Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 30 janvier au 15 février 2014
CockCock
Texte Mike Bartlett
Traduction et mise en scène Alexandre Goyette
Avec Michel-Maxime Legault, Alexandre Goyette, Geneviève Côté et Daniel Gadouas

COCK est le récit déjanté d’un homme homosexuel (Michel-Maxime Legault) qui se voit pris dans un triangle amoureux entre son partenaire de longue date (Alexandre Goyette) et une femme qu’il rencontre par hasard (Geneviève Côté) et qui le fait soudainement douter de son orientation. Cette remise en question, à travers l’exploration de ses fantasmes les mieux enfouis, le mène parmi moult mensonges et jeux de pouvoir. Les enjeux sont hauts, les zones grises déroutantes… la conscience morale sera reléguée aux oubliettes le temps de quelques aventures. Dans une situation invraisemblable à la limite du burlesque, le protagoniste sera confronté à ses deux amoureux et forcé de faire un choix. D’une authenticité surprenante, le texte soulève les délicates questions de la catégorisation de l’orientation sexuelle et explore les méandres parfois vicieux des relations amoureuses et charnelles. D’un humour ironique et délicieusement aguichant, COCK est un spectacle exaltant qui ne se bute à aucun tabou.


Assistance à la mise en scène & régie : Dominique Cuerrier
Direction technique : Julien Véronneau
Costumes : Elen Ewing
Éclairages : Anne-Marie Rodrigue
Scénographie : Julie-Christina Picher
Conception sonore : Jean-François Pedno
Graphisme: Sarah Dellah

Productions L.I.F:T


Espace 4001
4001, rue Berri
Billetterie : 514.282.3900
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Sara Fauteux


Crédit photo : Justine Latour

Après son solo King Dave, Alexandre Goyette se lance pour la première fois dans la mise en scène avec un texte de l’auteur britannique Mike Bartlett qu’il a lui-même traduit. Cock, un texte réaliste aux situations limites et avec tout le mordant de l’humour anglais, créé au Royal Court Theatre de Londres en 2009 et récipiendaire du Laurence Olivier Award, a confirmé la réputation du dramaturge. Goyette dit être resté proche de l’esprit du texte original, tout en colorant certaines situations et certains personnages d’une façon un peu plus personnelle.

La pièce raconte un triangle amoureux entre John, son conjoint de longue date et une femme croisée au hasard des rues dont il tombe amoureux. Tout au long du spectacle, John patauge entre le désir et la peur. L’étau de sa confusion se resserre autour de lui alors qu’il multiplie les promesses à ses deux partenaires. Il pousse la situation jusqu’à une ultime rencontre à laquelle se joindra son beau-père bienveillant.

Dans le rôle du conjoint de John, un homosexuel plein de verve et de virilité, Alexandre Goyette est savoureux. Bien qu’on regrette les traits un peu trop caricaturés de son personnage, son jeu solide et efficace donne à voir les meilleurs moments du spectacle. Michel Maxime Legault incarne quant à lui le personnage de John, lâche et confus à souhait, un personnage comme on aime les détester. Geneviève Côté dans le rôle de la muse et Daniel Gadouas dans celui du beau-père sont tous deux excellents.

Rythmé, drôle et imagé, le texte de Bartlett est un terrain de jeu riche pour ces quatre acteurs de talent. Pourtant, on ressort de Cock perplexe et avide d’un propos qui fait défaut au spectacle de Goyette. Alors que le traitement du sujet est d’une authenticité étonnante, malgré le ton léger du texte, la direction d’acteur et la proposition de mise en scène n’ont pas la finesse nécessaire pour attirer ces personnages dans des zones plus profondes. Le personnage de John en particulier manque de conviction et traverse trop souvent la fine ligne qui peut exister entre quête identitaire et lâcheté, perdant ainsi toute envergure.  De plus, bien que la mise en scène de Goyette reste simple et très proche du texte, il ne réussit pas tout à fait à résoudre tous les enjeux de mise en scène que pose cette pièce. L’hyperréalisme de certaines situations commande en effet des conventions claires et habiles pour le transcender. Dans ce cas-ci, les choix ne sont pas toujours heureux et diluent notre attention plutôt que de la redoubler en nous faisant oublier le faux semblant des comédiens.

Avec Cock, Goyette dit souhaiter présenter un spectacle simple et sans prétention à ses spectateurs. Dans l’ensemble, c’est un pari réussi. Par contre, ce que l’on retient le plus, ce n’est pas ce premier travail de mise en scène, mais la performance hilarante de l’acteur que l’on souhaite retrouver bientôt sur une scène.

05-02-2014