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Carrefour international de théâtre - 31 mai et 1er juin 2016, 19h
Gala
Paris
Conception Jérôme Bel
Assisté de Maxime Kurvers, Chiara Gallerani, Frédéric Seguette
Distribution locale

Gala s’apparente aux spectacles de fin d’année donnés en général dans les écoles. Depuis sa création en 2015, le spectacle est entièrement recomposé et recréé avec une distribution locale dans chacune des villes où il est présenté.

L’idée est née lors d’ateliers de danse tenus avec des amateurs en banlieue parisienne par le chorégraphe de réputation internationale Jérôme Bel, qui s’intéresse depuis longtemps aux pratiques non professionnelles de l’art. Sur scène, une quinzaine de danseurs, issus d’horizons divers, sont rassemblés dans une grande célébration de l’acte de danser. Seuls ou ensemble, ils s’exécutent dans de courts numéros, avec leur singularité et leur passion, leur sympathique maladresse comme leur étonnante virtuosité. Les deux tiers d’entre eux sont des amateurs au sens premier du terme, c’est-à-dire « personne qui aime » et dont la motivation tient dans l’amour de la danse et le désir de se produire.

L’important n’est pas tant ici la qualité de la performance mais plutôt ce qu’elle exprime, culturellement, socialement et humainement, ainsi que le pouvoir qu’elle a de rassembler. L’entreprise est profondément jubilatoire : elle fait rire et sourire, émeut, étonne, galvanise, et surtout, nous réconcilie avec notre propre imperfection… et communique une irrésistible envie de danser!


Section vidéo


Costumes Les danseurs
Photo Herman Sorgeloos

Durée 1h15

Achat à l'unité : 48$
* Taxes et frais de service inclus

Coproduction Dance Umbrella (Londres), TheaterWorks Singapore/72-13, KunstenFestivaldesArts (Bruxelles), Tanzquartier Wien, Nanterre-Amandiers Centre Dramatique National, Festival d'Automne à Paris, Theater Chur (Chur) et TAK Theater Liechtenstein (Schaan) - TanzPlan Ost, Fondazione La Biennale di Venezia, Théâtre de la Ville (Paris), HAU Hebbel am Ufer (Berlin), BIT Teatergarasjen (Bergen), La Commune Centre dramatique national d’Aubervilliers, Tanzhaus nrw (Düsseldorf), House on Fire avec le soutien du programme culturel de l'Union Européenne
Production R.B. Jérôme Bel (Paris)
Avec le soutien du CND, un centre d’art pour la danse (Pantin) et de la Ménagerie de Verre (Paris) dans le cadre du Studiolab, pour la mise à disposition de leurs espaces de répétitions


CarrefourThéâtre de la Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne

 
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Critique

Crédit photo : Llamaryon

Au Québec, le mot « gala » est irrémédiablement associé aux remises de prix. Le Gala de l’ADISQ, du cinéma, de l’excellence. Pourtant, sa signification étymologique diffère légèrement de cette définition. Gala s’apparente plutôt à « soirée officielle », à une réception. Le Gala, présenté à la Bordée par le Carrefour, évoque plutôt le spectacle de fin d’année d’une institution scolaire. Gala, c’est exactement ça : une suite de tableaux dansés qui met en scène des hommes, des femmes, des enfants, noirs, asiatiques, handicapés, la plupart considérés comme des novices. Des gens de Québec, recrutés pour le show, arborant des costumes de scène tape-à-l’œil, rassemblés pour l’amour de la danse. En groupe ou en solo, sous nos yeux, ils s’exécutent du mieux qu’ils peuvent sur différents styles, frôlant la virtuosité ou… le ridicule, mais de manière toujours assumée.

Avec Gala, le chorégraphe français mondialement reconnu Jérôme Bel, influencé notamment par Pina Bausch et Merce Cunningham, deux immenses chorégraphes qui avaient en commun de libérer la danse de la musique ou des corps, monte une œuvre festive, accrocheuse, dont l’imperfection humaine est ni plus ni moins que le moteur de la création. Sans jugement, sans tabous, cette mini-collectivité de tous les horizons s’exécute joyeusement, ne recherchant ni la perfection esthétique, ni celle technique, mais la communion, la connexion et la transcendance, par la danse désinhibée de ses codes. Si Bel explorait auparavant la déconstruction de la danse, ou critiquait le divertissement populaire, il semble ici revenir aux sources, explorant le désir primaire et innocent du mouvement.

Alors que le rideau se lève, dans le silence le plus complet, des images de différentes salles de spectacle sont projetées sur un écran bouchant totalement le devant de la scène. Le spectateur est amené à la rencontre de ces lieux, des plus luxueuses aux plus anciennes, des plus rustiques aux plus majestueux, où l’humain se donne en spectacle et se divertit. Un peu longue, la séquence de quelques minutes porte pourtant ses fruits et fait découvrir de merveilleux endroits de la planète, dont une scène japonaise typique, une autre, arabe, ancestrale, faite de pierre, ou encore un amphithéâtre grec, superbe, près d’un affluent.


Crédit photo : Llamaryon

Suivent sept tableaux, de l’exécution très codifiée à celle sans entrave. On ouvre le spectacle avec le ballet, alors que les danseurs, chacun leur tour, tentent d’imiter la ballerine qui exécute une pirouette et un grand jeté. Puis, la valse, qui voit se former quelques couples improbables. On saute ensuite à une impro de trois minutes où les interprètes font ce qu’ils veulent : oiseau, étirements, mouvements saccadés... Difficile de suivre l’un ou l’autre, tant nos yeux ne veulent rien manquer. C’est à ce moment que le spectacle bascule de l’hétéroclite vers une proposition des plus rassembleuses. Le regard du spectateur dépasse alors les qualités d’interprétation de chacun pour voir la personnalité de ces gens qui s’exécutent sur scène, sans gêne. Le tableau « Michael Jackson » fait lever la foule, alors que les 15 danseurs s’essaient au moon walk et que Billy Jean résonne dans la salle : Gala s’approche dangereusement des spectacles de fin d’année de notre enfance, et le plaisir tout comme la nostalgie prend le dessus. Comment ne pas accrocher et s’enthousiasmer pour eux ?

La deuxième partie propose de montrer le réel talent de chacun. Les styles défilent – indien, twist, contemporain, Caraïbes, japonais, jusqu’au hula hoop – et tout le monde suit (ou, du moins, essaie de suivre) le meneur ou la meneuse, avec énergie et entrain. Il se crée alors un lien très étroit entre la scène et la salle, qui applaudit chaque numéro, rit, s’émeut et s’exclame lors de la finale offrant une chorégraphie de type comédie musicale des plus broadwayesque.

Célébrant la danse d’une manière à la fois si simple et si festive, Gala ne peut que faire un immense bien à l’âme. Le public en ressort tout aussi rempli que léger.

31-05-2016