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Du 29 mars au 16 avril 2011, 20h30 (complet le 30 mars)
MérédithMérédith
Texte : Marie-Christine Lavallée
Mise en scène : Jean-François Lapierre
Interprétation : Geneviève St Louis

Jeune célibataire, avec davantage de collègues que d’amis, Mérédith tente de fuir un quotidien qui l’étouffe. Avec une imagination aux tendances névrotiques, dont elle ignore la portée, elle en viendra à inventer et vivre une vie parfaite à l’image de ses rêves les plus fous.

Mérédith c’est le portrait d’une solitude s’exprimant à travers une succession de monologues dans lesquels le personnage se met en scène. Sur le ton de la comédie qui marie finesse et absurdité, Mérédith confronte deux réalités : le quotidien et le fantasmatique. Les influences ici sont claires : on retrouve à la fois de l’univers de Vian, de l’exubérance et de l’authenticité des personnages féminins d’Almodovar et de la névrose de ceux de Woody Allen. Puis, le texte navigue sur des prouesses langagières pour créer une adéquation entre la voix et les pulsions corporelles.

Né en 2004 du désir de montrer un portrait cru de la société et de ses névroses, le Théâtre le Tartare explore depuis les rapports que l’homme cultive avec son entourage, avec lui-même, et désire mettre au jour l’individu et son identité profonde dissimulée par de minutieux subterfuges. Mérédith, quatrième production de la troupe, ne fait pas exception à la règle.

Scénographie Éric Aubertin
Costumes Elen Ewing
Conception sonore Jean-Christophe Verbert
Conception d’éclairage Cynthia Bouchard-Gosselin
Direction de production Ludger Côté
Photo © Jean-Christophe Verbert

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : 29 mars au 2 avril 2011
Régulier : 20$
Carte premières : 10$

Une création du Théâtre le Tartare

Balustrade du Monument-National
1182, boul. Saint-Laurent
Billetterie : (514) 871-2224

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 Critique
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par Daphné Bathalon

Monologue poétique et délirant


Crédit photo : Rose Normandin

Que se passe-t-il lorsqu’une femme saine, maîtresse d’elle-même, bien sous tous rapports, croit entendre depuis les profondeurs de la cuvette de sa toilette une voix lui susurrer les mots qu’elle rêve d’entendre depuis si longtemps? « Je t’aime, Mérédith. »  Loin de perdre l’esprit, Mérédith réagit avec logique et tombe profondément amoureuse de son trône. Blanc d’albâtre à la peau lisse et fraîche, silencieux, attentif et ne portant pas la moustache, contrairement à son patron, Dale, qui tente peu subtilement de la courtiser, c’est le compagnon idéal.

Névrosée la Mérédith? Tout à fait! Celle qui se déclare à maintes reprises saine de corps et d’esprit, et qui ne remet jamais en question son amour pour sa cuvette de WC, en vient presque à nous faire croire à la normalité d’une telle situation.

Le texte délirant de Marie-Christine Lavallée est servi avec aplomb et naturel par Geneviève
St-Louis. Habile à incarner plusieurs personnages, la comédienne fait jaillir des confidences de Mérédith patron fêtard et secrétaires médisantes sans que jamais on ne perde de vue la figure singulière de cette femme éperdue au verbe relevé. St-Louis s’approprie le texte, ne trébuchant que rarement sur certains mots, une performance en soi quand on s’attarde au rythme trépidant du récit et à l’abondance de mots inhabituels, riches.


Crédit photo : Rose Normandin

L’auteure de Mérédith, qui a déjà participé à plusieurs productions du Théâtre des Fonds de Tiroirs, signe un texte poétique, multipliant les effets de style – syllogismes, assonances, allitérations, métaphores, oxymores – sans jamais alourdir le monologue de Mérédith ou donner l’impression d’un simple exercice de style. Au contraire, cela colore les propos de la femme noyée dans sa solitude. Car, tout en parlant, en termes fleuris, de flatulences, de toilette (son « grabat aqueux ») et de déchets organiques, c’est un sujet plus grave que l’on aborde : celui de la solitude au cœur d’un quotidien étouffant et routinier.

Tandis que son histoire lui échappe, Mérédith, incapable de se taire, se livre sans pudeur. La mise en scène de Jean-François Lapierre lui accorde tout l’espace nécessaire pour ce faire, laissant le texte construire les décors et les situations. Un choix judicieux qui permet d’entrer de plain-pied dans ce délire fiévreux, bien loin du rationnel et des cadres prônés par la célibataire en tailleur. Une production du Théâtre le Tartare à découvrir.

01-04-2011

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