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6 novembre 2015, 20h
Les Soirées M
Depuis 2010, ces soirées permettent aux jeunes créateurs qui s’intéressent aux arts de la marionnette de tester de nouveaux projets, des oeuvres en chantier et d’échanger sur leurs expériences marionnettiques avec leurs pairs. Le Studio-théâtre de L’Illusion, espace de création unique en son genre, permet un dialogue de proximité entre l’artiste et les spectateurs. Voici trois rendez-vous à ne pas manquer pour les passionnés de la marionnette!


MINUSCULE - pour enfants

Une création de La Petite Théâtrerie

6 novembre 2015, 20h

Minuscule est toute petite. Entourée de bricolages, de sons croustillants, d’ombres et de lumières, d’objets et de matières, son monde est plus grand que nature, un reflet de son imagerie insulaire intérieur. Elle garde le phare, son phare, au rythme des saisons et des rencontres improbables. Seule sur scène, Dominique Leroux crée devant vous des mondes poétiques avec sa table lumineuse et ses projections, une table tournante comme décor et des bouts de laine, de papiers et quelques objets. Au son du marimba et autres percussions bricolés, Minuscule se transforme et explore le monde qui l’entoure et se tricote son courage. Le spectacle a été mit en scène par Karine St-Arnaud sur les compositions musicales de Colin Gagné.


Photos Minuscule : Michel Pinault

Entrée libre

Réservation requise au 514-523-1303


L'Illusion, Théâtre de marionnettes
6430, rue St-Denis
Billetterie : 514-523-1303

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Critique

Avec Minuscule, Dominique Leroux, qui signait aussi le fascinant et tout aussi délicat Conte pour un Gus, nous amène cette fois dans l’univers d’une charmante boule de laine, ladite Minuscule, qui, après avoir exploré dans tous les sens l’île où elle s’est tricoté un nid, se sent des envies de voyager.

Mais où est passée cette coquine Minuscule? Dans la poche de la conteuse? Derrière son oreille? Dans le creux de son genou droit? Ou alors dans le coin de son œil? Minuscule est si… minuscule qu’elle peut se glisser partout. Pas plus grosse qu’un grain de poussière, elle peut parfois disparaître complètement. Mais aujourd’hui, elle veut qu’on raconte sa naissance. Et la conteuse s’exécute, pour le plus grand plaisir de tous.

Conte pour un Gus explorait le monde des vieux objets, Minuscule nous emmène plutôt dans celui des textures. Laine, corde, bois de rivage, papier lisse, papier froissé, napperons de crochet et même épingles à linge mordeuses, les textures de ces matériaux, magnifiées par un projecteur qui nous fait voir le monde minuscule de la créature, se révèlent tout autant de magnifiques paysages à découvrir. La Minuscule elle-même est irrésistible avec son petit nez pointu et ses yeux noirs bien ronds.

D’un projecteur, d’une corde à linge et d’un petit plateau tournant, Dominique Leroux et sa metteure en scène, Karine St-Arnaud, font des merveilles. Elles travaillent avec précision les projections, donnant même de la profondeur aux images en en isolant certains détails grâce à des feuilles accrochées à une corde à linge. Le loup rencontré par Minuscule, simple esquisse sur une feuille, semble ainsi bondir soudain vers nous, tandis qu’une pince à linge, devenue géante, menace notre chère petite héroïne. La magie de Leroux opère sur les petits comme sur les grands, qui s’émerveillent de découvrir soudain les détails de chaque accessoire venant former le décor de ce grand, mais minuscule voyage. Même souci chez les créatrices de souligner le détail dans les sons, avec des bruits tout légers amplifiés par un micro dissimulé dans la table tournante - les sons faisant tout autant partie de l’aventure.

Encore en cours de création, la production semble encore hésiter entre spectacle sans paroles et conte poétique, basculant de l’un à l’autre avec parfois un peu de maladresse. On sent néanmoins dans Minuscule une plus grande assurance et plus de précision dans la manipulation. Le contact y est également meilleur avec le jeune public, probablement en raison de la conteuse, qui sert d’intermédiaire. Il est dommage que pour l’instant le spectacle perde en cours de récit le lien qui unit cette conteuse et Minuscule et qu’aucune boucle ne vienne conclure le conte. Dommage, car le texte est d’une poésie aussi finement ciselée que les paysages de laine et d’ombres évoqués par le récit.

À la fin du voyage, chaque jeune spectateur repart avec sa propre minuscule au fond d’une poche. Qui sait quel voyage ils feront ensemble?

09-11-2015