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Le Carrefour international de théâtre

du 14 au 31 mai 2008

retour horaire complet

An Oak Tree
28 mai, 20h, 29-30 mai, 19h
Théâtre Périscope (2, rue Crémazie Est)
Admission générale

Rencontre avec Tim Crouch le 28 mai à 21 h, après la représentation
Anglais avec surtitres français
Durée : 1 h
30 $

News from Nowheren
[Royaume-Uni]

Depuis qu’il a perdu sa fille aînée dans un accident de voiture, Andy ne reconnaît plus rien. Tout a changé, littéralement. Il se sent comme dans une pièce de théâtre dont il ignorerait le texte. Quant à l’homme qui a heurté sa fille, un hypnotiseur professionnel, il a perdu tous ses pouvoirs de suggestion. Pour lui, il n’existe désormais rien d’autre que le réel. La rencontre de ces deux hommes déphasés produit tout à la fois un spectacle haletant, une histoire poignante et une expérience théâtrale joyeusement déroutante — aussi bien pour le public que pour le comédien ou la comédienne qui accompagne Tim Crouch sur scène.

En effet, depuis la création de An Oak Tree au Fringe Festival d’Edimbourg en 2005, le personnage du père dans n’a jamais été interprété par la même personne. C’est le concept même de la pièce : en tant qu’auteur et interprète du personnage tout puissant de l’hypnotiseur, Tim Crouch est le seul maître à bord. Celui ou celle qui lui donne la réplique ignore tout de la pièce, n’a eu droit à aucune répétition et découvre les répliques de son personnage au moment même où il doit les prononcer. Au fil des nombreuses tournées de An Oak Tree en Angleterre et en Europe, plus de 250 comédiens et comédiennes se sont prêtés au jeu, s’abandonnant tout entier aux mains de Tim Crouch comme on se prête au jeu de l’hypnose.

An Oak Tree s’inspire d’une œuvre créée par le plasticien Michael Craig-Martin en 1973. Tim Crouch l’a découverte en visitant la Tate Modern Gallery, à Londres : elle s’intitule An Oak Tree et consiste en un verre d’eau placé sur une étagère. Le texte qui l’accompagne, un dialogue écrit par Craig-Martin lui-même, propose une réflexion sur l’art et la représentation en général. L’artiste y explique qu’il a transformé un verre d’eau en un chêne (oak) sans toutefois modifier les caractéristiques de l’objet. « Vous voulez dire que ce verre d’eau est un symbole du chêne? », demande ingénument un interlocuteur imaginaire. « Non, répond fermement l’artiste. Ce n’est pas un symbole. J’ai transformé la substance physique du verre d’eau en la substance d’un chêne. »

En apparence farfelu, ce phénomène de « transsubstantiation » se trouve selon Tim Crouch au cœur même de toute représentation théâtrale : un acteur affirme qu’il est Hamlet, et il le devient effectivement aux yeux de toute l’assistance. Dans sa première pièce, My Arm (2003), Crouch explorait déjà cette avenue en faisant incarner certains personnages par… des objets trouvés dans les poches de spectateurs! Un paquet de cigarettes devenait un ami, une pomme devenait un frère, etc. Avec An Oak Tree, le comédien et auteur britannique pousse la réflexion du côté du pouvoir de suggestion, dont l’hypnose est la forme la plus puissante.

Depuis la création de sa compagnie, News From Nowhere, en 2003, Tim Crouch a été invité dans de nombreux festivals prestigieux tant au Royaume-Uni qu’en France, en Italie, au Portugal, au Canada, au Brésil et aux États-Unis. Diplômé en jeu, ce Britannique a véritablement pris son essor en se lançant dans l’écriture de pièces qui mettent au jour les ficelles de la représentation théâtrale sans pourtant en affaiblir la magie. Plusieurs prix ont souligné les talents d’acteur de Crouch ainsi que l’intelligence festive de ses créations. An Oak Tree a notamment récolté un Herald Angel à Edimbourg en 2005, le prix de la meilleure performance masculine au Brighton Festival en 2006 ainsi qu’un Village Voice Obie la même année.


Crédit photo : Nina Urban

Texte: Tim Crouch
Mise en scène : Tim Crouch, Karl James et A Smith
Interprétation : Tim Crouch et un acteur invité
Acteurs invités : Robert Bellefeuille, Anne-Marie Cadieux et Kevin Mc Coy
Production : News from Nowhere

Pour tout autre activité ou informations, veuillez consulter le site officiel au www.carrefourtheatre.qc.ca

*Un grand merci aux gens du Carrefour international de théâtre de Québec; toutes les images est les informations ont été fournies par eux ou prises sur leur site officiel.

par Isabelle Girouard

Dans le cadre du Carrefour international du théâtre de Québec, la pièce An Oak Tree est présentée au Théâtre Périscope. Cette production britannique, d'une durée d'une heure, se relève audacieuse dans son concept. La pièce est écrite pour deux comédiens : le premier est son auteur, Tim Crouch, et le second est différent pour chaque performance, n'ayant aucune idée de ce qui va se passer. Durant la représentation, il est mis au courant de son rôle par des indications de Crouch, ou par des fragments de script qu'il lit au fur et à mesure.

Créée au Fringe Festival d'Édimbourg de 2005, An Oak Tree est la seconde pièce écrite par Tim Crouch. Jouée plus de 250 fois à travers l'Angleterre et l'Europe et chaque fois avec un nouveau comédien, la production a récolté quelques prix au passage, dont celui de la meilleure performance masculine au Brighton Festival en 2006. 

L'auteur s'est inspiré d'une œuvre du même nom, créée à Londres par le plasticien Micheal Craig-Martin.  Il s'agit d'un verre d'eau reposant sur une étagère. Un texte écrit par l'artiste accompagne l'installation, expliquant comment il a transformé la substance physique de ce verre d'eau en la substance d'un chêne (oak tree), sans en modifier les caractéristiques.  Étrange, vous penserez? Ce phénomène de transsubstantiation est au cœur même de l'histoire d'An Oak Tree.

Une fillette se fait happer mortellement par une voiture, ruinant du même coup la vie de trois personnes : la mère, le père (interprété par différents acteurs), et le conducteur (Tim Crouch). Celui-ci, un hypnotiseur spectaculaire, donne ses derniers spectacles lorsqu'il hypnotise sans le reconnaître le père de la fillette, venu pour une raison bien précise.  

L'histoire se déroule à travers deux niveaux de réalité entremêlés - directives données à l'interprète du père/dialogue entre les deux personnages - énergiquement soutenus par Crouch. Cette habileté de mettre en scène et de jouer à la fois, ainsi que l'originalité du concept sauve le spectateur de l'ennui : la trame de fond nous rappelant peut-être un peu trop la section fait vécu. L'histoire se veut émouvante, mais quelque chose nous empêche de verser une larme. Peut-être est-ce ce renvoi à l'humour ici et là, ou le léger manque de spontanéité générale. Il faut dire qu'on ne sait pas plus à quoi s'attendre que le comédien qui n'a pas lu un mot du texte avant d'entrer en scène...  En somme, il faut souligner la brillance de la mise en scène et la force de la métaphore qu'elle exprime. Seulement, quelque chose cloche dans An Oak Tree ; une légère insatisfaction nous titille à la sortie.

30-05-2008