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Du 23 février au 12 mars 2011, 20h, samedi 16h et 20h
Menteur
Texte Brian Drader
Traduction Émile Beaudry
Mise en scène Michel-Maxime Legault
Avec Émile Beaudry, Amélie Carrier, Frédéric Millaire-Zouvi et Emmanuel Reichenbach

Le menteur, c’est Marc. Marc qui fait irruption dans la vie d'un couple et qui la bouleverse. Les menteurs sont aussi Ben et Françoise, ce couple dont la vie est secouée par l’intrusion de Marc dans leur quotidien, s'immisçant dans leur intimité. Ainsi, à travers mensonges et supercheries, telle une succession de poupées russes emboîtées l’une dans l’autre, les facettes des personnages se dévoilent et leur véritable nature finit par éclater au grand jour.…

Menteur est un texte qui nous plonge au coeur d’un véritable drame humain, celui inattendu de la mort. Mais aussi et surtout celui du mensonge et de l’incommunicabilité du quotidien : celui que chaque être humain porte en lui.

Mea Culpa Théâtre est né de ce désir de souligner théâtralement la richesse contenue dans les silences et les non-dits entre les personnages. Fondé au début de l'année 2009 par Émile Beaudry, Michelle Bouchard et Amélie Carrier, Mea Culpa Théâtre a produit un laboratoire d’écriture et de jeu intitulé Tribulations en avril 2009, puis Une liaison pornographique présentée à l’Espace 4001 à l’hiver 2010. Il revient aujourd’hui avec Menteur, un texte fort; une production entourée d’une équipe solide constituée d’artisans chevronnés de la relève théâtrale.

Scénographie Julie Emery
Costumes Elen Ewing
Éclairages Josiane Fontaine-Zuchowski
Son Carol Bergeron

Carte Premières
Cartes Prem1ères
Date Premières : du 23 février au 2 mars 2011
Régulier : 22$
Carte premières : 11$

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Une création Mea Culpa Théâtre

Espace 4001
4001, rue Berri
Billetterie 514-360-3640 billetterie@meaculpatheatre.org

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 Critique
Critique
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par Olivier Dumas


Crédit photo : Andréanne Gauthier

En 2009, le Théâtre Mea Culpa proposait Liaison pornographique, une pièce qui avait été bien accueillie par la critique. Le ton ne risque pas de changer avec Menteur, leur nouvelle création qui explore très bien un climat d’angoisse et d’étrangeté dans un lieu des plus appropriés, soit l’Espace 4001.

Écrit dans la langue de Shakespeare par l’auteur canadien Brian Drader, le texte bénéficie d’une heureuse adaptation en français par l’un des comédiens du spectacle,  Émile Beaudry. Avec une acuité dans les détails de la vie quotidienne, cette traduction apporte au récit une langue et un propos qui le rapproche d’un réalisme très apprécie par plusieurs spectateurs québécois. Par ailleurs, les personnages du dramaturge installé à Montréal rappellent ceux d’un autre auteur canadien, Brad Fraser (Des restes humains non identifiés, L’homme laid) aux propos tout aussi sombres et inquiétants.

Rappelant par certains aspects l’inoubliable Théorème de Pasolini, l’histoire s’articule autour de quatre personnages dont l’élément perturbateur est le mystérieux et perfide manipulateur Marc. Ce dernier s’immisce d’abord  dans la vie de Jérémie, un homosexuel drogué, puis dans celle d'un couple parfait en apparence, Ben et Françoise. Cette dernière se trouve à être la sœur de Jérémie, dont la mort récente laisse planer des doutes sur les intentions réelles de Marc. À travers une succession de demi-vérités, de secrets difficilement avouables et d’incidents tordus, les personnages se retrouvent déstabilisés par rapport à une réalité qu’ils peinent à maîtriser.

La mise en scène de Michel-Maxime Legault parvient avec force à colmater les énigmes et trous laissés (volontairement ou non) par le texte de Drader. Les scènes simultanées ou parallèles s’enchaînent, et même s’enchevêtrent avec une grande habileté, en équilibre entre une tension angoissante, comme dans un thriller psychologique, et une peinture intime d’un couple en décomposition. Voilà là où réside le plus grand intérêt du spectacle. À plusieurs moments, en une fraction de seconde, l’action anticipée se retrouve déjouée par une péripétie inattendue. Les concepteurs québécois ont eu la main heureuse de ne pas trop plonger dans les éléments relevant du pathos, évoqués à un moment où un autre dans la pièce (toxicomanie, homosexualité trouble, enlèvement d’un enfant). En l’absence de coulisses, les comédiens sont présents sur le plateau durant l’heure et des poussières de la représentation. Heureusement, ils parviennent à conserver cet état de présence, même silencieux en arrière-fond.

Par contre, la conclusion du spectacle déçoit. Après avoir tenté de démêler les ramifications des intrigues aux allures de toiles d’araignée, le public voit le rideau se refermer sans un véritable dénouement saisissant. C’est dommage, d’autant plus que la montée dramatique laissait entrevoir plusieurs pistes prometteuses.


Crédit photo : Andréanne Gauthier

L’interprétation se révèle d’une grande justesse, malgré de légères modifications qui pourraient être appréciables. Par moments, les comédiens parlent extrêmement vite, nuisant un peu à la compréhension des enjeux dramatiques, surtout durant le premier quart d’heure. De plus, certaines nuances dans le ton gagneraient encore plus en intensité lors des échanges plus musclés. Pour le reste, Émile Beaudry, Amélie Carrier, Frédéric Millaire-Zouvi et Emmanuel Reichenbach demeurent très convaincants sous la gouverne d’un metteur en scène doué pour la direction d’acteur.  

Première incursion de langue française au théâtre de Brian Drader, la pièce Menteur de la compagnie Mea Culpa capte bien l’essence d’une société trouble derrière son paravent de confort et d’indifférence.

01-03-2011

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