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Carrefour international de théâtre - 5 juin 2015, 19h, 6 et 7 juin 2015, 15h
TroisTrois
incluant les spectacles UN et DEUX
En français
Texte, mise en scène et interprétation Mani Soleymanlou

Mani Soleymanlou est né à Téhéran. Il déménage à Paris avec sa famille à l’âge de deux ans, puis à Toronto, ensuite à Ottawa et enfin à Montréal, où il étudie à l’École nationale de théâtre. À Paris, il est Iranien, à Toronto, il est Français-Iranien-Canadien, à Montréal, on lui dit : tu es Québécois ! Mais il ne se sent pas vraiment Iranien, ni tout à fait Canadien, ni tout à fait Québécois…

En 2012, il crée Un, monologue autobiographique, où il explore ce qu’il appelle son vide identitaire. En 2013, dans Deux, dialogue avec Emmanuel Schwartz, montréalais d’origine juive anglophone par son père et canadienne-française catholique par sa mère, il reprend, analyse et déconstruit Un. En 2014, il orchestre Trois avec une quarantaine d’artistes aux ascendances diverses. Les trois spectacles forment une trilogie, aussi intitulée Trois.

C’est l’événement théâtral de l’année, dont on dit qu’il passera à l’histoire. Un tour de force : simple, drôle, chaleureux, brillant, réjouissant, dérangeant. Essentiel.


Collaboration au texte et interprétation Marcelo Arroyo, Sounia Balha, Rashel Bessette, Adrien Bletton, Jean-Robert Bonneau, Jérémie Brassard, Marco Collin, Andréanne Daigle, Mohsen El Gharbi, Gabriel Favreau, Jonathan Fortin, Geoffrey Gaquère, Karine Gonthier-Hyndman, Mathieu Gosselin, Joanie Guérin, Talia Hallmona, Charles-Aubey Houde, Maxime Isabelle, Audrey Lachapelle Larivée, Justin Laramée, Denis Lavalou, Dominique Leclerc, Alexis Lefebvre, Simon-Xavier Lefebvre, Lucie M. Constantineau, Leyli Machouf, Jean-Moïse Martin, Mireille Metellus, Marie-Laurence Moreau, Iannicko N'Doua, Rodley Philogene-Pitt, Bruno Piccolo, Gabrielle Poulin, Christophe Rapin, Emmanuel Schwartz, Mazyar Shahcheraghi, Elkahna Talbi, Ines Talbi, Leïla Thibeault-Louchem, Cynthia Wu-Maheux

Assistance à la mise en scène et régie Jean Gaudreau
Lumière Erwann Bernard
Conception sonore Larsen Lupin
Co-metteur en scène Un et regard extérieur Deux Alice Ronfard
Direction de production Catherine Desjardins-Jolin
Direction de production Un et Deux Catherine La Frenière
Scripte Béatrice Gingras
Dramaturgie Chantal Poirier
Direction technique à la création Caroline Ferland

Durée : 4h (2 entractes)

Tarif régulier : 45$ / enfant de 8 à 12 ans 22,50$

En marge des spectacles - Entretien avec les artistes - 6 juin

Production Orange Noyée


CarrefourLa Bordée
315, Saint-Joseph Est
Billetterie : Carrefour - 418-529-1996 - 1 888 529-1996
Adresse : 369, rue de la Couronne, 4e étage, billetterie en ligne


Dates antérieures (entre autres)

Du 30 septembre au 17 octobre 2014 - Centre du Théâtre d'Aujourd'hui

 
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 Critique
Critique

par Pascale St-Onge (octobre 2014)

TROIS, la suite logique et inévitable.


Crédit photo : Valérie Remise

Après le FTA et le Off d'Avignon, Mani Soleymanlou revient s’installer au Théâtre d’Aujourd’hui pour une série de représentations qui affichent déjà pratiquement complet. Trois fait davantage jaser que ses deux prédécesseurs Un et Deux, présentés à la Chapelle en 2012 et 2013, mais le fait est compréhensible, puisqu’il est rare de voir autant de comédiens sur nos scènes.

Avant d’assister au dernier volet de la trilogie, Mani Soleymanlou revisite les deux premiers volets, qui ont été resserrés, pour les bienfaits du spectacle. Même pour ceux qui ont déjà vu ces deux épisodes, il est bon de se remémorer le trajet et la démarche du comédien. Vaut mieux se (re)mettre dans le contexte et réviser la forme et la structure du spectacle d’origine, car Trois existerait bien mal sans Un et Deux. D’ailleurs, le deuxième volet est certainement celui qui a su davantage profiter de ce grand nettoyage, son propos étant désormais plus précis. Après les deux premiers volets, nous sommes mieux outillés pour comprendre où en est la quête identitaire du comédien d’origine iranienne qui a partagé son enfance entre la France et le Canada. Dans Trois, voilà qu’il ouvre encore davantage son questionnement en offrant la parole à 42 interprètes aux origines diverses et à la citoyenneté québécoise.


Crédit photo : Valérie Remise

C’est exactement cette prise de parole qui charme et fascine dans ce spectacle. On voudrait entendre l’histoire de tout le monde, et c’est avec la même humilité dont il fait preuve dans les précédents spectacles que Mani Soleymanlou tente de ramener l’oeuvre sur le droit chemin : on ne peut entendre l’histoire de tous, j’ai une réponse à trouver. En chemin, ils osent parler de souveraineté, du printemps étudiant, de la charte des valeurs, bref d’une multitude de sujets tabous des espaces publics de chez nous.

Certes, le dernier volet de Mani Soleymanlou est moins rigoureux que les deux autres, mais il a quelque chose de festif et laisse une place au dialogue, expose un portrait coloré de notre patrie. Certes, en parlant d’identité, on pose des questions sur le nationalisme, mais les conclusions, bien que souvent incomplètes, sont bien moins pessimistes qu’elles peuvent le sembler dans les tribunes. Alors que Soleymanlou trouve une certaine paix face à son identité, en finale du spectacle, il laisse très bien entrevoir que ce n’est pas une solution applicable à tous, puisque les interprètes de son spectacle, eux, ont encore bien des questions et des choses à dire sur le sujet. Trois marque la fin d’un projet théâtral pertinent et complexe et son créateur a su garder, tout au long du processus, une humilité et une franchise face aux difficultés imposées par sa démarche. Voilà ce qui sera, très certainement, un spectacle dont l’histoire théâtrale québécoise se souviendra longtemps.

04-10-2014