calvé
Construction des marionnettes : Jean Cummings
Musique : Jorane
Éclairage : Karine Gauthier
Textes et narration : Richard Desjardins
Conseillère à la dramaturgie : Martine Beaulne
Photo Nicolas Ruel
Techniques : mixtes

Durée : 60 minutes

Jeudis-causeries : les 6 et 13 mars après la représentation. Animation : Guy Corneau.

En marge : Exposition des dessins réalisés par Emmanuelle Calvé, qui ont inspiré la création du spectacle dans le hall du Théâtre Rouge.

Production Danse-Cité / Emmanuelle Calvé (Montréal – Québec)


Théâtre Rouge du Conservatoire
4750, avenue Henri-Julien

A:28$ R:20$ RA: 23$
Billetterie : 514-873-4031 poste 313 (Théâtre Rouge) ou en ligne ici
Billetterie Articulée : 514-844-2172
A: adultes | E: enfants | R: réduction | RA : Aînés
(étudiant, membre AQM/UDA/RQD)
Taxes et redevance incluses.

 
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 Critique
Critique

par Daphné Bathalon

Inspirée du conte inuit La femme squelette, EMMAC Terre marine porte en elle sa propre mythologie. La nouvelle production de Danse-Cité présente le voyage intérieur entrepris par une femme qui, confrontée à la mort de son père-morse, plonge au plus profond des mers pour affronter ses peurs et ses démons, puis se métamorphoser afin de redevenir tranquillement elle-même.

Emmanuelle Caldé, d’abord formée en arts visuels, en danse contemporaine et en marionnette, a su bien s’entourer pour cette création qui jumèle à la fois danse, marionnette, conte et chant. Celle qui confie aimer la marionnette parce qu’elle lui permet « d’explorer le mouvement, d’ouvrir une porte vers l’infini, l’émerveillement, la magie, le sacré » (propos recueilli par la Revue Jeu) a demandé à Richard Desjardins de s’inspirer du conte inuit pour composer un long poème qui forme la trame d’Emmac, et sur lequel Calvé a par la suite créé ses mouvements, une création à l’inverse de ce qu’elle fait d’habitude. Sur scène, costumes et accessoires forment de jolies marionnettes : des ailes suggèrent un vol d’oies sauvages, tandis que des mains immenses viennent bercer la femme perdue, et qu’un manteau de feutre et un visage de carton suffisent à créer le personnage du pêcheur.

Le poème de Desjardins, conté sur scène par le chanteur lui-même et qui n’est pas sans rappeler les accents chantants de Nataq, est tissé de magnifiques envolées s’adressant à la jeune femme avec un « tu » très intime. Le texte évoque avec tendresse les cycles de vie et de mort, et les épreuves traversées par la femme. « La grande bataille contre la mort commence en venant au monde […] Tu dois retourner d’où tu viens, des entrailles de la mer. » Sa voix rauque accompagne à merveille la musique de Jorane et la danse d’Emmac, sur la glace et jusqu’au fond de l’océan.

Sous nos yeux, la femme incarnée par Emmanuelle Calvé danse avec la vague, se débat contre le courant qui cherche à l’emporter, contre ses transformations avant de les accepter. Avant de renaître à sa vie, de remonter à la surface de la mer, elle se transforme en femme-poisson. Coiffée d’une tête de poisson au long cou de serpent, Calvé nous offre alors l’un des plus beaux moments de ce spectacle onirique, qui ne laisse qu’une envie : se laisser emporter par la vague pleine de douceur.

L’univers d’Emmac, peuplé de créatures fantastiques, d’animaux et d’étranges personnages aux membres disproportionnés, s’apparente à celui des songes où les êtres se transforment en un instant et où les choses semblent toujours en mouvance. La scénographie de Richard Lacroix, très épurée, et les vibrants éclairages de Karine Gauthier, qui passent des couleurs chaudes aux couleurs froides, s’inspirent de la mer, soufflant tantôt la vague, tantôt les courants des profondeurs.

Bercé par cette ambiance et par l’envoûtante musique de Jorane, qui évoque si bien l’immensité du Grand Nord et de l’océan, le spectateur plonge dans un état de détente proche du sommeil ou de la méditation. L’effet hypnotique de la danse, des éclairages, de la musique, et même du conte récité par Desjardins, accentue l’impression de vivre un rêve éveillé, duquel nous extirpent de force les applaudissements qui en marquent la fin.

09-03-2014