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9, 10, 15, 16 et 17 novembre 2012, à 20h - 8 novembre complet
Cantatrice chauveLa Cantatrice chauve
Texte : Eugène Ionesco
Mise en scène : Geneviève Fontaine
Assistance à la mise en scène et Dramaturge : Corine Rodrigue
Avec  Tommy Lavallée, Valérie Gagnon-Laniel, Cédric Cilia, Anne Sophie da Silva, Vincent Juneau et Geneviève Fontaine

Les Smith et les Martin, ne se sont pas vus depuis un an, suite à un évènement qui a bouleversé leurs vies. Afin de se donner une chance, ils décident de se revoir lors d’une soirée entre amis. Cette rencontre, dominée par des jeux de pouvoir, par la jalousie et par l’urgence d’être, les mènera à crever l’abcès qui les gruge depuis un an. 

La compagnie Privatelab Studio vous invite à découvrir La Cantatrice chauve comme vous ne l'avez jamais entendu, ni vécu. Venez vivre un revers de 360 degrés sur le texte original avec notre relecture réaliste, contemporaine et dramatique. Oubliez La Cantatrice chauve classique, comique et absurde, car nous vous proposons le vrai visage de ce texte en travaillant sur la sous-couche dramatique, les enjeux relationnels, l'urgence d'être et surtout de dire!

Expérience immersive et intimiste
Pouvant se mouvoir librement dans l'espace, le spectateur est maître du point de vue qu'il souhaite adopter. La proximité avec les personnages permet de faire vivre l'histoire comme si vous étiez l'un des invités de cette soirée. Geneviève Fontaine signe la mise en scène, conseillée par sa dramaturge et assistante à la mise en scène Corine Rodrigue.


Conception sonore : François Létourneau
Scénographie : Sabrina Tremblay-Gagnon
Conception visuelle : Guillaume Bélanger

Carte Prem1ères
Cartes Prem1ères
Date Premières : toutes les représentations
Régulier : 15$
Carte premières : 7,50$

Une création Privatelab Studio - Page Facebook


La Cenne
7755, boul. Saint-Laurent
(514) 965-1893

Dates antérieures (entre autres)

Zoofest 2012

 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas

Très populaire auprès des compagnies de la relève qui la jouent régulièrement, la pièce La Cantatrice chauve d’Eugène Ionesco connaît une relecture plus dramatique par la jeune troupe Privatelab. En toute franchise, le résultat ne convainc pas vraiment.

Dans le parcours de tout critique ou même de simple spectateur assidu des scènes montréalaises, la fréquentation de cette œuvre emblématique du courant de l’absurde européen après la Seconde Guerre mondiale constitue un incontournable. L’expérience s’applique également entres autres aux Belles-sœurs de Michel Tremblay ou encore aux textes populaires de Molière, comme Le malade imaginaire ou Les fourberies de Scapin. Monté pour la première fois en 1950, le texte d’Ionesco a révolutionné l’écriture dramatique par son absence d’action et les truismes proférés par des personnages aux profils insignifiants. Plusieurs de ses phrases comme «tiens il est neuf heures!» ont marqué l’imaginaire du public. Pour résumer l’histoire, nous assistons à la rencontre (ou non-rencontre) de deux couples qui parlent pour ne rien dire.

Aux approches multiples possibles pour transporter cette langue encore d’une indéniable pertinence de nos jours, la metteure en scène Geneviève Fontaine a privilégié un traitement réaliste, proche du téléroman et des confidences. Loin des possibilités fantaisistes, et même angoissantes, que peuvent recéler les répliques, sa proposition s’apparente davantage à un théâtre de salon au premier degré qu’à la déconstruction du vocabulaire auquel fut associé l’auteur des Chaises et du Roi se meurt. Il demeure tout de même intéressant de voir une transposition dans un décor d’appartement plutôt bourgeois, sachant qu’Ionesco a d’abord écrit sa Cantatrice chauve en réaction à ce type de théâtre qui pour lui distillait l’ennui.

Présentée initialement au festival Zoofest, la production d’une durée de cinquante minutes tente de s’approprier un espace très différent de celui d’une salle de spectacle traditionnelle. L’exécution des dialogues passe fréquemment à côté de la plaque : souvent expédiée, elle extirpe rarement le mordant et la férocité jubilatoire de cette caricature d’un discours qui tourne à vide. Au début du récit (ou non-récit), toute l’énumération autour des Bobby Watson aurait mérité des variations, de la folie et de l’amusement dans le ton des deux comédiens plutôt qu’une énonciation sans surprise. Le segment autour des amoureux qui se redécouvrent après des années de vie commune paraît plus réussi par son équilibre entre l’étonnement et l’humour émanant des deux protagonistes.

Le principal reproche que l’on peut faire à cette Cantatrice chauve demeure justement cette absence timorée de folie et d’effervescence, alors que tout dans cet univers tend vers l’éclatement et l’exubérance. Dans les dernières minutes, la tirade habituellement savoureuse du pompier sur le rhume a manqué de punch malgré la sincérité palpable dans le jeu de l’interprète.

Par le passé, des metteurs en scène ont proposé des visions plus audacieuses et plus éclatées de «cette cantatrice qui se peigne toujours du côté droit». Remonter un joyau indémodable du théâtre international demeure une entreprise légitime. Mais quand une jeune compagnie évacue trop le souffle ironique et décapant d’Ionesco, il est permis de passer son tour devant toute Cantatrice chauve jugée trop sage.

17-11-2012