Mon(Theatre).qc.ca, votre site de théâtre
Du 5 au 9 mars 2013 et du 12 au 16 mars 2013
AlamedaAlameda, le boulevard où marche l’homme libre
Texte et mise en scène de Marcelo Arroyo
Avec Victor Andrés Trelles Turgeon, Marc-André Leclair, Lynne Cooper, Marie-Sophie Roy

Après un séjour à l’extérieur du pays, Patricio est contraint de revenir à Montréal. En perte de repères, il se voit confronté à lui-même, à ses angoisses, à ses origines. L’avion de retour décolle, et voici que l’appareil devient un miroir déformant, où les angoisses qui traversent son esprit se métamorphosent en personnages bouffonesques qui manipulent les images et les voix de son passé. Ce vol a également des répercussions pour Faye et Celia, deux agents de bord qui, comme Patricio, cherchent à s’affranchir de l’image d’eux-mêmes et d’un passé qui les trouble. Huis clos saisissant, Alameda, le boulevard où marche l’homme libre brosse le portrait d’un Québécois d’origine chilienne aux prises avec une quête identitaire.

Créée à partir d’improvisations qui manipulent de multiples référents culturels, Alameda est une autofiction, un chemin entre le réel et l’imaginaire, c’est également une plongée vertigineuse dans un diabolique cabaret burlesque.

Les Productions Nebka naissent en 2006 dans le but d’établir une structure artistique qui valorise la réflexion théorique, la recherche et le métissage de genre ainsi que le développement de méthodes de création innovantes. L’une des missions de l’organisme est de favoriser l’intégration et la formation de la relève artistique dans le milieu théâtral et cinématographique. Ainsi, les Productions Nebka se proposent de mettre sur pied différents projets tels que des courts métrages, des capsules vidéo, des documentaires et des oeuvres théâtrales originales qui permettront à la relève artistique d’obtenir des expériences pertinentes ainsi qu’un rayonnement dans le milieu professionnel.


Dramaturge Marie-Sophie Roy avec l’appui de René Gingras et du CEAD
Assistance à la mise en scène, régie et direction de production Sophie Côté
Décors et costumes Lyne Paquette
Éclairage et direction technique Éric Duval
Son Francis La haye
Affiche Jean-François Lavallière

22$ Régulier - 18$ Réduit (Professionnels des arts - Aînés 65 et + - Carte Accès Montréal) - 15$ Étudiant - 14$ Groupes (10+)

Production Nebka


M-A-I
3680, rue Jeanne-Mance, bureau 103
(514) 982-3386
 
______________________________________
 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Jean-François Lavallière

Interprète doué se démarquant par sa présence tranquille (Une maison face au nord, Bérénice), Marcelo Arroyo a pris le risque de porter à la fois les chapeaux d’auteur et de metteur en scène pour Alameda, le boulevard où marche l’homme libre. Cette fable aventureuse sur l’exil, le déracinement et la quête identitaire demeure autant attachante que confuse. Elle se caractérise par des moments superflus, mais aussi quelques touchants morceaux de sensibilité.

Conçue à partir d’improvisation avec les comédiens, l’histoire d’une durée de 70 minutes retrace les déchirements et incertitudes de Patricio, un Montréalais d’origine chilienne. Valise à la main, ce dernier se retrouve forcé de revenir dans son pays d’adoption après un séjour à l’extérieur. Les personnages souvent farfelus qu’ils croisent sur sa route lui font saisir toute l’étrangeté et l’absurdité de vivre à l’intérieur de soi certaines appartenances parfois incompatibles. Mais l’introspection ne se vit pas dans un parcours contemplatif. C’est plutôt une course contre la montre où les lieux et les situations se succèdent rapidement, parfois dans un traitement échevelé et banal.

Le thème de la découverte de soi dans une société aux contours de plus en plus flous se retrouve fréquemment exploité par les auteurs contemporains. Il se répercute dans certaines œuvres vues sur les scènes de la métropole ces derniers mois, dont au cœur de Furieux et désespérés d’Olivier Kemeid. L’originalité de la démarche de Marcelo Arroyo se situe plutôt dans son approche fragmentaire. Comme les morceaux d’un casse-tête, son écriture tente de conjuguer les interrogations profondes et sérieuses du protagoniste aux figures plus fantaisistes de ses interlocuteurs. Le mélange des genres crée parfois une impression de voir devant ses yeux un cauchemar extravagant en décalage avec la portée réaliste du propos.

La mise en scène cherche à illustrer l’effervescence des actions menées tambour battant avec des moyens scénographiques très simples. La construction du texte aime aller dans de nombreuses directions, comiques ou dramatiques. Cette effervescence d’idées entraîne une certaine confusion dans la progression du récit qui ratisse trop large. À mêler les répliques sur l’essentiel aux séquences futiles et peu amusantes, l’intérêt se perd. Par exemple, deux séduisantes agentes de bord (Lynne Cooper, Marie-Sophie Roy) frisent la caricature et deviennent même insupportables à la longue.

Heureusement, l’interprétation de Victor Andrés Trelles Turgeon demeure excellente, toujours touchante, vibrante et incarnée. Son vendeur de parfum au parcours enchevêtré sait nous rejoindre par son humanisme, sa vulnérabilité prenante et sa sincérité dans son désir de trouver un équilibre serein dans son existence en perpétuelle mouvance. Son témoignage comporte des phrases d’une belle poésie qui vont droit au cœur des choses, surtout vers la fin de la pièce. Par sa posture, sa voix frémissante et ses gestes, sa composition frappe par la justesse de ses intentions. Par ailleurs, ses partenaires de jeu prennent plaisir à forcer le trait et rendre caricaturales leurs interventions.

La conception sonore comporte des moments percutants, avec notamment des extraits de musique électroacoustique surtout au début, et une allusion à la prophétique chanson Mommy interprétée par Pauline Julien.

Les Productions Nebka ont voulu répondre à leur mandat de métisser les genres dans une approche interdisciplinaire. Le spectacle Alameda, le boulevard où marche l’homme libre sait capter l’air du temps. Mais pour devenir un morceau marquant de la dramaturgie, il aurait nécessité un dépoussiérage pour démêler le bon grain de l’ivraie. 

07-03-2013