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CARREFOUR 2019
Paris
Conférence pataphysique ludique
Du 28 au 30 mai 2019, 20h
En français

S’il fallait, pour comprendre l’essence du monde, repartir des origines, d’un point minimal, tout recommencer à 0 pour reconstruire entièrement notre vision et enfin y voir plus clair ? Avec Le Pas Grand Chose, spectacle au confluent de la performance et de la conférence, Johann Le Guillerm, artiste de cirque, prend la parole sur scène pour la toute première fois et tente de saisir et d’éclairer le réel avec des codes qui lui sont propres. Il donne libre cours à ses irrésistibles obsessions pour la matière et les lois physiques et partage le fruit de ses expérimentations poétiques insolites.

Sur scène, un tableau noir, deux caméras et son laboratoire mobile, un chariot à multiples tiroirs contenant l’univers qu’il s’apprête à déployer. En une succession de démonstrations en apparence dérisoires et extravagantes, il conduit le public dans les méandres de son esprit rebelle et de sa douce folie pour lui exposer son interprétation du monde. Affirmations saugrenues, observations farfelues et interrogations vertigineuses échafaudent sa science faite « d’à peu près » et « d’infime ». Ses raisonnements sonnent étrangement absurdes et pourtant, ils semblent aussi essentiels qu’inéluctables. Sa pensée alternative devient un véritable acte de résistance, un remède radical au prêt-à-penser.

De l’attraction magique qu’exerce Le Guillerm jaillit un tourbillon fabuleux, une vision du monde nimbée de mystère qui renverse notre logique usuelle, met en déroute nos repères les plus élémentaires et renouvelle le regard que l’on pose sur notre environnement. Comme un grand appel d’air face à l’ordre établi, Le Pas Grand Chose nous happe et nous élève pour nous catapulter… vers les étoiles !

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De et avec Johann Le Guillerm

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Lors de la plus récente visite de Johann Le Guillerm à Québec, en 2008, l’homme avait épaté la galerie avec son spectacle Secret. Onze ans plus tard, le Français, issu du monde circassien, propose pour la toute première fois de sa carrière un spectacle « parlant »… et c’est peu dire !

« Je cherche le chemin qui ne mène pas à Rome » ; voilà les premiers mots de Le Guillerm, lors de son entrée en scène. Une phrase somme toute banale, qui fait sourire, mais qui résume habilement le spectacle. Sous la forme d’une conférence ludique pataphysique (terme qui signifie « la science des solutions imaginaires », dont on attribue la paternité à Alfred Jarry), Le Pas Grand Chose tente d’explorer l’univers connu en revenant à un « point minimal ». Qu’est en réalité la ligne par rapport au point ? Et le cercle par rapport au carré? Est-ce que tous les chiffres peuvent se dessiner par un seul trait ? Que dissimulent les lettres de l’alphabet ? Quels sont les liens géométriques entre les chiffres de 1 à 10 ?

Le Pas Grand Chose fait partie du méga projet Attraction débuté il y a presque 20 ans. Il se décline en plusieurs spectacles, sculptures, poèmes graphiques et laboratoire culinaire et tente, au travers des nombreux essais et projets de recherche, de « permettre une réorganisation du regard sur notre environnement en perturbant les fausses évidences ».

Spectacle rigoureux, sensible, d’une vertigineuse intelligence, tout aussi poétique que philosophique, (...) déconcertant que désopilant.

Sur scène, un grand écran diffuse les images de deux caméras pointées sur le dessus d’une carriole faite d’ardoise, aux nombreux tiroirs – un meuble hétéroclite qui ne finit jamais de nous surprendre. D’emblée, l’homme confirme que Le Pas Grand Chose ne se base sur aucune science de l’homme ; il parle même de « la science de l’idiot », à ne pas confondre avec le « con », qui pense tout savoir en ne sachant rien, alors que l’idiot « ne sait pas, mais tente de savoir ». Le spectacle se veut une prodigieuse descente dans l’esprit libre et rebelle de Le Guillerm, qui a observé la nature et les théories communicationnelles de l’humain des 5000 dernières années. Maniant la rhétorique d’une superbe manière, Le Guillerm explique, décortique, analyse, démembre, fusionne : d’un trait de craie ou d’un objet aux formes abstraites, il nous convainc d’une chose. D’un tétraèdre et de son contraire, le « tétrarond », il fait apparaitre une nouvelle théorie. Il nous persuade même que certaines bananes, par l’expérimentation du balancement, servent « à quelque chose ». L’absurde et le rire coexistent avec la (fausse) logique d’une si brillante manière qu’on ne peut que le suivre aveuglément, médusé par chaque exercice et chaque résultat des 12 chantiers du spectacle. Ses raisonnements « d’à peu près » et de « possibles » exposent une nouvelle conception du monde, sans qu’elle nous soit totalement étrangère ou incompréhensible, malgré la densité exceptionnelle du monologue (pseudo) intellectuel. Avec ses expérimentations sur les théories des nombres, de l’écriture, des volumes et du mouvement, Le Guillerm s’efforce toujours de repousser les limites de la perception et de comprendre ce qui se cache « derrière ce que l’on voit, entend, sent ». Il dira : « Le monde est un volume dont on ne peut voir toutes les faces, je cherche à en découvrir chaque jour de nouveaux espaces ». La réalité se situerait donc, selon lui, toujours dans la somme des multiplicités des points de vue, même contradictoires.

Johann Le Guillerm est un chercheur né, un « expérimenteur » de la plus belle espèce. Spectacle rigoureux, sensible, d’une vertigineuse intelligence, tout aussi poétique que philosophique, ce Pas Grand Chose, qui est loin de l’être, est tout aussi déconcertant que désopilant.

29-05-2019

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