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Du 11 au 28 novembre 2015, 20h, du mercredi au samedi
Rites
Danse
Chorégraphe, danseur José Navas

Le charismatique José Navas s’offre un rite de passage vers la cinquantaine. Il se montre sans fard et dévoile toute la fragilité de l’homme conscient de sa finitude dans une suite de solos sur des musiques de Schubert, de Dvořák, de Nina Simone et termine en beauté avec Stravinski. Une nouvelle descente au cœur de l’être qui lui permet de saluer le chemin parcouru et de cueillir les fruits de la maturité. 

Dans ce solo créé en 2013 au Concertgebouw de Bruges avec les musiciens du Brussels Philharmonic, José Navas clame son inépuisable passion pour la danse. Il livre une interprétation magistrale du fameux rôle de l’élue dont il incarne trois visions. Sa danse est minimaliste, chargée comme une bombe. Elle vibre des forces de la nature avant de dissoudre le féminin et le masculin dans l’embrasement de l’âme, le dévoilement du corps et l’épuisement. Une cérémonie puissante, troublante et captivante qui sonde la fascination des arts de la scène pour le sacrifice. 


Éclairages Marc Parent
Directeur technique Pierre Lavoie
Costumes José Navas
Fabrication des costumes L'Atelier de Couture Sonya B
Musique N. Simone, A. Dvorak, F. Schubert, I. Stravinski.

Durée 60 minutes

Billets à partir de 37,50$

En production Compagnie Flak


Section vidéo


Cinquième salle de la Place des Arts
Place des Arts
Billetterie : 514-842-2112
 
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Critique

Crédit photo : Nina Konjini

Jusqu’au 28 novembre, le chorégraphe d’origine vénézuélienne José Navas présente Rites, un nouveau spectacle solo en quatre tableaux. Il poursuit ainsi sa recherche très personnelle sur la fragilité humaine et sur la finitude. Cette fois, il travaille à partir de morceaux musicaux qu’il affectionne particulièrement pour en faire ressortir la mémoire des gestes et des émotions. C’est donc à une rétrospective de ses trente années de carrière qu’il convie le public, à travers une véritable recherche corporelle et pulsionnelle.

Le spectacle débute alors que le danseur se change pour enfiler une chemise arborant un immense « J » dans le dos et des souliers argentés. Puis, sur la chanson Ain’t No Use interprétée par Nina Simone, José Navas tournoie et se déhanche au rythme de cette musique jazz envoûtante.

L’atmosphère du second solo est complètement différente. D’abord dans un parfait silence, puis au son du deuxième mouvement de la symphonie du Nouveau Monde de Dvorak, l’interprète rend hommage à son conjoint Bill Douglas, décédé du sida en 1996. La lumière tamisée et mouvante de Marc Parent et un passage de chant choral renforcent d’ailleurs cette impression d’assister à une cérémonie religieuse dans une église.

Sur le Der Leiermann de Schubert, un duo pour voix et piano, José Navas apparaît dans un costume sombre, exécutant des mouvements lents rappelant le tai-chi. Ce tableau est également embelli par la projection de l’ombre parfaitement découpée du danseur sur le plancher de la scène.

Le spectacle se termine avec une interprétation magistrale du Sacre du printemps de Stravinsky, dans laquelle le danseur incarne à la fois le masculin, le féminin et l’animal. Dans cette chorégraphie, créée en 2013 autour des célébrations du centenaire de cette œuvre phare de la danse contemporaine, Navas pousse le dévoilement de soi à l’extrême, alors que complètement nu, il danse jusqu’à l’épuisement. L’interprétation de cette œuvre marque la maturité du danseur qui constate le passage du temps sur son corps. Il réalise ainsi un fantasme artistique qui le rapproche de grandes pointures de la danse comme Vaslav Nijinski ou Pina Bausch.

D’un point de vue thématique, le choix de rendre visibles les changements de costumes est fort. Cela fait ressortir le dévoilement du danseur dans la préparation des rites qu’il met en scène. Toutefois, ces transitions assez longues créent des ruptures trop abruptes entre les différents solos. Si chacun des tableaux plonge le spectateur dans un état de transe près de la médiation, les pauses court-circuitent un voyage intérieur qui aurait pu être encore plus percutant. Seul bémol d’un spectacle admirable.

12-11-2015