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Du 16 au 26 mai 2012 20h, 19, 20 et 26 mai à 15h et 20h
CordeliaCordélia
Première partie : La mariée avec Catherine Cédilot
Texte Joseph Beaulion
Adaptation et mise en scène Camille Loiselle-D'Aragon
Avec Karine Picard

Cordélia Hayes est détenue et interrogée relativement au meurtre qui a eu lieu à « L’Hôtel ». Cette espionne au service du gouvernement est soupçonnée d’avoir tué son collègue agent secret. Les hommes derrière la vitre teintée passent au peigne fin le passé de la jeune espionne, les conditions de son recrutement, ses missions antérieures et sa vie à « L'Hôtel », où elle a été enfermée trop longtemps. Cordélia raconte tout, mais les faits se mélangent et la réalité se déforme. Comment distinguer le vrai du faux?

Diplômée en théâtre musical du Collège Lionel-Groulx en 2003 et détentrice d’une maitrise en théâtre à l’UQAM en 2009, Camille Loiselle-D’Aragon mène une carrière bien remplie. C’est avec CORDÉLIA qu’elle s’initie maintenant à la mise en scène. Son bagage de jeu et ses nombreuses collaborations avec des grands du milieu lui permettent de croire en son talent. CORDÉLIA, une mise en scène prometteuse!


Musicien Louis Bélanger
Directrice de production et technique Julie-Anne Parenteau-Comfort
Conceptrice d’éclairages Émilie Voyer
Photographe Steeve Laurin
Photographes de l’exposition Hélène Savard et Stéphanie Boucher
Designer et bijoutière Caroline Richard


L’OEUVRE MENSIS (exposition dans le hall)

À peine quelques instants après sa création, la femme, en occurrence Ève, portait déjà une malédiction infligée en guise de punition : la menstruation. Ce mot, défini comme la manifestation la plus visible du cycle menstruel, prend son origine du latin « Mensis », qui veut dire mois.

Ainsi, depuis la nuit des temps, ce mal mensuel a rallié les femmes, mais fut également une source inépuisable de mythes. En creusant le sujet, on s’aperçoit qu’indépendamment des époques, religions ou nations, la répression est intimement liée aux périodes. Nous avons invité quelques-uns de ces châtiments imposés aux femmes dans notre monde sarcastique du portrait théâtral. Le projet est né…


Prix régulier 25 $.

Une production Athéna Théâtre


Espace 4001
4001, Berri
Billetterie (514) 993-4168 et camillekoa@videotron.ca
 
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 Critique
Critique

par Olivier Dumas


Crédit photo : Steeve Laurin

Le mois de mai demeure une période difficile pour une jeune compagnie théâtrale dite émergente. Les principales institutions de la métropole terminent leur saison régulière et les festivals (FTA, OFFTA, Fringe, entre autres) accaparent quelques semaines plus tard tous les curieux et curieuses. Pour les adeptes de découvertes, l’Espace 4001 présente ces jours-ci Cordélia avec une actrice inspirée : Karine Picard.

C’est lors d’un séjour en France que l’auteur Joseph Beaulion a rencontré la jeune comédienne québécoise. Charmé par son talent, il lui a écrit un monologue qu’elle porte maintenant à la scène. Pour sa première production professionnelle, Athéna Théâtre a trouvé chaussure à son pied avec un propos féminin fort et percutant qu’on entendrait peu sur les planches.

En première partie, le public a droit à une piécette de dix minutes intitulée La mariée. Catherine Cédilot incarne avec sensibilité et aplomb une jeune femme qui semble aux prises avec des accès de folie. Imprégnée de l’esprit de la danse contemporaine, l’interprète fait ressentir le trouble avec une économie de moyens, grâce à des gestes précis de ses mains et le contrôle de son souffle. La soirée s’amorce donc en agréable compagnie.

Le monologue Cordélia raconte la vie mouvementée et rocambolesque du personnage du même nom. L’histoire ne fait aucunement référence à la célèbre Cordélia Viau, dernière femme à être pendue au Québec qui a inspiré le film de Jean Beaudin. L’héroïne inventée par Beaulion est plutôt une espionne qui se retrouve enfermée dans un mystérieux centre pour les agents doubles qui se font pincer. Dans une atmosphère imprégnée de paranoïa, elle dévoile ses tumultueuses aventures, de son enfance difficile à son arrestation, sans oublier ses péripéties dans le monde interlope.

Avec des moyens scénographiques simples, mais très efficaces, la metteure en scène Camille Loiselle-D'Aragon sait rendre l’esprit concentrationnaire et toutes les tensions sous-jacentes propices au genre de lieu claustrophobe. Les scènes se suivent sans que l’intérêt diminue. Le talent indéniable de la rouquine comédienne joue pour beaucoup dans la pertinence de la proposition. Avec justesse, Karine Picard traduit parfaitement les états d’esprit dissidents et contradictoires qui animent la rebelle battante au cœur sensible. Sa prestation bénéficie de la présence du guitariste Louis Bélanger qui, parfois, apporte sa touche musicale discrète, mais ponctuelle.  

Par contre, quelques faiblesses viennent créer de légers ombrages au tableau. Certaines diapositives, entre autres pour illustrer visuellement un séjour en Inde, tendent plutôt vers la démonstration qu'un réel éclairage du propos. La durée du monologue (90 minutes bien tassées) s’étire légèrement vers la fin de la représentation. Le spectateur doit être en forme pour suivre les innombrables ramifications d’une existence aussi enchevêtrée.

Compagnie qui veut donner une dimension féminine et même féministe au milieu de la relève, Athéna Théâtre n’a pas choisi une voix facile ou douillette pour ses premiers pas dans le métier. Sa Cordéliapeut s’estimer chanceuse d’avoir trouvé en Karine Picard une actrice douée pour cette parole exigeante

21-05-2012