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Du 2 au 6 avril 2013, 20h
StillStill Untitled / Encore sans titre
Texte, mise en scène, performance Catherine Dumas

Still Untitled/Encore sans titre c’est une chambre blanche, des acétates, des chansons, de la lumière. Un jeu où l’appareil photo simulé se confond avec l’absence de l’amoureux. Des jeunes femmes qui jouent avec les images de l’illustre photographe américaine. Elles en décortiquent le contenu, en devinent le hors champ, en donnent une interprétation. La consommation des « stills » choisis devient le prétexte, voire l’élan nécessaire pour propulser des actes émotifs, parfois créatifs.

C’est selon l’idée d’une appropriation fabulée qu’il faut entrevoir Still Untitled/Encore sans titre, un peu comme si ces jeunes femmes s’étaient dit: « Cindy a pensé à ceci, a entendu cette chanson, a ressenti cet état, au moment de la prise de cette photographie ». Le travail de chacune, qu’il soit performatif, sonore ou plastique, permet d’entrevoir l’instant photographique chez Sherman, en tant que moment qui se fabrique et qui suscite la référence populaire.

Le Collectif Les Cindys a été fondé en décembre 2012 par quatre jeunes artistes montréalaises qui oeuvrent au sein de différentes disciplines dans le but de produire Still Untitled/Encore sans titre. Catherine Dumas (auteure, metteur en scène, performeuse), Léa-Corinne Bolduc (compositeure), Éliane Berdat (artiste visuelle) et Audrey-Anne Bouchard (artiste de la lumière) se sont donné pour mission de promouvoir l’art multidisciplinaire, en explorant les potentialités de divers médiums lorsqu’ils sont confrontés entre eux. En s’attardant particulièrement à la performance, la musique et la lumière, elles créent des performances singulières qui posent une réflexion sur la confrontation des genres.


Conception sonore Léa-Corinne Bolduc (Catherine Debard - première version)
Lumières Audrey-Anne Bouchard
Acétates Éliane Berdat
Décor Estelle Frenette-Vallières
Crédit photo Nadia Girard

Tarifs Régulier 20 $ - Étudiants et UDA 15$

Création Collectif Les Cindys - page Facebook - page de la pièce


Centre des arts contemporains du Québec à Montréal
4247, rue Saint-Dominique
514.903.1790 ou collectiflescindys@gmail.com
 
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 Critique
Critique

par Véronique Voyer

Sans titre, mais définitivement féministe


Crédit photo : Annie Zielinski

Basé sur une série de photos réalisée par l’artiste new-yorkaise Cindy Sherman, le fil narratif de Still Untitled / Encore sans titre explore le rôle et la représentation de la femme dans les médias. Truffée de références à la culture populaire, cette création analyse l’image sublimée de celles qui se hissent sur le haut des palmarès de l’industrie musicale et cinématographique. Sur ce chemin, la nature de l’art est remise en question.

Comme des fillettes qui papotent sur un lit, les filles derrière ce spectacle jasent et ignorent le public. C’est sur cette pose que Still Untitled / Encore sans titre s’ouvre entre trois draps blancs rapiécés qui font office de murs et d’écran. Les femmes artistes (jeu, chant, lumière, dessin, collage) derrière le collectif Les Cindys se sont déguisées en techniciennes ; elles portent du noir de la tête au pied à l’exception de Catherine Dumas toute de blanc vêtue, dans une courte robe de dentelle et de crinoline.

La chambre à coucher se confond aux angles ; là où le mur et le lit devraient former un angle net et précis, la jonction est indéfinie entre la lumière du rétroprojecteur et l’immense édredon du lit. Côté jardin, une garde-robe contient des perruques brunes, blondes et rousses et lorsqu’elles sont enfilées, elles révèlent l’éclat d’une des mille facettes d’un stéréotype féminin.

Que ce soit à travers une ménagère, une séductrice ou une actrice apeurée, tout droit sortie d’un film noir, les photos de Cindy Sherman démontrent que les rôles empruntés par les femmes sont des constructions sociales. À mille lieues du biologique, ces clichés détaillent les rôles qu’une femme emprunte au cours de sa vie comme un costume que l’on enfile. Dans un bricolage typique du courant postdramatique, le visage des femmes est découpé sur les photos quand ce n’est pas tout le corps qui est absent, alors que l’actrice en scène (Catherine Dumas) tente de rentrer dans le moule, de se glisser sur la photo agrandie à l’aide d’un rétroprojecteur.

Cette pièce de théâtre n’a rien de conventionnel : il n’y a pas un nombre précis de personnages, il n’y a pas une histoire où le climax est atteint entre la péripétie initiale et le dénouement, pas de temps ou de lieu défini. En revanche, il y a du sens, des émotions à fleur de peau et un questionnement très contemporain sur l’identité de la femme et son rapport à la société.

04-04-2013