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Du 11 au 27 octobre 2012, 20h30
Le chant de Georges BoivinLe chant de Georges Boivin
Texte Martin Bellemare
Adaptation et mise en scène Mario Borges
Avec Pierre Collin

La pièce raconte l’équipée de George Boivin 77 ans, qui vient de perdre sa femme. En compagnie de trois amis retraités, il part à la recherche de sa première conquête qu’il a vue pour la dernière fois plus de cinquante ans auparavant. Un chant d’amour sous forme de road-movie théâtral.

Martin Bellemare
Martin Bellemare complète le programme d'écriture dramatique à l'École Nationale de Théâtre du Canada en 2008. Son monologue Le Chant de Georges Boivin remporte le Prix Gratien-Gélinas de la relève en 2009. Le texte est lu publiquement au Théâtre du Rideau vert à Montréal (mars 2010), au Théâtre de la Huchette à Paris (février 2011), ainsi qu’à la Maison-des-Arts de Laval dans le cadre de l’activité AficionAdo du Théâtre Bluff (mai 2011).

Les Productions Kléos
Kléos est fondé en 1999 par Marie-Anne Alepin pour faire revivre des oeuvres marquantes et les ramener dans la mémoire collective. La compagnie participe ainsi à la sauvegarde du patrimoine et déjoue le caractère éphémère du théâtre. Kléos est un terme grec qui désigne la mémoire collective transmise par l’écrit. Il implique aussi le fait de renommer, redire l’histoire littéraire, afin de s’assurer qu’elle entre dans l’imaginaire collectif d’une société. Un des objectifs de la compagnie est d’établir une relation directe avec le spectateur et de démystifier le geste théâtral auprès des adolescents et des jeunes adultes. KLÉOS a une dizaine de productions à son actif dont: Fool for Love (2001) de Sam Shepard, Zone (2003) et Florence (2006) de Marcel Dubé, La Peste (2008) de Camus ainsi que La chasse-galerie (2012) un texte de Victor- Lévy Beaulieu.


Scénographie et lumières: Michel St-Amand
Costumes: Benoît Bérubé
Son et accessoires: Alain Jenkins
Photo de l’affiche: Marie-Andrée Lemire
Agente de tournée: Les Tournées Paule Maher

Billets: 25$

Les Productions Kléos


Balustrade du Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Billetterie : 514-871-2224
 
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 Critique
Critique

par Gabrielle Brassard et Daphné Bathalon


Crédit photo : Victor Diaz Lamich

Quatre vieux amis sur la Transcanadienne, en fuite vers l'Ouest, sans attaches et avec la mort pour seul avenir. Ils suivent Georges dans sa quête insensée d'un plaisant souvenir, quelque chose qui n'est plus relié depuis longtemps à son présent, à l'hospice, à sa femme morte. Rien de triste dans ce monologue de Martin Bellemare, mis en scène par Mario Borges. Juste un incommensurable vide, meublé par les appréhensions de chacun.

Pierre Collin s'installe derrière le volant avec l'aisance du vieux routier. Bon conteur, il nous invite à monter à bord. En quelques flashbacks bien courts, il nous montre comment lui a pris l'envie de partir pour Vancouver pour y retrouver Juliette, son premier amour, il y a plus de 50 ans. Sans insister sur la lourdeur du temps qui passe, le personnage en fin de parcours nous fait bien sentir ce besoin irrépressible et totalement humain de tromper la mort, de cesser d'attendre qu'elle vienne le surprendre en plein sommeil, et de partir sur les routes à la recherche d'une jeunesse perdue. La route paraît toutefois longue, un peu morne même par moments, lorsque le texte s'enlise dans les échanges entre les vieux amis, là où un peu de silence aurait dit bien plus. Malgré les efforts de Collin pour nous faire ressentir la dynamique du petit groupe, confiné dans l'habitacle de la voiture, les échanges sont souvent confus. Lors de la première, peut-être par nervosité, quelques cafouillages du grand homme de théâtre ont malheureusement ajouté  à la confusion.

Le récit devient plus solide et percutant lorsque Georges en est l'unique narrateur. L'incessant va-et-vient entre les différents interlocuteurs alourdit l'ensemble et ralentit le rythme du roadtrip du Québec à la Colombie-Britannique. C'est là que le spectateur décroche. À cet égard, les quelques intrusions de Collin dans la salle paraissent de maladroites tentatives d'inclure le public dans le voyage.

La fin, un peu longue, est tout de même émouvante, et transmet bien la quête et la morale de cette « fable » sur la vieillesse, que Pierre Collin interprète avec un naturel certain.

Mario Borges (assisté de Rébecca Brouillard) a dynamisé sa mise en scène par les mouvements de Collin sur la scène, illustrant simplement la voiture par deux phares en arrière-scène et les mains de Collin sur un volant imaginaire.

Le texte de Martin Bellemare, récipiendaire du prix Gratien-Gélinas pour la relève en écriture dramatique, est joliment écrit. Il nous fait penser à nos grands parents, nos parents, au temps qui passe. Bellemare a une écriture touchante, et Collin le lui rend bien dans son interprétation de narrateur. Néanmoins, il manque un petit quelque chose, difficile à cerner, dans ce beau monologue, pour y accrocher complètement.

15-10-2012