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Du 18 au 22 avril 2017, 20h
Telemetry
De Shay Kuebler

Bête de scène dotée d’une remarquable inventivité, Shay Kuebler signe des oeuvres empreintes de danse hybride, d’arts martiaux et de théâtralité. Il imagine dans Telemetry un corps capteur de son, d’énergie et de mémoire. Un corps qui métabolise et transmute ce qu’il reçoit en physicalité viscérale et en gestes précis. Le langage brut et acrobatique de Kuebler engendre une danse énergique, pollinisée par le jazz, le swing, le tap dance et la house. L’instinct anime la technique, l’ordre et le chaos s’harmonisent. En dialogue dynamique avec des sources d’éclairage qui deviennent partenaires à part entière, le chorégraphe et ses 6 interprètes transforment la scène en espace ludique où se réinvente la danse. D’une grande intensité.


 

Durée 1h

Tarif : à partir de 38$

Rencontre post-spectacle avec les artistes
Vendredi 21 avril 2017

Production Shay Kueber Radical System Art

Danse Danse


Section vidéo


Cinquième salle de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112 - placedesarts.com
 
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Critique

Le soutien aux talents émergents figure parmi les missions du diffuseur Danse Danse. Encore dans la catégorie des jeunes créateurs – il est né en 1984 – le chorégraphe albertain Shay Kuebler n’est pas pour autant un novice, puisqu’il a déjà une demi-douzaine de pièces à son actif, en solo ou avec sa compagnie, Shay Kuebler Radical System Art. Débordante d’énergie, Telemetry, sa plus récente création présentée à la Cinquième salle de la Place des Arts, est un joyau brut qui demande à être taillé.

L’ouverture de l’œuvre, créée à Vancouver en février dernier, laisse d’ailleurs le spectateur collé à son siège. Sur un plateau plongé dans la pénombre où se détache une scène circulaire, apparaît le « rôle principal » de Telemetry : le spécialiste de tap dance (claquettes) Danny Nielsen. Arpentant le contour de l’arène, elle-même entourée de lampes sur pied de différentes hauteurs, il donne le rythme de ses pas virtuoses, tandis que six danseurs se lancent dans des courses effrénées et figures acrobatiques au travers de l’espace. Le dernier élément de cette belle entrée en matière est un luminaire suspendu par un câble au-dessus de l’espace scénique, valdinguant au gré des impulsions données par les interprètes et éclairant de façon aléatoire leurs déplacements. Rythmique en direct, jeux de lumière, urgence des mouvements : voilà les trois axes sur lesquels repose Telemetry, et qui font sa force autant que sa faiblesse. 

Car indéniablement, la proposition de Shay Kuebler, sur scène avec ses danseurs, impressionne. Les corps qui s’envolent, tourbillonnent, s’attrapent ou se contorsionnent dans un mélange de danse contemporaine, d’arts martiaux et de hip-hop sont là pour nous en mettre plein la vue. Et quand notre danseur de claquettes, tel un chef d’orchestre aux pieds d’or, fait mine de contrôler les mouvements et l’éclairage, l’illusion fonctionne parfaitement. Mais une telle intensité ne peut rester intacte tout au long des 60 minutes que dure le spectacle. Et bien que les chorégraphies d’ensemble donnent lieu à une belle harmonie  – comme cette élégante vague humaine formée des corps ondulant à l’unisson – le trop-plein de sauts, de déplacements à toute allure et de portés finit par fatiguer, d’autant qu’une bande-son lancinante jusqu’au désagréable vient appuyer les mouvements des danseurs. Bien exploitée, la technique du mapping vidéo aurait apporté un vrai plus à Telemetry, mais elle ne parvient pas à se dégager visuellement sur la scène.

Qu’a voulu nous dire le directeur artistique avec cette explosion sensorielle ? Le programme, dans lequel il évoque la « transmission des données télémétriques » comme source d’inspiration, et décrit son travail sur « le corps humain » qui peut être « relié à la science des ondes », aura du mal à nous éclairer. Un peu plus de structure dans ce déploiement de spectaculaire, une touche de rondeur, voilà tout ce qui manque à Telemetry pour passer de la case « grand spectacle » à celle de spectacle majeur. Les performances irréprochables des interprètes autant que la maîtrise technique des éclairages, signée Craig Alfredson, méritent évidemment d’être saluées.

21-04-2017